1703. aux mariez , deiixperes, deuxme-
fî> Jany. res,deux freres & deux foeurs,que
l’on introduit de même. Puis on fe
met à table, où toutes les places
font marquées. L ’écuier tranchant
fe place entre les deux filles de noce,
vis-à-vis de la mariée, & elles
lui nouent aufliuneéeharpeaubras.
Le marié eft placé entre les peres
& les freres, & la mariée entre les
meres & les fceurs. Après le repas on
regale, dans un autre appartement,
le maréchal, les maîtres d’hôtel,
Sc l ’éçuier tranchant. On danfe en-
fuite, & ç’eft le maréchal qui commence
avec la mariée; puis il prie
les autres dames de danfer avec les
maîtres d’hôtet Les. peres ,8c les
meres danfënt après ceux-ci , les
freres & les fceurs., & enfin ,- les
mariés, & deux ou trois autres couples,
Çelf fa it, le maréchal çrie i, i-
b e r t e ' , & puis danfe qui veut. Ces
nôçes durent communément trois
jours de fuite, 8c le dernier,les filles
de la nôce régalent le maréchal,
les maîtres d’hôtel, leurs affila
n s Sç l’écuier-tranchant.
Leurs enterremens fe font de cette
maniéré. On gardelecorps quelques
jours, & celui qui précédé la
pompe funèbre, on invite en premier
lieu , les principaux de la
nation ; puis la plupart des marchands
8c quelques autres amis, tant
à la ville que dans la Slabode. Cette
invitation fefaitpardeuxperfon-
nes de leur nation, deitinées pour
cela, ou choifies par les parens du
défunt. Ceux-ci portent de longs
manteaux noirs 8ç un crêpe au chapeau.
Quoi qu’on s’aifemble ordinairement
à deüx heures après
midi, il cil nuit avant que le
corps foit mis en terre en hyver,
8c même allez tard en été. On
employé à ce convoi 15. ou 16.
pleureurs 8c une douzaine de porteurs,
tous mariés & habillez de
noir, avec de grands manteaux de
même, qu’on tient pour Cela dans
les Eglifes. Les pleureurs fe placent
dans le meilleur appartement
à droite, avec les plus proches parens
mâles du défunt, 8c tout le
monde les falué en entrant.- On donÊnterremens.
j ne aux porteurs un crêpe au cha-170-.
peau, 8ç un autre qu’ils portent en 1,8. jaw,
ccharpe par déifias l’épaule, 8c
quelquefois encore des gands
blancs. On met toutes, fortes de
| rafraichiffemens fur deux tables ,
placées en deux chambres différentes
, 8c on préfente continuellement
à un chacun, du vin , de
la limonade faite de biere, des
fuçreries , du pain rô t i, 8c des
citrons lorsqu’il s’en trouve. Avant
que le corps forte de la maifon, on
fait ordinairement préfent, à chacun
des porteurs , d’une cueiller
d’argent, où eft gravé le nom du
défunt. On en donne aitlll quelquefois
au mini lire, au maitre d’écçle
8c aux pleureurs. Lors que e’eft une
fille qu’on porte en terre, on donne
des bagues d’or où eft auiïï gravé
le nom dela defunte, au lieu de ces
cueillers, Les porteurs clouent le
deffus du cercueil avant de fortir,-
8c dès qti’on a commencé le copvoi,
le maitre d’école & fes écoliers fe
mettent à chanter, tenant un livre à
la main.- mais les Reformés ne le
font qu’au cimetiere. On partainfi
fans lire les noms deperfonne. Les
jeunes écoliers précèdent le corps,
fuiyis de leur m a it red u miniftre ,-
8c des prieurs d’enterrement. Le
corpsfuit immédiatement, accompagné
des plus proches parens, des
pleureurs, des marchands 8c des
officiers qui ne vont pas régulièrement
deux à deux comme parmi
nous,mais quatre ou cinq à la fois
comme il leur plait. Quand on eft
arrivé au cimetiere,- 8c qu’on apo-
fé le corps en terre, on recommence
quelques chants funebres. En-
fuite le miniftre fait un difçours,
8c remergie ceux qui ont accompagné
le corps, de l ’honneur
qu’ils lui -ont fa it , les porteurs,
qui ont tous la pêle à la main,
jettent de la terre fur le Cercueil,
jufques à ce que la foiTe foit à peu
près remplie : puis on invite les af-
fiftans à retourner à la maifon du
défunt, mais il n’y entre guere que
les porteurs, qu'on y régale de boif-
fons 8c de tabac. On fait quelquefois
une oraifonfunebredansFEglfo
fe,'
r/ôa.féj & on y invite les femmes. La
a8. Jaay. veuve du défunt-,;s’y rend accompagnée
des plus proches parentes ,
toutes: couvertes decrêpôn. .Celles-
ci donnent fouvent des marques publiques
de leur douleur dans les rues.
On donne auiïï quelquefois un repas.
Cette pompe fùnçbre fe fait
en caroife en été, 8c. à cheval,parce
qu’on ne fauroit aller à pied. Les
cercueils fe faifoient autrefois de
'bois de chêne, mais cela.eft défendu
à préfent, le Czar voulant
qu’on employé ce bois-là, à un. au-1703.
i.i :l8;-Jànr;
Le nombre des Reformés qui fe
trouvent ici fe monte environ à 200
perfonnes. Celui des Luthériens eft
beaucoup plus grand, auiïï ont-ils
deux Eglifes, au lieu que les autres.-.
n’en ont qu’une dans la Slabode..
Deux Jefuites s’y font établis depuis
-quelques années , lefquels y
enfeignent le latin à plufieurs enfans
de leur communion.
C jfE A P I T R E ^Xll.
Départ de fa Majefié Czarienne pour Veronis, ou t Auteur &
plufieurs autres l ’accompagnent. Gho/ès remarquables en chemin.
Arrivée d Veronis.
Vo age T E tems du départ du Czar é-
de Vero-Xu tant arrivé', i f t je 'f it açcom-
pkgner par Ivan Alexewitz Moe-
fin Poeskin , i premier infpeêteur
des monafteres de RuJJie , lequel a-
voit été gouverneur Aftracan,
- charge dont il s’étqitaquitté dignement,
par Alexe Petrowitz Ifmeel-
hojfi ; le Knées Gregome Gregori-
•witz, Gagarin j Ivan Andrewitz
Tolstoy, gouverneurà’Ajoph; Ivan
Davïdewitis, gouverneur de Kolomna
; Alexandre PVaJfelewitz Kis-
ken, grand maitre de la maifon, 8t
gentilhomme de la chambre de fa
Majefté, Nariskie, fils de fon oncle
, |c par plufieurs autres fei-
gneurs, qui arrivèrent- à Veronis a-
près nous. 'Le Czar fit auiïï cet honneur
au fieur de Konigzegg, Envoyé
extraordinaire de Pologne, au fieur
Keÿerling., Envoyé du Roi- de
Prujfe, au fieur Béllofeur, Agent du
Sr. Ogienskie, un des premiers Genè-1
raux, Sc des meilleurs amis du Roi
. de Pologne ; à quelques officiers de
fa maifon , 8c au fils du fameux,
General le Fort. Il prit outre ce
la , trois marchands , Monfr.
Steels-, galant homme, fort eftimé
de ce Prince,, 8c Monfr. Hill, An-
glois , 8c le Sieur Kinfius Hollandois,
tous trèsaffeétionnez à fa Majefté.;
Elle fouhaita, que je priffe
les devans avéc-.eux, 8c nous partît-
mes le trente-uniéme Janvier. Le
Czar nous fuivit le lendemain , a-
vec le refte de la compagnie. Nous
avions fait ferrer le deffous de nos
traineaux, pour qu’ils puffent mieux
refifter à l’incommodité du voyage,
la terre n’étant guère couverte de
neige. Sa Majefté nous avoit ac-
cordé des Pojlwodens, 8c nous avions
fix, traineaux pour nous Sc pour nos
domeftiques. Nous partîmes delà
Slabode Allemande fur les. 3. heures
après midi, 8e nous devions trouver
des relais de chevaux de vingt
en vingt werftes. On trouve des
piiliers de werjle en werfle d’ici â:
Veronis , fur lefquels; on vo it, en
carafteres RuJJiens Se Allemands l’année
i/Qit tems auquel ils furent
plantez. On a mis entre chacun
de ces piiliers , qui font affez hauts
8c peints de rouge, 19.; à ¿0. petits
arbres, des deux eôtez du chemin,
8c il s’en trouve quelquefois 3. ou;
4. enfemble, entrelacez de branches
comme des gabions , pour les défendre
8c les empêcher de fortir de
terre. Il y a 552. decees.piliiers:,-
qui font à peuprès: , no.- lieues-
H 2 â