} yg- dant plufieurs Caravanferais affez
* Mare.'' commodes, 8c on y paye un droit
volé.
de 12. fols de chaque bête de charge.
Nousapprîmes du Douanier, qui
venoit de la Cour, que la concubili
ne de MonfieurFabre y étoit arriv
é e , & qu’elle avoit embraffé le
Mahometfme. Il nous- dit même que
le bruit y couroit, que le Roi de
France avoit fait prefent de cette
femme au Roi de Perfe.
Géorgien On nous apprit auili en cet endroit,
que les chemins étoient remplis
de voleurs, 8c nous trouvâmes
dans notre Caravanferai un Géorgien
Chrétien, auquel on avoir enlevé
tout ce qu’il avoit. Il nous dit
qu’il y avoit 12. de ces voleurs à
cheval 8c 2. à pied, tous bien armés.
Nous lui fournîmes de quoi
le reconduire à Cachan, 8c le Commandant
du lieu nous donna deux
hommes à cheval pour nous efcor-
ter , n’aiant point de Soldats, &
une lettre au Magiftrat du premier
village , où nous devions paffer-,
avec ordre de nous fournir 5. ou 6.
perfonnes armées. Nous y reliâmes
cependant jufques au quatorzième
pour faire repofer nos chevaux, 8c
puis nous remîmes en chemin. A-
près avoir traverfé les montagnes
nous arrivâmes à Gangh, où il n’y
a que des jardins 8c des Caravanferais
: on nous y donna 5. hommes
armez de fufils 8c de fabres, avec
lefquels nous continuâmes notre
route jufques à Goskaroe, aiant fait
une traité de 8. lieues. Le lendemain
nous entrâmes dans les montagnes,
qui étoient remplies d’eau,
8c paflames fur le midi à l’endroit
où fe tiennent ordinairement les voleurs,
dont on vient de parler, en--
fuite de quoi nous renvoyâmes l’ef-
corte qu’on nous avoit donnée, 8c
paifâmes à côté du Caravanferai de
Hoskaroet, qui fert aufli fouvent de
retraite aux voleurs. J’y entrai feul
. 8c‘le trouvai vuide, 8c, plufieurs ap-
partemens j'quf tomboient en ruine.-;
de là nous allâmes paffer la nuit à
. ‘ Alla-fang , village rempli de jardins.
Le jour fuivant nous traver-
fâmes une plaine bordée de villages
8c de jardins , 8c enfuite plu- I70„
lieurs petites rivieres, aiant les mon- 14. Mats;
tagnes, couvertes de neige, en vue,
jufquçs : à Abbefabath- ; d’où nous
trouvâmes la campagne remplie de
glace, Sc une vallee. pourvue de
villages 8c de jardins, dont la vue
doit être charmante en été, quoi que
les montagnes y foient toujours cou-,
vertes de neige. Sur les onze heures
nous traverfâmes une riviere;
puis plufieurs ponts, 8c un grand
chemin pavé. Nous rencontrâmes
j enfuite une Caravane de chameaux,
8c paifâmes une autre riviere , où un
de nos valets tomba dans l’eau,
dont on le retira d’abord; puis nous
trouvâmes un grand chemin pavé,
8c deux canaux, à droite 8c à gauche,
8c tout, le chemin inondé juf-
. ques à Cashin,.où le terrain eft plus-
élevé. N ous y arrivâmes affez tard,
après une traite de 8. lieues.
Le lendemain l’Interprete de Arrivée*
¡Monfieur Michel, Ambaffadeur deCasbi“'
Fran cedont on a parlé plufieurs
fois, m’y vint trouver de là part de
fon maître, qui avoit appris qu’il
venoit d’arriver un Eurofean en cette
ville, où il étoit détenu depuis
plufieurs femaines. J’allai lui rendre
mes devoirs après dîner, 8c il
me reçut le plus civilement du monde.
Il étoit encore jeune, 8c avoit
cependant déjà été employé en plufieurs
Cours, outre qu’il avoit fer-
vi en Pologne. Je reftai affez long-
tems avec lui, 8c il m’apprit le chagrin
qu’il avoit en Perfe, où il avoit
été fort mal reçu , fous prétexte
qu’il n’avoit point de caractère du
Roi fon maitre. Cependant, il
1 m’affura qu’il'étoit le premier mi-
) niftre que la Cour de France y eût
-¡envoyé; dont fes lettres de Créance
, 8c les fiches préfens dont il étoit
chargé, 8c qu’il-'me montra , fai-
foient foi.. 11 me fit voir aufli une
lettre de la concubine de Monfieur
Fabre, écrite de Paris ,dans laquel-
I le.elle prioit ledit Fabre de lui permettre
de faire le voyagé avec lui,
quand ce ne feroit que pour laver ,
fon linge , 8c prendre foin de fes
hardes. Il ajouta qu’on n’avoit pas
laiffé de la recevoir à la , Cour de
Per-
1?0- PcfjS, quoi qü’elle fe fût très-mal
,4, M a r s . 'comportée en chemin; 8c qu’on a-
étendue j 8c eft remplie de fenez, 1707,
8c d’autres arbres. Sa principale 22. Mars,
mofquée, qui eft celle de Jtimma
Mat-znt, ou du dimanche , a un
beau dôme, bleu bien glacé , avec
deux tours 8c un beau portail ; à la
maniéré de ceux d’Ifpahan. Il s’y
en trouve deux ou trois autres affez
belles, 8c plufieurs plus communes.
Le.palais Royal y eft affez grand;
mais le Chiaer-baeg petit, 8c bordé
de fenez. Le Meydoen, ou la grande
voit refufé de la remettre entre fes
mains, pour l’envoyer en France,
félon l’ordre qu’il en avoit reçu du
Roi fon maître; 8c enfin qu’on ne
vouloir pas même lui permettre de
fe rendre à la Cour. Ce Miniftre
ne Iaiffa pas de fe mettre en chemin
pour cçla, nonobftant tous les obfta-
cles qu’on y apporta, 8c partit fans ,
bruit pendant la nuit, laiffant 2.011
3. domeftiques dans le cabaret où il
■étoit logé. Le bruit courut qu’on
avoit envoyé vingt perfonnes à cheval
après lui; mais c’étoit une cho-
fe dont il n’avoit pas lieu de s’al-
larmer,puis qu’il étoit accompagné
d’environ 80. domeftiques armés.
Nous fûmes obligez de refter 3.
jours à Casbin nos chevaux n’étant
pas en état d’aller plus avant. Nous
en vendîmes même une partie, 8c en
achetâmes d’autres eù leur place.
S ta t io n Cette ville eft fituée dans la par-
bkCaf" tie feptentrionale de la province de
Terak au nord-oueft d’lfpahan, dans
une plaine , à une lieuë des montagnes
, au nord. Elle a une grande
place, n’y a rien de confidera-
ble ; les boutiques en font des
plus chetives, 8c la plupart des mai-
fons y tombent en ruine,aufli bien
que les Caravanferais. Il y avoit
quatre grands fenez dans la cour
de celuijoù nous étions logez, avec
un canal d’eau vive. Les Arméniens
y font leur demeure, 8c y ont une
petite chapelle élevée , qui reffem-
ble de loin à un colombier. Il y a
aufli de pauvres Juifs en cette ville,
8c une maifon où la mufique du
Roi fe fait entendre.
Le vingt-deuxième nous nous remimes
en chemin, par une plaine
1 remplie de villages. Sur le midi
T om. I L F f f ftous