1 704. duit le même foir dans- la chambre
19. Mai. nuptiale, où Pon les laifle après les
avoir parfumez d’eau de rofe.
L a dot Quelques jours après les noces,
des filles, on porte'à la mariée, tout ce qu’on
a promis pour fe dot, qui conlifte
ordinairement en habits, en or,en
argent & en joyaux , à proportion
des moyens & de la Condition de fes-
parens. On y joint aufli des confitures
& des fruits, & le tout fe porte
en de beaux baquets de bois, au fon
deplufîeurs inftrumens, comme on
l’a déjà remarqué à l’égard des Per-
fans. Cependant, cela fe diffère
quelquefbis,jufques-àla naiffance du
premier enfent, & alors on y joint un
berceau, .& tout ce qu’il-faut à l’en--
fant. Les mariez fe rendent auiïï
quelquefois à l ’Eglife à cheval", &
en reviennent de même: on les marie
même fecretement en de certaines
occafiôns, pendant la nuit, en
préfence d’un-petit nombre de pa-
rens; ■
Us fc ma- Rien ne m’a paru plus extraordi-
rientdans naire parmi ces Arméniens, que là
tendre*115 eoutume qu’ils ont de marier leurs
- jeuneffe. enfans dans leur plus tendrejeunef-
fe, de forte qu’on n’y voit guère de
garçons, qui ne foient mariés al'a-
ge de 8. à 10. ans. Ils les engagent
même lors qu’ils n’ontpasplus d’un
an, &■ fou vent lors qu’ils font enco- ■
ne-dans le ventre de leurmere; La
rai fon qu’iîs en donnent eft', queles’
filles qui ne font pas mariées1'courent
rifque d’être enleVées Sc enfermées
dans 'IèSèrrail, malheur qu’ils
•efperent de prévenir en les- mariant,
quoiqu’-on ne manque pas d’exemples
pour prouver, que cette regle
n’eft pasfens exception.
Cérémo- Gomme j’ai déjà parlé des - céré-
îdrféc*1” m°nies qu’ils obferventauxenterre-
aux en- niens, en fàifent la relation démon
¡gSg voyage fur le JTolga , j ’ajouterai
Amplement1 i c i ,. que les femmes y
affiftent auífi-bien qué les hommes,
& que les: Prêtres & les Diacres
chantent en chemin dés hymnes !&
d’autres c-hants fúnebres: Quatre
perfonnes'portent le corps fur une
biere, & on y en employé quelquefois
huit pour-relever les premiers;
de.temcen tems , lors que le chemin
eft .long. Ce font toujours des 1704.
perfonnes du commun. On met le 19. Mai»
corps en terre fans cercueil, la tête
un peu élevée, & le Prêtre jette
par trois fois de la terre deffus, en
forme de croix : enfuite lesafliftans
y en jettent aufli, mais fans la mettre
en- eroixi
Au retour de l’enterrement la
compagnie refte dans la- maifqn du
defhnt, & y eft regalée -èl dîner &
à fouper.- La même cérémonie s’ob-
ferve quarante jours dé fuite, à l’é-
gard de deux Prêtres^ & de deux
Diacres, qui vont lire, tous lesma-
I tins fur -la- fôffe du trepaffé , quelques
paffages de l’Evangile, & chanter
quelques- verfets des Pfeaumes
de David. Ils font payezpourcela
, & en tirent ordinairement 10.
fols chaque fois de forte que les
enterremens font fort à charge parmi
eux»
Quoi que ces gens-là foient fort Mlnïjire
fuperftitienx à l’égàrd des chofes Maca- '
extérieures, ils ne s’embaraffent gué- ^ °^ 's
re de celles qui font plus folides, &
qu’ils devraient avoir le plus à coeur,
& fur tout de l’éducation de leurs
enfans-; lefquels font fou vent par-OT
venus à l’âge viril fans fa voir l ’orâi-
fon dominicale. On ne doit pas cependant,
s’en étonner, puis qu’on
les marie fi jeunes , qu’ils ont fou-
vent des enfans, avant d’être fortis
eux-mêmes de l’enfanc-e. De forte
qu’iis-font tellementembaraffez des
foins-du ménagé, lors qu’ils parviennent
à-l’-àgè , où l’on peut apprendre
quelque chofe, qu’il leur
eft impoflî-blè d’en profiter: ainfi il
n’y a nulle apparence, qu’une me-
re, qui- n’a jamais rien appris,puif-
fe donner une bonne éducation à fes
enfans. Aufli les femmes1 n’y ont-
elles ni cfprit ni génie, & font entièrement
dépourvues d’agrément.
J’ai obfervë cela, fur tout aux funérailles,
ou il s’ÿ en trouve quelquefois
jufques à %.< bu 3. mille,
qui reffemblent à de vieilles matrones,
dont la fleur eft paffée , toutes
jeunes qu’elles foient. Cela eft
d’autant plus étrange, que lesPer-
\ fanes, qu’elles voient tous -lesjours,
font parfaitement bien faites, belles
£704.1® Sî agréables, & ont itnedemâr-
£9. Mai. che noble , & un air charmant, ^
tout-.ce qu’elles font, ce qui'paraît
jufques à la maniéré dont elles, a-
juftent le voile blanc , qui les-couvre.
. Les Turques ■ & les Grecques
n’ont pas moins d’agrément dans
leur air &. dans tous leurs môuve-
mens. Mais, au contraire, lesAr-\
menienes font désagréables & même
dégoûtantes,: Le linge , dont elles
fe couvrent là bouche, n’y contribue
pas peu ,& leur fait-enfler les joues.
Elles font aufli- generalement petites
, & grolïïëres»- - Lors qu’on les
ibE ,L E ’ /B R Ü N. 2gf-
aveugles des couleurs:; (Câi bien 1704.
qu’ils voyagent continuellement en ¿ÿfMài*
Europe, & qu’ils y faffent un grand
commerce, ils ne fe donnent nullement
Incivilité rencontre .à. J u if a, elles ne man-
des fem- queut jamais .de . vous tourner le dos;
mes’ chofe que les Màhometanes ne font
jamais. Elles ont la même incivilité
en compagnie, avec leurs .plus
proches parens, lors qu’on leur prë-
fente un verre de vin, qu’elles ne
manquent guère de vuider, quelque
grand>qu’il puiffe être, aprèssiêtre
tournées vers la muraille, & avoir
ôté le linge qui leur couvre làboü-'
che.;,.On pourrait s’imaginer que
le foin qu’elles prennent de fe éa-
, cher aux: yeux, des hommes, procédé
d'une-clïaftëté rigide-, -&.d’uné
vertu aufteré : mais oh fe tromperait
fort, puis qu’il s’en trouv'e-bè'àüD
coup,, qui fc proftituent pour de
l’argent , & qui l'e dcgiiifcnt eu
hommes, pour le rendre à cheval à
Ifpahan, -accompagnées de leurs me-
res,. & y faire ce petit commerce-
làj tandis que leurs pauvres maris
les. croyent vértueufeS à toute épreuve
, parce qu’elles ne fe dévoilent
jamais. Il n’en étoit pas de même
dans' les premiers tems , puifqüe
Judo." prit Tamar pour une profti-
tuée ,.; fur» ce qu’ellê''s<’étoit voilée. -
Occupa- Les hommes dé leur côténefon-
tions & gent qu’à_amaffer de l’argent, & à
«Td™" le faire valoir après l’avoir gagné:
A rme- Ils 'y àpplïquent tous leurs foins’,
mens. ^ ng fongeiit nullement aux autres
devoirs .de la vie, ni à ce qui fe
paffe dans le monde. ¡Cependant,
ils élevént-la Perfe au deffus dé tous
les autres pàïs du monde, & s’imaginent
que c’eft la fource des arts
& des fciencés, quoiqu’ils ne foient
pas plus capables d’en juger .que les
la peine d’examiner ce qui
s’y. trouve de curieux. & de remarquable.
Ils ne voudroient pas non
plus, faire un pas ,: ou la moindre
depenfe pour voir ce qu’il y a de
beau,en leur propre.païà... Aufli né
fevent-ils que ce qu’ilSiapprennent
des autres ; & j’ai obfervé que ceux,
qui ont voyagé avec moi, n’ont rien
vû de tout çe que j ’ai examiné avec
tant de foin. Par cette raifon, je
me fuis toujours fervi-d’étrangers,
de mon argent; pour fetisfaire
ma curiofîté , & n’ai eu de commerce
avec les Arméniens, que dans
I les Bazars, où ils négocient., toutes
les autres conrioiffances.étantau
deffus de la portée de leur .efprit,
qui n’eft point cultivé, Aufli-tôt
qu’ils ont appris à lire,¡&»à écrire,
leurs maitres, qui. demeurent à J11I-
fa., les envoient dé.côté & d’autre ;
& lorS qu’ils vont & qu’ils viennent
dTspahan , . ils font ordinairement
montez,» deux»,à-’deuxi,fur un che-
: vaf, un mulet ou un âne, »ce qu-i
ne fe pratique :pas.r.en. d’autrèspa-ïs» .
, . „Lprs. qu’ils négocient avec les
Ferfaris, les -jours de marché, 011
qu’ils.font dâns’ileurs .petites boutiques:
à la villè; où ils vendent du
drap à l’aune,. ils n’oferoient boire
du vin,,ni d’autres liqueurs.fortes;
de crainte qu’on ne le fente ; de forte
qu’ils vivent dans un plus grand
efcîavage , que ne font les. Grecs.
fous :les Turcs. Cela va même tellement
en augmentant touseles jours,
qu?il eft à craindre, qu’on ne leur
ôte, av.ee le tems, tous leurs pri-’ •
vileges à moins qu’ils, n’embrafterit
le Mahometifme. On doit.imputer, Mesifien
partie H H Ce. malheur à.laH mMesin teli àligard Jigence qui regne, non Seulement du recentre
,plufieurs de leurs Evêques ; & c'
les deux Patriarches,à l’égard delà
difcipline, mais même entre . ces
deux Patriarches , qui ne feuroient
s’accorder. C ’eft une chofe dont les
Perfe s ne. manquent pàs aufli de fe
prévaloir, fit dé pêcher en eau trou-
ble, en les faifent comparaître de-
G g 3 vant