1605. hyver, parce q uel’Oèy rieftpas na-
i,. janv. vigable, en cette faifon,par Surgut
Sc Kfarum,de forte que les voyageurs
font obligez de pafler par Tomskoi &
Jenufeshi pour fe rendreen.tyiwie.
Ces Barabinfy , qui font une efpe-
ee de Kalmuques, payent tribut à
fa Majeibé Czarienne, Sc au Prince
Btiftuchati. Ils ont trois chefs ou
Taifchi, qui reçoivent les droits qui
leur font impofez, 8c font tenir au
Czar la part qui lui en eft due 5 le
premier à la ville de Tara , le fécond
au château de Teluwa, Sc le troi-
fième à celui de Kulenba, le tout
en pelleteries. C ’eft un peuplema-
lin & belliqueux, qui habite dans
des cabanes de bois, comme les Tar-
fares de Syberte. Ils ne fe fervent pas
de fourneaux, mais de cheminées,
ou plutôt de tuyaux, par où ils font
fortir la fumée, & qu’ils bouchent
lorfque le bois eft réduit en char-
_ bon, pour en conferver la chaleur,
en fuite de quoi ils les r’ouvrent lors
qu’elle eft paffée.
Leur de- Us habitent dans des efpeces de
meure, villages, fous des huttes legeres en
été, 6c en de bonnes cabanes de bois
en hyver. Le labourage eft en ufa-
ge parmi eux, & ils fement de l’avoine
, de l’orge , du farazin 8tc.
mais ils n’aiment pas le fegle : cependant
ils n’en refufentpaslepain
lors qu’on leur en prefente ; à la
vérité.ils ne font que le mâcher af-
fez désagréablement, 6c à contrecoeur
, 8c le rejettent le plus fou-
jjCur vent. Ils fe fervent au beu de pain,
pain. d’orge mondé , qu’ils font griller
dans un chauderon de fer ardent,
jufques à ce qu’il foit dur comme
une pierre , Sc puis le mangent le
même jour. Ils font auflî de la farine
de Sarana, ou d’oignons de lis
jaunes, dont ils font de la bouillie;
Lem 6c ils boivent une eau de vie diftiboiffon.
lée, faite de lait de cavale , qu’ils
nomment Kumis 5 6c du Karaza,
qui eft un thé noir, que les Bolga-
m leur apportent.
Leurs ai- n’ont P°int d’autres armes,
mes. qu’un arc 6c des fléchés,- comme le
reite des Tartares. Leur bétail con-
fifte en chevaux, en chameaux, en
Vaches 8c en brebis, mais ils-n’ont
point de cochons. On trouve auffi 1-695 .
en ce païs-là toutes fortes *. • r de Kp ellfe, -1Pe lil?e“tev-* teries , lavoir des martes , des é- ries.
cureuils, des hermines, des renards
ôte. Il s’étend de Tara jufqu’à l’O-
by, 8c on n’y trouve point de montagnes;
mais il eft rempli de cedres,
de bouleaux, de fapins, 6c de bô-
cages, & entre-coupé de plufieurs
ruifleaux, dont l’eau eft ciairecom-
me du criftal. Ces gens-là s’habillent,
tant hommes que femmes, à
la manicie des Kalmuques, ôcilleur
eft permis d’avoir autant de femmes
, qu’ils en peuvent entretenir.
Lors qu’ils vont à lachaflê dans les
bois , ils y portent leur Saitan : p
C ’eft une image de bois, tailléefim- dole.'
plement avec un couteau , 6c couverte
d’étofe de différentes couleurs,
à la maniéré des femmes de
Rujfîe. Elle eft enfermée dans une
boëte , qu’ils tranfportent dans un
traineau particulier , 8r lui offrent
les premices de leur chaife fans dif-
tinftion.
Lors qu’ils font une bonne chaf- Prefcm.3
fe, ils placent à leur retour , leur !t™Sai~
idole dans l’endroit le plus élevé de !
leur cabane , dans fa boëte , 6c la
couvrent des plus belles pelleteries,
en reconnoiffance du bien qu’elle
leur a procuré, 6c les y lailfentppur-
rir, étant perfuadez qu’ils commet-
troient un faerilege en les ôtant, ou
en s’en fervant à d’autres ufages.
On trouve au-delà de VOby la T om s -
ville de Tomskoi, place frontière d e koL
fa Majefté Czarienne : c’eft une belle
8c grande ville, bien fortifiée, 6c
pourvue d’une bonne garnifon de
Rujfiens 8c de Cofaques, pour s’op-
pofer aux courfes 6c aux incurfions
des Tartares de Syberie. Il s’y trouve
aufli dans un des fauxbourgs, au-
delà de la rivière , un grand nombre
de Tartares Buchares, tributaires
de ce Prince. Cette ville eft
fituée fur la rivière de Tom , qui
a fa fource dans le pais des Kalmuques.
Il s’y fait un grand commer- Négoce a
ce à la Chine, parlesfujetsdu Ch anla chme-
deBufuchtu, 8c par les Buchares,
parmi lefquels fe mêlent quelques
marchands Rujfiens. On fait ce
voyage en trois mois, 8c.on en re-
--vient
1695
is Janv.
Pais dc-
lert.
Païs des
Iiirgifes.
Jufqu’où
ils s’étendent.
Leurs armes.
Leur langue.
vient de même; mais avecunepei-
ne inexprimable , parce qu’il faut
tout trànfporter fur des chameaux,
jufques au bois 6c à l ’eau, en quelques
endroits. Il faut traverfer le
païs des Kalmuques, 6c paifer à Robot
on ville delà Chine, hors de l’enceinte
de la grande muraille. Mais
il eft impoflible aux RuJJiens, 6c à
d’autres nations étrangères de faire
ce voyage , parce que ce païs eft
rempli de voleurs, qui pillent tons
ceux qui y paifent à moins, qu’ils
ne foient bien accompagnez.
De Tomskoi, en defeendant lari-
vie're ,..le païs eft abfolument defert,
jufques à la ville de Jenifeskoi,uni,
8c rempli de .bocages. Il en eft de
même entre les deux rivières de Kia
6c de Zulim, jùfques.aux villes de
Kufneskoi 6c de Krafnajar, où le pais
n’eft habité que fur les frontières,
jointes à celles des Kirgifes, fous la
domination du Ch an de Bufuchtu.
La ville de Krafnajar eft une for-
terefle , qui a une bonne garnifon
.de Cofaques, fujets. de fa Majefté
.Czarienne -, pour s’ôppofer. aux
courfes 8r aux incurfions des Kirgifes.
Aufli y tient-on toujours au
grand marché , devant le palais du
Gouverneur, vingt maîtres bien armez
, dont les chevaux font fellez
jour 8c nuit. Car bien que les.Kirgifes
foient en paix avec les Sybénins
, on ne s’y fiepas, parce qu’ils
enlevent fouvent, par furprife, les
habitans 6c les chevaux , qui font
aux environs de cette ville, 8c dans
les Villages. Mais les Cofaques leur
font fouvent payer avec ufure le
mal qu’ils font de cette manière.
Ces Kirgifes s’étendent au fud*
eft jufques au pais des Mongoles,
nation belliqueufe , rôbufte 6c de
grande taille, large de vifage, ap-1
prochant fort des Kalmuques. Ils
font armez d’ares 8c de fléchés, 6c
ne font point de eoùrfes fans avoir
de belles.cottes de maille 8c de bonnes
lances, dont ils laiflent traîner
la pointe prefque jufques en terre,
lors qu’ils font à cheval. Ils demeurent
la plupart dans les montagnes,
où l’on ne fauroit les furprendre.
Leur langue ne diffère guère de celle
des Kalmuques; & ils parlent auf- 1695.
fi celle des Tartares de la Crimée, i . Janv.
que les Turcs entendent.
De Krafnajar , en defeendant la
Jemfia jufqu’à Jenifeskoi, le pais eft
habite par des Tungufes 8c des Bu- T u n g u fd
rattes. Le château fiTlinskoi eft fu r^ sBura^
la frontiere des Mongales, contre le
Pojas, dont on a parlé, entre Jenifeskoi
8c la ville de Selinginskoi. Cette
place, frontiere des Mongales, h’eft
pas.grande, mais elle a une bonne
garnifon , prefque toute compofée
de cavalerie, pour défendre la partie
occidentale du païs des Mongales,
des Mirotty, Mily Sc Burattes,
Tartares qui en dépendent. Il croît
une efpece de bois de Santal d’une
dureté extraordinaire, aux environs
de cette ville. Les Burattes, qui font
fous la proteâion de fa Majefté
Czarienne, demeuroient autrefois
aux environs de Selinginskoi, mais depuis
qu’ils ont commencé àfejoin»
dre aux Mongales , à l’inftigation
des Chinois , on les a tranfplantez
aux environs du lac de Bàikal, -
dans íes montagnes , 8c ils payent
leur tribut à ce Prince en pellet©-'
ries. ' ’
Il y a une montagne qui s’étend
de cette ville au nord, jufques au
lac de Baikal, où l’on trouve aufli
de belles martes zibelines 8c d’autres
pelleteries. Le pais des Mongoles
contient toute Pétenduë qui
fe trouve du lac de Kologol à l’eft,
jufqu’au grand defert; delà jufqu’au
lac de Mongol, nommé D way, Sc au
païs d’Argum, Sc enfuite au nord»
ouëft jufques aux rivières d'OnonSc
de Sikoi : Ils vivent fous trois chefs,
freres, dont le premier nommé Kut-
tugt eft aufli grand Prêtre de la N a tion.
Le fécond fe nomme Aziroi-
Sain-Chan, Sc vit en parfaite intel- MongaieT
ligençe avec le premier ; mais le *
troifième appellé EliEt, dont les
frontières s’étendent jufqu’au pais
des Tartares occidentaux, fait des
courfes continuelles , vole 6c pille
jufqu’à la muraille de la CÆ«e,fans
I épargner les. préfens que; l’Empereur
de la Chine envoyé tous les ans
aux Tartares d’alentour ,_ pour les
encourager à lui être fidelles. Les-
® z deux.