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¿ont ils régalent leurs amis, &
qui eft fort rafraichiflante. La
feuille de celles-ci reffenible à celle
du buis, comme on le voit à là let-
tre B. 8e eft auiîi toujours verte,
Froduc- hYver été. La RuJJie produit nations
de turellement des plantes & deslegu-
1» terre. mcs en abondance. I l y croît des
choux, qu’on nommeKapojje,dont
ils font de grandes provifions, &
que leS pauvres mangent deux fois
par jour } des concombres , nom-
xnés Ougortjie, qu’ils mangent comme
des pommes 8c des poires, dont
ils font aufli un grand amas, qu’ils
gardent toute l’année, 8c qui font
eftimés parmi les plus confidera-
bles. Ce païs-là produit de même
beaucoup d’ail, dont ils font grands
amateurs, 8cqu’onfentde loin. Ils
le nomment Siajnok. Le raifort,
nommé Green, y eft fort commun,
8c ils en font de bonnes fauces, pour
la chair 8c le poiffon. Les navets de
plufieurs fortes y abondent, auffi-
bien que les choux rouges , 8c les
choux fleurs , que des étrangers y
oiît apportez depuis Un ceftaifl
tems. On y trouve des afper-
ges 8c des artichaux, mais il n’y 3
que les étrangers qui en mangent.
Il en eft de même de ceux , qui
croiffent fous terre. Nous leur a-
vons appris la culture dès carottes,
des panais 8c des betteraves, qu’ils
ont préfentement en abondance, de
la fallade 6c du felleri, qui leur é-
toient inconnus, 8c qu’ils eftiment
aujourd’hui. Les environs de Moscou
produifent beaucoup defraifes,
6c fur tout des petites. Les groffes
s’y mangent à la main. I l s’y trouve
aufli des framboifes, 8c quantité
de melons fort grands, mais trop a-
quatiques, qui refïcmblent un peu
à nos concombres , 8c qui produi-
fent peu de pépins.
Quant aux arbres fruitiers , ils Arbtes
ont beaucoup de noifettes, 8c peu fruitier!,
de groffes noix. Les pommes y
font bonnes, 8c agréables à la vue,
tant aigres que douces , 8c j ’y en
ai vû de fx tranfparentes , que
les pépins en paroifloient. Les poires
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Jardins
du païs.
■Viviers
remplis
de poiffon.
res n’y font pas fi bonnes ni fl abondantes,
outre qu’elles font petites.
Les prunes Sc les cerifes n’y valent
pas grand’ chofe non plus , à la re-
ferve de celles qui fe trouvent dans
les jardins des Allemands, qui font
très-propres, remplis de bonnes gro-
feilles , 8c de plufieurs fortes dé
fleurs : mais ceux des RuJJiens font
fauvages, fans art 8c fans ornement.
Les fontaines 8c les jets d’eau y font
inconnus, quoi qu’ils ayéntde l’eau
abondamment, Sc qu’il foit facile
d’y en faire à peu de frais. Cependant,
on commence à trouver quelque
changement en cela,' 8c à l’égard
desbâtimens, depuis que le Czar a
été dans nos Provinces. Le Km'es,
Daniels Gregoritss Serkaskie a fait
faire un jardin à la Hollandoife, proche
de fon village, nommé Siétjo-
•ve, environ à 13 werjles de Mofcou,
lequel eft affez grand , 8c que j ’ai
trouvé très-propre:ileftvraiqueee
feigneur avoit amené pour cela un
jardinier de Hollande. Aufli, eft-ce
le jardin le mieux ordonné 8c le plus
orné, qu’il y ait en ce païs-là. Au
refte on ne voit guère de chofeseu-
rieufes en Msfcovie. La plus grande
beauté des maifons de campagne,
coafifte en leurs viviers, qui font admirables.
On en trouve fouvenî
deux ou trois autour de ces maifons,
grands 8c bien remplis de poiffoft,
dont ils font grands amateurs.. Lors
que leurs amis leur rendent vifîte,
ils jettent d’abord le? filets à l’eàu,
en leur prefence , 8c èn tiÿent fou-
vent, dequoi remplir vingt ou trente
plats, 8c quelquefois davantage.
Je n’oublierai jamais une partie
de plaifir, que je fis en compagnie
de quelques demoifelles Hollandoi-
fes, avec lefquelles j ’allai rendre vi-
fite à Mr. Sti-efenof, homme riche,
qui demeuroit au village de Faoké-
loof à i^. iwerjles de Môfcou, où il
nous reçut avec beaucoup d’honnêteté.
Ce feigneur avoit une belle
femme, douce 8c d’agreable humeur
, qui fit de fon côté tout ce
qui lui fut polîible pour nous divertir.
Nous trouvâmes la maifon bien
bâtie, 8c remplie de beaux appàr-
temens, Il y avoit de plus, une belle
cuifine à la Hollandoife , d’une iy o i,
grande propreté, où nos'demoifél- Mai.
les apprêtèrent quelques' plats de
poiffon à notre maniéré, bien que1
nous èùfîlohs fait bonne provifîon
dé viande froide, outre une vingtaine
de plats dé poiffon à la Ruf-
fienne , qu’on nous ' fèrvit avec de
bonnes fauces. Après le repas, on
nous fit palier dans une chambre,
où il ÿ avoit plufieurs cordés atta-
chéçs aux foliues poilr fe faire bar
lancer , paflc - tems fort ordinaire
en ce païs-là. La maitreffe dit
logiss’y fit bàlap'eer, à fon tour, par
deux demoifelles fui vantes affez joa
lies. Ella prit même, en cette pof-
ture, un jèunè enfant fur fès genoux,-
Sc fé mit à chanter, avec fes dcmoi-
félles, ' très-agréablement, 8c avec
des maniérés chârmântes , nous
priant au refté del’exéufer, 8e nous
affurant qu’elle n’auroit pas manqué
de faire venir de la mufique, fi le
tems l’eût permis. Après que nous
lui en eûmes témoigné notrerecon-
nôiffance, elle nous eonduifit aii
vivier, 8C y fit jetter les filets pouf
nous charger de poiffon frais à notre
départ. Nous primes phfuite
congé de nos hôtes, 8c remontâmes
en caroffetrès-fetisfaits de leurs hon-
nètetez.
J’apperçus à côté de cé village,’
Un arbre d’une groffeur extraordinaire
, qui étendoit fes branches à
une grande diftance, très-bien proportionné
& dont la tigeavôit trois
braffes 8c demie de tour contre terre.
Ç ’etoit un Peuplier blanc, que
les Rvffiem nomment Afma.
La plupart des étrangers ont des
jardins derrière leurs maifons, ou à
la campagne/dans lefquels ils cultivent
avec foin plufieurs fortes d ’arbres
fruitiers, ’ & des fleurs, qu’ils
font venir dé leur païs. Les couches
de ces jardins font bordées de
bois, aü lieu de buis. Gomme lé
païs ne produit de foi-même guere
dé fleurs, 8c que celles qui croif-
fè&t' dans les’ bôïs font dés plus médiocres,
on né fàurok faire plus de
plaifir aux Rujfiens que de leur donner
des bouquets, quand ils viennent
dans nos jardins. Il y a pour-
E 3 tant