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3 . J u i l l e t , de cette affairé à la Cour. N on con-
tcnsdecela, ces furieux firent por-
ter-au Chiaer-baegVéûgicd\m corps
mort, pour animer les efprits delà
populace. Ils obligèrent même le
premier Miniffre à faire demander
la perfonne du meurtrier prétendu
à l’Agent d‘Angleterre , qui le fit
fauver. Ce Miniffre reçut ordre en
même tems de fe défaire de tous fes
domeftiques Mahometans -, furquoi
les Anglois demandèrent un délai de
huit jours, qui leur fut accordé. Le
pauvre Arménien accufé s’étoit retiré
cependant à ju lfd , où il fut trahi
par l’Interprete, dont on vient de
parler, lequel le dénonça aux Officiers
delà Juftice, qui le conduifi-
rènt en priion. La populace non con-
^ntedecelaj.ledemanda, 8c onfut
obligé de le remettre
mains.: Elle
entre leurs
. . ...confulta enfuite ce,
qu’on feroit de lui. Les plus modérez
opinèrent qu’on le laiffât aller
, .& vouloient qu’on en fît pré-
fin i au Roi : mais les autres s’y oppo •
férent en mettant l’épée à la main,
& l’entrainérent en dépit de la Juftice.
Ils étoient d’autant plus animez
contre lui;, qu’ils avoient tâché
inutilement de l’attirer au Ma-
hometifme en lui promettant la vie
8c la liberté en ce cas; une fomme
d’argent confiderable, Scdeluipro-!
' curer un mariage avantageux. Mais
il refufa leurs offres avec unegene-
rofité & une confiance héroïque ,
bien qu’il eût la mort devant les
Conftan- -yeux. Il repondit même à quelques
cedtaa Arméniens, qui avoient apoftafié,
& qui l’exhortoient à feindre, qu’il
ne reniéroit jamais fon Sauveur &
fon Dieu; furquoi les Fer fes force-
nez de rage Se de dépit l’affailli-
rent en foule 8c lui ôtèrent la vie.
I ls le traînèrent enfuite jufques à la
grande place du Palais, oùplufieurs
d’entr’eux ne pouvoient fe laffer
d’infultèr fon cadavre , & de faire
des imprécations contre lui. Ils lui
arrachèrent même les boyaux, 8e
puis le jettérent à la voirie. Il n’y
eut pas jufques aux femmes qui le
traitèrent avec la même inhumanité.
Ainfi mourut'-ee héros Chré-
A r m é n
i e n .
S a m o r t
c r u e l l e .
jamais abandonné fon Maître pen- 3. juillet.'
dant le cours de fa maladie, 8c l ’a-
voit conftamment a (lifté jour 8c nuit.
Il fe nommoit Grégoire Affafoer, 8c
n’avoit pas plus de vingt ans. C ’é-
toit au refte, un homme d;une force
extraordinaire , &c d’un courage
héroïque, comme il parut à fa mort,
fi digne de l’admiration de tous les
bons Chrétiens. La Juftice fit tranf-
porter fon corps à J u if a, où il fut
enterré dans l ’Eglife de St. Sauveur,
la plus belle de toutes celtes de ce
quartier-l-à. Un Marchand Arme-
nien lui fit dreffer un tombeau à fes
propres dépens, tant pour tranfmet-
tre à la pofterité la mémoire d’une
fi belle mort, que pour donner un
témoignage de l’amitié qu’il avoit
pour lui.
Il eft facile de concevoir la terreur
que donna une mort fi tragique
& fi barbare, à tous les étrangers
qui étoient à Ifpahan. Ils furent
quelques jours fans ofer paroî-
tre, ^de crainte de s’expoferàla rage
d une populace animée par l’impunité
de fon crime. Au refte, il
faut avouer qu’on avoit toujours
fait paroitre avant cela beaucoup de
confideration pour les Anglois & les
Hollandois. Comme on attendoit
en ce tems-la de Gamron, quelques
marchandises appartenant à notre
Compagnie , on envoya du monde
a la rencontre de ceux qui les çon-
duifoient, félon la coutume, pour
les tranfporter dans nos magazins.
Cela fe fait pour empêcher les Per-
fes de les infulter-, 8c de les faire
fortirdu chemin j ce qui ne manqua
pas d’arrivércette fois comme àl’or-
dinâire. Ceux-ci fe voiant infultez
par ces Infidèles, & leurs marchandées
renverfées-, s’oppoférent à leur
violence, & il arriva que le fils du
premier Médecin du Ro i, qui s’y
trouva, y reçut quelques coups de
bâton. Les Perfes qui fe’ 'trouvèrent
les plus foibles en cette occa-
fion eurent recours aux plaintes., 8c
demandèrent fatisfaêfcïon de l’injure
qu’ils prétendoient avoir reçue. Notre
Directeur , auquel ils s’addref-
férent pour cela promit delesfatisfaire
1704. faire âprès avoif examiné la chofe, •
3. Juillet, furquoi ils fe retirèrent , 8c revinrent
à la charge le lendemains II fit
faifir en leur prefence un de fes domeftiques
, que l’on trouva coupable
, 8t lui fit donner quelques coups
, de bâton fous la plante des pieds* :
Mais à peine eût-oh commencé à le
faire , que fes accufateurs intercédèrent
pour lui, & déclarèrent qu'ils
étoient contens , procédé bien différent
de-celui dont on avoit ufé
quelques jours auparavant, à l’égard
du domeftique de l’Agent
à’Angleterre , qui n’étoit coupable
que d’avoir donné quelques coups à
une perfonne delà lie du peuple,
attion qui ne laiffa pas de lui çou-
\tep'.la .fie.
Au refte, cette nation eft fi vindicative
8c fi délicate, que tous les
Miniftres- Europeans qui s’y trouvent
pour, veiller aux intérêt? des
Compagnie des Indes Orientales,8c 1704*
s’y fit eftimer de tout le mondé. Il 3JaiU®1*
ne laiffa pas de s’y trouver engagé
dans.une fàcheufe affaire avec .un
des principauxSeigneurs de laCour,
dont les domeftiques eurent quelque
Puiffaffl®lg':qUi les.employent, doi-1
vent' prendre un foin tout particu-1
lier de foutenir la dignité :d:e -.leur
carattére, 8c de ne pas .permettre
-qu’on les infulte impunément. Jamais
perfonne ne s’eft mieux aquï-
Fermetejé de ce devoir que Mr. Hooghka-\
d’un Mi- mer, avec lequel j’avois fait le voya-
.ge de Conjiantinople. 11 fut envoyé
enfuite*J! la Cour d e Perfe par la
démêlé avec, 'les-liens. Ceux-
ci en étant venus aux mains , ce
Seigneur mit la main fur la garde
de fon épée,dont le Miniftre Hollandois
i,s’étant apperçu-, fe faifit.
d’un piftolet déclara au Perfan,
.qu’il; lui en cafferoit la tête,r;s!il
avoit- la hardieffe de tirer fon épée,
fur quoi ce Seigneur impofa filen-
-,pet feSigens, 8c le.¡.retira. ILfif
prudemment ne fe trouvant pas le
plus fort., parce que ce Miniftre é-
toit accompagné se quelques fol-
dats Europeans, contre lefquels il
auroit eu peine à fé défendre. Il
foutenoit outre cela la dignité de
fon earaâere par une grande magnificence
8c par une fermeté à toute
épreuve, ehofes abfolument necef-
fair.es auprès d’une nation fibrufque
8c fi emportée,, Auiïï avoit-on tant
de confideration pour lui qu’on ne
manquoit pas de lui faire place dans ■
tous les, lieux où il paffoi-t. Le Roi
même :8c toute la Cour l ’eftimpit
i autant que les Europeans, 8c on y
I honore encore fa mémoire.
I I I& H A-P, I *T R E X L V I I I . -
Mort de l'Agent /Angleterre. Son enterrement. Préparatifs
pour le mariage de la petite Princejfe , fille de fa Majefiè.
Deuil des Arméniens. Ancienne forterefe. Montagne de
Sagte-Ruftan.
F ê t e Pcr-T Es Perfes ' folemniférent en ce
f a n e . B , tems-là, la fete de Baba-foeds-
ja-adier-, c’eft-à-dire, du Pert invincible
du fervice divin, titre qu’ils
donnent à un de leurs faims, mis à
mort par Omar. Il y eut peu après
un autre Korog aùx environs du Palais
Royal, avec ordre à tous ceux
qui habitent de ce côté-là defortir
de leurs maifons 8c des Caravanferais.
deux jours après, le Roi aiant voulu
s’aller promener avec fes concubines
hors de l’enceinte du Palais.
La mufique de ce Prince fe fit entendre
fur le foir, 8c joua toute la
nuit, 8c le jour fuivant jufques au
coucher du foleil, à caufe qqe la
fête de Mahomet devoit fe célébrer
le vingtième.
Le vingt & unième, Monfieur
Owen, Agent de la Compagnie An- ,i-aê™v.
La . même chofe fe fit -encore' ---------M B B B L— „
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