1703
i4 ..F c v r .
Accident
fâcheux.
• bûmes largement au bruit du ca-
'• non.
Pendant toutes ces rejouïffances,
un matelot Rufiien eut l’imprudence
de mettre la main à l’embouchure
d’un canon, 8c en reçut une bief
bombardier étant prêt on donna le gÉÎH
fignal, pour avertir ceux qui étoient 17. ïevt.
dans la plaine de fe retirer. Nous
fortîmes alors de la chaloupe, 8c
on mit le feu à la fufée. L a bombe
s’étant élevée aifez haut éclata en
fure, qui le fit tomber du haut en tombant. Sa Majefté eut la bonté
bas , où il fe caffa apparemment de me demander fi je fouhaitois d’en
quelques côtes. On tâcha de ca- voir tirer quelques autres, à quoi
cher cet accident au C zar; mais je répondis que cela n’ëtoit pas ne-
ce Prince s’en étant apperçu alla ceffaire. Je l’accompagnai enfuite
voir ce pauvre miferable ; 8c trouva jufques chez Mr. Sleits , '8c peu
qu’il tiroit à fa derniere heure. après à,fa demeure, qui n’en étoit
Nous nous feparâ mes fur les huit pas éloignée, où j’eus l’honneur de
heures du fo ir, Se arrivâmes à dix
heures à Vàonife, par un tems pluvieux.
L e feizieme, je me préparai
à retourner à Mofcou, avec mes trois
compagnons en aiant obtenu la
permiflion du Czar. Mais comme
la pluie avoit rCndules chemins
fort mauvais, nous fumes obligez
prendre congé d’Elle. Ce Prince
fn’embraffa, 8c me dits comme à
l’ordinaire, Dieu vous garde.
Il étoit trois heures après midi
quand je revins à mon quartiers
d’où je me preparai à partir incef-
famment, ( après avoir fait un petit
repas. -Je remerciai le Contre-Amide
nous pourvoir de 8. chariots, ral de l’honneur qu’il m’avoit fait.
L ’Auteur
prend
congé du
Czar à
Y cron ife.
dont nous fîmes ferrer les roues.
Le dix-feptieme au matin nous prîmes
congé de fa Majefté, qui nous
donna fa main à baifér ,8c puis nous
émbraffaen nous fouhaitant un bon
voyage. Elle nous recommanda en
même tems d’aller- Voir quelques
8c de toutes fes honnêtetez, 8c le laif-
fai en meilleur état que je ne Pavois
trouvé, dont j ’eûs bien de la joye.
G’eft un très-galant homme, fort
eftimé de tout le monde, 8c particulièrement
du Czar.
- Nous partîmes fur le'foir, 8ç il Deparl
mortiers , qui étoient fur le bord I fomba de la neige pendant la nuit,
de la rivieré à -deux' werfies de la 8c enfuite- ùne petite pluie. Le <dix- . .
ville, ce que nous' fîmes fans nous huitième au matin nous nous trou-
y arrêter. Ils étoient contre une co- vâmes: à 58. werfies de Veronifi,
line, proche d’une grange, où ils aiant trois chevaux à chaque cha-
âvoient été fondus. Sur le midi je r io t, qui nous menèrent par lé
reçus ordre de mè rendre encore une même chemin que nous étions ve-
fois auprès du Czar. Il fe divertif- nus.
foit encore à faire voile fur la gla- Nous obfervâmes que la-plupart
ce: fa barqùe fut rénverfée en tour- des Kabacks ou maifons du C zar,
nant trop fubitement ; mais il fe re- | du côté de Veronifie, étoi ent habi-
leva d’abord. Une demi heure a- tées par des CircaJJiens. Ces gèns-là Manière»
près il m’ordonna de lé filivrefeul. font fort propres, 8c tiennent leurs
I l fe mit dans un traîneau de lotiage | maifons de même, ils font de bonne
à deux chevaux, dont il en tomba un
dans un trou, mais on l’en tira bien
t ô t , l’autre étant demeuré fur la
glace. Il me fit affeoir auprès de
lui en me difant, allons a la chaloupe
, je veux que vous voyiez tirer une
bombe, parce que vous n’y étiez pas
lors qu’ on les a déchargées. Y étant
arrivez, nous examinâmes la chaloupe
8c la machine de bois fixée
au milieu, où l’on met le mortier,
qu’on tourne comme on veut. Le
humeur 8c vivent fort agréablement,
fe divertïffant cous les jours à jouer
du violon , 8c d’un autre inftru-
ment. à corde. On trouve de ces
joueurs d’inftrumens., dans toutes
les maifons de fa Majefté, jufques
à celle du Prince Alexandre. Ils ne
manquent pas de jouer auffi-tôt
. qu’on arrive , 8c ils vendent ordinairement
de l’hydromel 8c de l’eau
de vie : il fe trouve même des femmes
parmi eux , qui font des honnêteï
795 nêtetez aux étrangers. Leurs habits
18. Fevr.font finguliers 8c différent entièrement
de ceux des Rufiïens, 8c fur
tout ceux des femmes. Leur habillement
ordinaire eft une ehemife,
avec uneceinture, autour de laquelle
elles fraifent une piece d’étofe
rayée , qui leur ' pend jufques aux
pieds comme une jupe. Elles ont
un linge blanc entortillé autour
de la tête , 8c une partie du menton
couvert. Un bout de ce linge
eft plaifamment retroufféfurlecôté
de la tête, 8c les autres en font quelquefois
détachez. Elles ont auili
un linge froncé fur le fro n t , qui 1703,
leur paffe par-deffus la tête, 8c qui 18. Fevr.
eft plat par derrière ; à la maniéré
des Arabes 8c des juives en Orient.
Leur ehemife eft froncée deux
doigts de large autour du c o l, comme
on portoit anciennement les manchettes.
Mais on en jugera mieux
par la taille douce , que j ’ai defii-
née en p e t it , d’après une des plus
agréables , de la maniéré que nous
la trouvâmes dans fon poêle. I l y
avoit auprès d’elle une fervante occupée
à paîtrir du pain ; 8c quelques
enfans ailis fur le four à leur mahieie.
I l étoit 3. heures après-midi
lors que nous partîmes de ce lieu-
là , par un tems humide mêlé de
neige. Une heure après il commença
à gêler avec un vent de nord violent,
Après avoir avancé x 5. werfies,
noiis arrivâmes à une petite riviere,
en partie dégelée, mais trop profonde
pour la paffer à gué. Nous ert,
cherchâmes pourtant un pendant,
deux heures de tems , mais inutilement.
Enfuite nous la fîmes tra-
verfer à deux valets à cheval, 8c en
envoyâmes un troifîème à un villa-
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