Europtant. Ces vifites nous occu-
1 9 .M « . pérent trois jours de fuite,enaiant
Recep- plus de 4,0. à faire,outre qu’on eft
t io t ià ia régalé par tout, de confitures & de
«fcPofc toutes fortes de fucreries, qu’on
vous prefente dans des caiffes de
bois peintes, d’une grande beauté,
ornées de toutes fortes de fleurs,
dont les Perfes ont été grands amateurs
de tout tems. En fuite on apporte
de l’encens St de l’eau de ro-
fe,dont on parfume la compagnie.
On ne manque pas àusfi de vous
prefenter un callion pour fumer ;
du caffé,du Bidmus,Sc d’autresliqueurs
agréables chaudes, & après
diner des fruits 8c d’autres délica-
teffes de la faifon. Les Chrétiens
prefentent ausfi de l’eau de vie &
d’autres liqueurs le matin, Sc du
vin après midi. Ainfi, on ne fau-
roit employer moins d’une heure à
chaque vifite.
Après nous être aquittez de ce
devoir nous retournâmes à la ville.
On nous dit, qu’il y étoit arrive la
veille , un Miniftre de la part du 1704.
Grand Vifir de la Cour Ottomane, 19. Mai.
lequel n’avoit que 6. à 7. perfonnes Miniftre
à fa fuite : qu’on croyoxt que le fu- Tutc‘‘
jet de fon voyage é to it, pour demander
au R.oi le paffage, pour quelques
troupes, que le Grand Seigneur
vouloit envoyer en Géorgie, ou l’on
avoit refufé depuis quelques années
les fubfides, que les peuples de ce
païs-là font obligez de payer à la
Porte. Les Turcs y en ont envoyé
plufieurs fois fur ce fujet ; mais elles
s’y trouvent affez embaraffées
par les defilez, dont ce pais eft rempli
, & dont les Géorgiens ne manquent
pas de faire un bon ufage.
Les Turcs les nomment Baffa-tioeg, Geor-
, }*i siens» c eft-à-dire, tete nue , parce qu ils 6
ne fe la couvrent que d’un petit
bonnet percé, par où ils font paffer
quelques treffes, pour le tenir ferme.
Us nomment de même le pais
qu’ils habitent, lequel eft fitué entre
la Turquie 8c le Gurgiftun.
C h a p i t r e X L IV .
'Peinture Perfanne. Leurs coutumes a l'égard des naijfances, des
mariages, de la mort & de la fepulture. Monmyes qui ont
cours en Perfe. Grande confomption de fucre d Ifpahan.
JE devrais parler en cet endroit I
de la religion des Perfes , mais
comme plufieurs voyageurs l’ont fait
amplement avant moi, j’ai crû qu’il
ferait inutile, 8c mêmeennuiant de
repeter une çhofe fi connue. Je me
. contenterai d’obferver qu’elle a
Rapport beaucoup de rapport à celle des
de la Re- Turcs, à la refervedel’averfionque
ceux-ci ont pour la peinture, puis
qu’on trouvé des tableaux chez la
plupart des Perfes, 8c fur tout, de
■chevaux, de chaffes, de toutes fortes
d’animaux, d’oifeaux 8c de fleurs,
dont leurs murailles font aufli rem-
Peintres plies, comme on l’a déjà dit. Us ont
Pcrfans. même des peintres parmi eux, dont
les deux meilleurs de mon tems ,
étoient au fervice du Roi. J’eus la
ligion des
Perfes, '
& des
Turc*
curiofité d’en aller voir un, dont je V
trouvai les ouvrages fort au-deffus
de l’idée que j’en avois conçue. Ce
n’étoienc que des oifeaux en détrempe
d’une grande propreté. A
la vérité il n’avoit aucune connoif-
fance des ombres 8c des jours, défaut
univerfel des peintres de ce
païs-là , ce qui rend leur peinture
très imparfaite. Ce Peintre étoit
occupé à copier en détrempe pour
le Roi,, un livre de fleurs en taille
douce, imprimé en notre païs, dont
lun Ecclefiaftique European lui avoit
[appris le coloris le mieux qu’il lui
avoit été poflible. Us ont pour ce-
la des couleurs admirables , 8c j ’y couleur*
trouvai de la laque qu’ils font venir"1 crc'
de chez nous. Ils font eux-mêmes
l’ott-
D E C O R N E I L
l y0,l'outremer s qui eft le plus beau bleu
i'9. Mai. du monde, dont ils ont la pierre en
leur païs, ou ils Tachettent des pejp.i
très Arméniens. Il f e . trouve ausfi,
des peintres parmi eux , qui peignent
des canes, avec, une certaine
gomme, qui fait un très-joli effet,
& des écritoires faites en forme de
boëtes , fur lefquelles ils reprefen-
tent, avec la derniere propreté des
figures, des animaux, des fleurs8c
toutes fortes d’ornemens..
yivres_ Les perfonnes de condition y ont
ausli des livres bien reliez, 8c ornez,
de même, de toutes fortes de figures
, habillées à leur maniéré ; de
chaffes, de compagnies, d’animaux
8c d’oifeaux en mi-gnature, dont les
couleurs font charmantes. Ces livres
font aufli-remplis de figures 8c
d’attitudes impudiques , dont ils
-font grands amateurs. J’en trouvai
un de cette .nature chez un certain
Seigneur; mais la peinture en étoit
groffiere, platye 8c fans art ; àu refte,.
il avoit de jolis ornemens d’or 8c.
d’argent, 8c un coloris admirable.
Àvjrici Quoi qu’ils prennent affeZ;de plai-
fans?Cti à'ccs fortes de choiés-là, ils feraient
bien fâchez d’y faire la moindre
depenfe., mais ¡ils ont toujours
les mains- ouvertes pour les recevoir
lors qu’on. leur ën veut faire prefent.
Avanture U arriva à Ifpahan , un peu avant:
| f l moi, un Peintre pcintre - . M Allemr an,■d , q*. u. i.a..-.
Aile- voit eçe longtems en Italie , ou il
mand. avoit.vû les ouvrages des plus grands-
maîtres, lequel fit une pi.ece d’h-if-
toire pour le Roi, On la reçut a-
greablement, on la mit au Palais,'
mais on ne s’avifa pas dexêcompen-;
fer le Peintre , qui n’en a jamaisrîen
eu.Aufli fe; tromperait-on fort li on
fe flattoit de-faite fortune en ce
païs-là par les fçiences. Elles y font
inconnues , ; 8c' on n’en, fait aucun
cas fi - l’on en excepte quelques
Princes,, qui ont eu du goût pour
elles.- En un mot la généralité eft
une vertii_hannie.de la Perfe.
Aranturé On- en vit un.exemp.le éclatant
Mftrc d1'" ^*'an ¡jw x l ® flAgari de Mr. Cuneus,
la Com- Conféiller ordinaire de la Compas
nagnie gnie Holhndoife des Indes OrientaI
des Indes. 7 MHH J H ^ les , qui 1 envoya a cette Cour pour
quelque négociation. On l’avoit
L E LF. B R Ü N. -23
chargé entr’aut-res préfenS pour le 2
Ro i, d’un beau, tableau,de gens de ¡ÿ.,-mîî;
guerre,à cheval, qu’on në,doutoit-.
pas qui ne fut du goût des Perfes,
qui font grands amateurs de.. chevaux.
Mais ,on fe contenta de lui
demander froidement le prix de ce
tableau. Ce Miniftre, qui ne.vou-
lut pas relever la valeur, de, ce pré-
fent, marqua ime fomme affez mo-;
dique., furquoi on refolut de le garder
8c de lui . en donner le prix: On
pourrait, ajouter ici plufieurs chofes
femblables, qu’on refervera pour u-
ne, autre occafion, 8c on parlera pre-
lentement des Uaiffances, des mariages
8c des enterremens.
T rois ou quatre jours après la naif- Coütü-.
fance d’un enfant, on fait venir un
Ecclefiaftique, auquel on déclaré le naiffan-
nom qu’on veut lui donner, que ce*ces'
lui-ci lui foufle à l’oreille , à trois
différentes repxifes , 8c puis fait
quelques cérémonies , enfuite défi
quelles les parens de l’enfant paffent
le refte de. la journée à fe divertir
avec leurs amis.
La circoncifioh ne fe fait parmi pc u '
;eux , que: lorfque l’énfant eft par- a sgÉ venu, a\ lra y|. , ou 8o . anneA e > I eox queU1 CÎfioIU.,
quefois. plus.tard, félon lafantaifie
des parens , : 8c jamais le 8. jour,
. comme.parmi les Juifs: Enfuite,
on regale la compagnie, 8c on s’é-
; force de faire paraître la joie qu’on
!U d’avoir.reçu cet enfant au nombre
des Mufulmans , ou. des. véritables
çrùyans , félon la loi dé Mahomet ,
xevelée. dans. VAkoran.
Quant aux mariages, lofs qu’on a Desttis
dbfièin d’.époufer une fille.,., on ne
¡s]àddreffe pas-à elle, mais.à fespa-
irens, 8c,:lors qii’on eft convenu des
conditions, on mande un Eçclefiaf- .
tique , lequel demande à l ’homme
s’il veut prendre à femme- la pers
fonne dont,.il s’agit-, à:quoi il repond
qu’oui , en fuite de. quoi il
fa it la; même queftiori àla- femme
qui répond de même. Gela fait, ce
même Ecclefiaftique dreffe le contrai!
de mariage, car il a’.y a point de
notaires eh Pfz/èVpar leqûeile marié
donné une céttaine fomme d’argent à
la mariée, laquelle, en Vertu de ce
contrait, figné par le marié, demeure
tou