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n ó i . PÌUs grands ornemens du Mey-dom, '
i . Mai. o u de la grande place. La porte
d’Ali-Kapie n’eft qu’à 266. pas de
cette dernieremofquée, & toute cette
place eit entourée de bâtimens é-
levés , avec des portiques remplis
dei boutiques, & d’artifans. Ceux
qui font au fervice de fa Majefté
demeurent du côté de la Cour. Ou-,
tre cela , ' la plus grande partie de
cette place eft remplie de tentes, où
l ’on vend toutes fortes de chofes,
mais on embale tout le foir , 8c on
y place des gardes, quifont la ronde
toute la nuit avec des chiens. La
plupart des bâtimens y font entourez
d’ormes, & on y voit continuellement
un concours prodigieux de
monde -, 8c entr’autres un grand nombre
de perfonnes de qualité qui vont
Bouffons & qui viennent de la Cour* Il s’y
«nshatla" trouve au ili des troupes de bouffons
& de charlatans , qui n’ont cependant
point de drogues, 8c qui ne font
qu’amufer lés paffans par des contes
en 1-air ; on ne lailfe pas de leur
donner quelque chofe. Il y en a qui
ont des linges, auxquels ils font faire
mille fingeries qui attirent le peuple,
car il n’y a point de nation au
monde, qui aime plus la bagatelle
que les Perfés: auffi, lescaffés, 8c
les bazars, font remplis de ces bouf-
ïo u m o i . fons-là. Il y a au milieu de cette
place un grand pillier, quifertaux
carroufels, 8c fur lequel on place le
prix,, qui confile ordinairement en
une coupe d’or, ou chofe pareille.
Ceux quiledifputent palfentàcôté
au grand gallop, 8c puis fe tournant
tout à coup lancent leur dard, 8c
s’arrêtent àd’inftant. Mais cela n’eft
permis: qu’aux plus grands Seigneurs,:
& aux gens d’épée. Celui
qui remporte le prix s’en faifit & le
met fur fa tête en ligne de victoire.
Le Roi lui fait auffi un prefent,
plus ou moins confiderable , félon
la confideration qu’il a pour lui.
C ’eft ordinairement un carquois
d’or rempli de fléchés. Ces exer-
cices-là ne font Cependant plus guère
fous le regne defquels ce pillier a été jy o j,
planté. Ote ne manquoit pas d’a- ¿. ù&
voir conftamment un tournoi en ce
tems-là, le jour de la fête de Nou-
roes , ou de.la nouvelle année folaire ;
folemnité ohfervée par les anciens
Rois de Perfe, Se même du tems de
Darius, félon les annales de ce païs-
là. On faifoit enlever pour cela
toutes les tentes de la place, 8c on
en labouroit la terre avec des boeufs
20* jours auparavant. Le Roi fe
plaçoit fur une efpece de galerie
ou de theatre , nommé Talael, fur
la porte d'Ali-Kapie , qui eft fort
élevée, 8c d’une belle architecture.
| Les courfes étant finies, il s’y ren-
doit des lutteurs , 6c des danfeurs
de corde, 8c on y voïoit des combats
en vogue, depuis le regne du Roi
d’à prefent , dont les inclinations
tendent d’un autre côté, & différent
fort de celles de fes predeceffeurs,
de taureaux 8c de beliers. Il
s’y trouvoit auffi des joueurs de gobelets,
que le Roi d’aujourd’hui n’y
veut plus admettre , parce que les
directeurs de fa confcience lui ont
d it, que c’étoit une chofe contraire
aux bonnes moeurs 6c à fa religion
: on n’y fouffre plus auffi les
danfeufes , 8c les femmes de mé-
'chante vie,qui y abondoientautrefois
de tous côtés.
On trouvera lareprefentation du Defcrip-
Mcy-doen, ou de la grande place,
au num. 75. Gette- première vue doen.
en a été prife du côté de la maifon,
où fe tient la mufique du Roi. La
lettre A. y reprefente le Talael oit
le theatre , qui e ft. fur la porte
d'Aü-Kapie. B. La Mofquée Royale.
C. Celle de Sjig-lotf-olla , D.
Le JTag tis-fm-aet, ou le pavillon
des machines. Les tentes y font
auffi reprefentées , avec le pilliet
des courfes. La fécondé vue repre-
fehtée au num. 76. a été prife à l’eft
proche de la Mofquée Royale. La
lettre A. y marque le Talael Ali-
Kapie. B. la Mofquée Sjig-lotf-olla.
C. le Pavillon des machines. D. la
maifon des Inftrumens de Mufique.
E. Derre Harram, ou la porte du
Serrailjdont on ne voit pas grand’
chofe. Le pilier y eft au milieu de
la place. Le long du portique du
Palais regne une balluftrade de bois
peint, de chaque côté , laquelle
enferme 119. pièces de petits canons,