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31. oa.
Arabes.
fiere ii épaifle que nous avions de
la peine à ouvrir les yeux, outre
qu’il faifoit froid. Il tomba plus.
de pluie vers le midi, qu’il n’ené-
toit tombé pendant tout l’été. Cela
ne nous empêcha pas de pourfui-
vre notre voyage, & notre'compagnie
fut renforcée en chemin de plu-
iïeurs voyageurs, qui fe joignirent
à nous pour être plus en fureté.
Deux de nos'coureurs fetrouvérent
indifpofez en cequartier-là,Scnous
fumes;obligez d’y en laiffer un,
jufques à ce qu’il fut en état de retourner
à Ispahan, ou de nous fui-
vre: mais l’autre, qui étoit à moi,
s’étant trouvé ùn peu foulage ne
voulut pas nous quiter.
Le premier jour de Novembre le
tems fe remit au beau, 8c nous continuâmes
.notre route par un village
rempli de voleurs. .Nous n’en fûmes
pas plûtôt fortis , que nous
nous apperçumes qu’il nous marn-
quoit.un âne , qui appartenoit au
conducteur de notre caravane. On
renvoya deux de nos gens au village
, où ils le trouvèrent par bonheur
entre les mains d’un honnête homme,
qui les. pria d’examiner fa charge
pour voir s’il n’y manquoitrien:,
enfuite de quoi ils vinrent no'us rejoindre.:
.
Nous étant avancez dans la plair
.ne, nous trouvâmes un pont de pierre
à 5. arches, que nous ne .voulu-'
mes pas traverfer parce qu’il nous
parut en mauvais état d’un côté,
aimant mieux palier à gué la rivière
qui n’étoit pas profonde, & qui
abondoit en bon poiffon, dont nous
ne pûmes profiter, parce que le jour
étoit fort avancé, 8c que nous avions
encore une longue traite à faire.
Nous rencontrâmes quelques A -
rabes, nouvellementdecampés,qui
alloient chercher une autre demeure.
Leurs femmes ¡k leurs filles a-
voient des bagues, avec une perle
8c quelques pierres des plus communes
au bout du nez. Ce joyau
fait en forme decroifiant,leurpen-
doit jufques à la bouche, & elles
avoient d’autres ornemens aux cheveux;
la tête couverte d’un çértain
linge, 8c le vifage découvert. Leur
jupe de-deffus ne leur tomboitgue- 1704.
re au deffous des hanches; la fecon- 1. Not.
de à demi jambe, 8c la chemife un
peu plus bas/par deflus le caleçon
& les bas, & elles avoient des mules
de feutre. La plupart de ces femmes;
volent aufll hardiment que
les hommes, 8c font prefque aufll
robuftes. Ces gens-là fe répandent
par tout le Royaume, & ont le teint
bafané. J-es hommes font habillez
comme le,commun peuple dupais.
Notis arrivâmes furies deux heures
au village de Kouskiefar, qui
a un bon Caravanferai de pierre,
où nous nous arrêtâmes, le tems é-
tant fort mauvais ; mais cela ne dura
pas, de forte que nouscontinuâ-,
mes notre route à 5. heures du matin
par de belles plaines, & enfuite
par des montagnes & des rochers,
dont les chemins étoient fort difficiles.
Nous pailàmes enfuite à côté
d’un Caravanferai démoli, dans un
quartier rempli dé voleurs, où. il Voleurj:
faut bien fe .tenir fur feslgardes. De
là nous entrâmes dans une grande
plaine remplie d’eau, Sc de roleaux,
aufii bien que de plufieurs fortes
d’oifeaux, entre lefquels il y en a-
vqit un d’une grandeur .extraordinaire,
que je pris pourunoifeaude
proye. Nous y trouvâmes aufii des
Arabes fous des tentes.;- & après a-
voir côfoyé & traverfé bien des montagnes
nous arrivâmes. le'deuxième
au bourg àiAJfapas dans une plaine
allez fertile* où les terres: étoient
toutes labourées 8c bien arrofées, 8c
où il y a un Caravanferai de pierre.
Nous y reliâmes jufques à minuit
, & arrivâmes le troifieme au
bourg d'Oesjoeriy, où il y a aufii un
Caravanferai de pierre, à côté duquel
il palTe un canal. C è g|ieu-là
elt allez agréable 8c bien fitué, proche
de plufieurs autres villages. On
y fait paître une quantité prodigieu- :
fe de brebis 8c de chevres , quoi
que l’herbe y foit toute flétrie, 8c
cependant elle doit être fort nour-
riflfante puifque ces troupeaux s’y
engraifientextraordinairementjcho-
fe allez furprenante vû la fecheref-
fe de la Perfe , 8c la flerilité des
montagnes qui y font remplies de