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6. Juin.
lais du Gouverneur,[beaucoupplus;
commodément que je n’aurois pû
le fairet dans, leurs tentes. Elle avoit
une beEe Vefte de déffus, couverte
d’un voile blanc, qui lui cachoitle
vifage: elle l’ôta à ma-priere , &
parut la tète couverte d’un autre
linge blanc fort deEé -, attaché autour
du col d’une manierefort galante, &
an travers duquel on entrevoyoit fa
eoifure. J e la priai auffi cde l’ôter.
parce qu’i l cachoit Ton plus bel or.
'Hement que je voulois: peindre , &
eHe parut telle qu’elles font dans
rer jufques à la racine , avec la 17°3-
pointe d’un canif, en forte que le “ • !““ •
iang leur en coule lelongdesjouè's.
Leur Prêtre , ou celui qu’ils em-
plo'yent pour cela , leur donne le
premier coup., 8c lors .qu’E ne le
fait pas comme E faut, ceux qui font
préfens recommencent en criant
Sukfemakfe , Sukfemakfe, ou Bajfou
Bakfou, en danfant Sc fautant. Ils
eûîment cela, une efpece d’offrande
-à leur Idole Sukfemakfe. Cette cérémonie
s’étoic faite hors de la villes
proche du magazin au bled,
leur Kaftan & dans leurs ten- quelque tems. avant mon arrivée.
tes. Cette eoifure étoit toute cou-
verte’Eê'EucatS ' d’orj'comme iEa
déjà été dit, 8c pointue en forme
de mitre, brodée d’un grand nombre
de perles, dont il y en avoit
d’enfilées , qui pendoient en gui-
fe deX trèfles. Une efpece d’é-
charpe dé couleur , atcachée par
derrière à cette eoifure , lui paf-
‘ foit autour du c o l , ' &. une partie
Ceux qui le font font Indiens^ dont
tty en -a qui Sèmeffienrdà'nHîf37Æ-~
boite des Tartares. Ceux de Nagay
habitent fous .des tentes aux envi-
ïôhs de la ville de Tirck : mais les
'Tartares delà Crimée n’y demeurent
jamais, il§ ne font qu’y venir de tems |
eh,tems , vendre leurs chevaux 8e |
leur bétail.
Le ‘vingtième de cemois,leGou- Fettin du
en defeendoit par devant. EL . MMIMIIVIIIIPMIII
verneur fit un grandfeflin, auque®9uvcr''
le avoit outre cela des chaînes I je fus invité , 6c où fe trouvèrent
d ’argent fur les épaules Se autour les principaux officiers Rujfens, 8c
de la ceinture , à l’une defqueUes les plus confiderables marchands
pendoient de petites boëtes demê-
" m e , où eEes mettent de petits
livres de prières , Sc. des galanteries.
Ses cheveux étoient entortillez
d’ün grand ruban noir, a-
vec deux groffes toufes de foie par
le bout, comme il paroi t parla taille
douce ci-jointe. Cette demo.i-
felle étoit une des plus confiderables
d’entre les Tartares , 8c étoit accompagnée
de trois femmes de fa
fuite, 8c conduite par un Tartare,
connu du Gouverneur.
Les RuJ/rens nomment les Tartares
, qui habitent en ces quartiers-
Armeniens. On nous fit entrer, a-
vant le repas , dans un appartement,
où nous trouvâmes la femme
du Gouverneur, 8c celle de fon fils,
accompagnées de plùfieurs femmes
de leur fuite, p li y avoit à droite-
une table remplie de toute fortes de
friandifes, 8c de liqueurs, propres
pour le matin. Ces Dames nous
préfenterent à chacun une petite
taiTe d’eàu de vie , marque d’hon-
rneur ufitée encepaïs-là. Nouspaf-
fàmes delà dans la fale, où le repas
étoit préparé , 8c on nous renvoya '
le foir en caroffe. Le mngt-neuviè-
\ï,Jurtfge, parce qu’Esyfontnez. |«/e,jourdeSt.P/ttre,fêtédefaMa-Autre ^
Auili ne payent-ils aucun tribut au !jeftéCzarienne,leGouvefineur don-joujou
C z a r , ikifont feulement obligés na un. autre feftin, où toits,les prin- gt^du
d’envoyér quelques centaines de cipaux de la ville 8c le;;.Patriarche -,
leurs gens à la* guerre , lors que ce fe trouvèrent. Je ne pûs in’y trou-
Prince le fouhaite. Cependant ils ver à caufe que j ’étois indifpofé, i
: pourroient mettre 20000. hommes
; en campagne en cas de befoin. Les
Com- Tartares, qu’on nomme Indiens à
menti« AJtracan , fe font rafer la tête d’une
SdioSTc étrange •maniéré , dans un certain
font rater tems de l’année : Es en font tila
tête. •, r
ni, accompagner le Gouverneur à
l ’églife de Saboor, pour.affifteràla
■folemnité de cette fêt.e j comme il
m’en avoit prié quelques jours auparavant.
©ir*ft*cte grandes-*ÿé-~
jouïiTances , au bruit de l’artillerie
des
•1703. des remparfs , qu’on tira plufieurs
a. Juillet, fois, 8c. de celle qu’on avoit placée
devant le Palais. Les Dames étoient
dans un autre appartement, félon
la coutume , 8c on traita le lendemain
les officiers fubalternes, qu’on
renvoya de bonne heure.-
Le deuxième Juillet, on reçut la
nouvelle que le 'Czar étoit arrivé à
15. werjles de Nerva avec fon A r mée,
après avoir pris tout ce qui
s’étoit rencontré en chemin.
Le lendemain ,’ j’allai en chaife
du côté du defert, avec -le fils du
Gouverneur 8c quelques officiers,
qui avoient un faucon. Nous vîmes
beaucoup de gibier à 20. werf-
tes de la ville, mais iioüs n’ en pûmes
approcher, à caüfe des eaux,
dont le terrain étoit tout couvert.
Je tirai pourtant un canard qui paf-
fa à côté de moi. Cependant, nous
nous divertîmes à la pêche dans une
lequel il avoit remis entrelesmains 1703.
du Gouverneur à'AJlracari, .qui 3. Juillet
l’envoya à Mofcou fous la conduite
de quelques Rujfiens 8c d’un Géorgien;
mais il mourut en chemin à
Zaritza. Ce fauconnier me vint
prier, au nom du Gouverneur, de
lui permettre de fe placer dans ma
barque. Je m’y rendis pour cela
dès le matin , 8c trouvai que les
Arméniens l’avoient tellement chargée
qu’il n’y avoit plus de place.
J’allai m’en plaindre au Gouverneur
, 8c Je1 prier d’en faire tirer
quelques baEot's pour nous mettre
plus au large: Il répondit qu’il y
avoit des barques de refte, 8c que
je n’avois.qu’à en faire ôter ce que
je fouhaiterois , pour m’y mettre à
mon aife. Je profitai de fa bonne
Volonté, 8c pris toute la place qu’il
me falloit, aiânt beaucoup fouffert
fur le JVolga, avant d’arriver en cetpetite
riviere, où nous prîmes beau- té ville.
coup de perches 8c de brochets, que f Mr. Wigne apprit en ce tems-là,
nous fîmes accommoder , 8c que que le Czar l’avoit élevé à la charnous
mangeâmes. Nous vîmes ce ge de Colonel, 8c le onzième il rejour
là beaucoup de Tartares cam- gala le Gouverneur 8c lesprincipaux
p e z , 8c des pâturages remplis de officiers de la garnifon. Je fus de
chevaux appartenant aux habitans la partie 8c ü nous traita fplendi-
a /2-, -__ t i — _______ .a j» /rx\. j Chevaux d’AJlracan. Il y en avoit d’affez __MM WÊÊ9ËÊM RI MRMH
Tartares. geauXj ¿ ont nous voulûmes nous
fervir devant nos chaifes
dement, au bruit de l’artillerie, 8c
au fon des trompettes 8c des tam-
mais ils bours. Au fortir de chez lu i,j’allai
étoient trop fauvages, aiant été à avec quelques Arméniens, prendre
l’herbe tout, l’été , dans de beUes l’ait, à la campagne,
à une maifon
prairies, dont ce quartier-là eft rempli.
Tous les chartiers de cette ville
ont de beaux chevaux : on n’y
en trouve point de mauvais, ni de
maigres, chofe que je n’ai jamais
evuë aEleurs.
Comme le tems -de mon départ
âpprochoit, je demandai 8c obtins
autant de place qu’il m’en faudrait
dans celle des barques, qui nie plairait
le mieux. Je choifis la plus
grande 8c la plus propre pour placer
commodément toutes mes affaires.
La plûpart des Arméniens fe préparaient
auffi à partir, de même que
quelques Ber fans, qui s’en retournoient
de Mofcou à Samachi. Le
fauconnier du Cham s’y trouva auffi I vifions. Il m’accorda auffi une pe-
avec 5. ou 6. faucons, qu’Eportoit tite barque , qui prit les devans,
en Perfe. Il en avoit amené un éle- poilr décharger la grande d’une par-
phant pour le Czar de Mofcovie, \ tie de fa cargaifon en approchant
N 2 M de
. de plaifance fituée fur la riviere.
Les raifins étoient déjà allez gros ;
mais la plûpart des autres fruits a-
voient été détruits par les infeétes.
Lors que je fus fur le point de
mon départ, aiant préparé tout ce
qui m’étoit neceffaire, fans oublier
Un.raifeau pour me garantir des
mouches, qui font fort incommodes
en ce païs-là, le Gouverneur
m’envoya detix petits tonneaux
d’eau de vie, un de la meilleure,
8c l’autre de la commune, un petit
tonneau de vinaigre, quatre de bie-
re, un de vin, trois demi cochons
fumés, autant de poiffon fec,ün fac
de bifeuit, 8c quelques autres pro