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i.Ju ilL
le vifiter : mais j ’appris en même
tems , que tous mes amis avoient
été maffacrez avec le Gouverneur
Timafe Ivanewitz Urfofskie , Se le
Colonel de Wigne dans la rébellion
des Strelfes en 1705 : qu’il ne s’en
étoit fauvé que 3. ou 4 , quiétoient
partis trois jours auparavant pour fe
rendre à Mofcow , favoir le fils du
Gouverneur & fa femme, le Confiai
dont on vient de parler, le Capitaine
Wagenaer, & un certain
chirurgien ; Se que tous les étrangers
avoient été maffacrez avec leurs
femmes Se enfans : que fa Majefté
Czarienne y envoya enfuite des
troupes réglées, & fit punir de mort
îa plupart des Strelfes, 8e ceux qui
Un foir que j ’avois compagnie, 17071
la femme de la maifon oùjelogeois u . j u p i j
accoucha d’un fils, fans que jjenA™®*
fûffe rien, nonobftant quefacham- dinaîrc
bre fût au-deffus de la mienne. N ous
avions cependant bien obfervé, qu’il
s’y étoit rendu plufieurs femmes j
mais comme cela arrivoic allez fou-
vent , je n'y avois fait aucune reflexion
, deforte que je fus furpris
de l ’apprendre après le départ de
mes amis. Lors que fon mari, qui
étoit un des commis de la Chancellerie,
fut de retour au logis, je lui
fis un prefent de piftaches, de dattes
, & d’amandes pour .regaler fes
commeres. Sur le foir elles fe mirent
toutes à chanter fur un ton, qui
avoient trempéaveceuxdanscecar- me parut d Eglife ; Se comme je
nage. Quant à-moi je rendis gra- n’avois rien entendu de femblable
ces à Dieu de ce que j'étoisenPer- jufques alors, je demandai à mon
fe lors que cela arriva. La femme I valet
du Gouverneur qui avoit échapé à païs
la fureur de ces barbares , eût le | quoi
qui entendoit la langue du
ce que cela vouloit dire, à
1 repondit qu’elles étaient faoumalheur
de perdre tout ce qu’elle lies,. Se que c’étoic la coutume en de
avoit en s’en allant à Mofcow , le ! pareilles occafions. Mais je’fus bien
feu aiant pris à la barque , fur la- plus furpris le lendemain de-ti'ou-
quelle elle devoit s’y rendre , dont ver l’accouchée aflîfe à la porte de
elle mourut de chagrin après fon la rue avec fon enfant. Elle regala
d’eau de vie,arrivee. fur le foir, lesfem-
Vaiflcaux Je trouvai à mon retour à AJlra-
j>arjv!gli-fÆW Ijb- barques enfoncées , par la
gcncc. négligence du Capitaine Meyer,
dont on a parlé plufieurs fois , &
qui périt aulli dans ce tumulte.
Mais il y en étoit arrivé 5. autres
depuis 3. mois, fous la conduite du
Commandeur Laurent Van der
Burgh, homme de mérité & de capacité,
qui s’étoit engagé au fervi-
ce de fa Majefté Czarienne, & qui
travailloit alors à rétablir, celles qui
étoient enfoncées, Se à les mettre
en état de fervir fur la mer Cafpien-
ne ; avec plufieurs autres échapées,
deçà & delà. ■
Il arrivoit cependant encore tous
les jours d’autres Hollandois , qui
venoient fervir en ce païs-là. J ’appris
au refte, avec douleur que Mr.
Meynard , gentilhomme Anglois,
que j’avois rencontré à Zjie-raes,
avoit perdu la vue , 8e l’ufagé de
quelques membres , 8e étoit parti
en cet état pour fe rendre en fa patrie.
mes qui l’avoient ailiftée la veille,
& ne l’épargna pas elle-même, eho-
fe ordinaire en ce païs-ci.
Paffant un jour dans la place du Oifeau
marché, j ’achetai un oifeau, què?°s“u“'
les Rujfens appellent Babbe ou porteur
d’eau, dont j’avois fou vent ouï
parler, ,Se que j ’avois cherché plufieurs
fois inutilement, tant ici *
qu’à Ifÿahan : je lui prefentai du
poiffon qu’il ne voulut pas manger,
ni aucune autre chofe. lim e
fut aufli ¿mpoflible de lui faire, é-
tendre le col, qu’il tenoit raccourc
i, paroiffant à demi endormi. En
voici la reprefentation. Il étoit encore
jeune , & cependant quatre
fois plus gros qu’une oye , dont il
avoit en partie la forme & le plumage;
le bec long de 15. pouces 8c
large de deux, avec un crochet jaune
par le bout, comme un perroquet.
Le fac ou le jabot dans lequel
il porte fon eau , en contient
plus de quatre pintes ; & il a les
jambçs courtes. Je lui coupai la
tête
je laiffai le fac, qu on voit dans la
taille douce.
Le feu prit plufieurs fois en cette
ville, pendant le fejour que j ’y fis,
mais prefque toujours dans le faux-
bourg des Tartares, qui eurent foin
de l’éteindre. Comme j ’ai déjà parlé
amplement de ces gens-là , j ’ajouterai
Amplement une particularité
qui n’étoit pas encore parvenue
à ma connoiffance.
En l’an 1246, ils choifirent pour
chef de -la Tartarie un certain Ruine
, qu’ils furnommérent Gog Cham,
c’eft-à-dire, Roi ou Empereur, fe
nommant eux-mêmes Moales ou
Mongales. Cet Empereur Se fes
Succeffeurs fe difoient dans leurs
écrits, La force de Dieu , ¿r Em
l’obeïffance. Ce premier Empereur
triompha,fur les frontières de
Perfe , du Prince Bajothnoy , qui
s’étoit emparé de tous les Etats des
Chrétiens des Sarazins jufques à
la Mediterranée, à Antioche & deux
journées au delà, 8e lui enleva 14.
Royaumes , qu’il poffedoit depuis
la Perfe jufques-là. Il fe nommoit
Bajoth, Noy marquoit fa dignité.
Au refte les Tartares n’ont jamais Empce
eu un plus grand Prince que Ba-Im
thii, dont l ’armée étoit forte derenô™e>
6ob. mille hommes, favoir de 160.mi-
nulle Tartares , 8e de 440. mille
Chrétiens , fans compter lés Infi-
delles. Cette armée étoit divifée
en cinq parties.
Ce païs-là, qui eft à l’orient, feLeMon-
fereurs de l’Univers, Se faifoientgra- nomme Mongol, Se eft habité par s
ver autour de leur Seau ces paroles
quatre nations différentes , favoir
Iles grands Mongales ou Moals ; les
Saniongals , ou Mongoles marins,
• qu’on nomme aufli Tartares , d’après
la riviere de Tàrtar , qui tra-
: U n D i e u a u C i e i j u n ,
K u i n e C h a m s u r ' l a t e r r
e ; La force de Dieu, & l’Empereur
du Genre-humain. Ces Prin-1
ces entretenoient toujours cinq ar--1
1 verfe leur païs ; les Merkates Se les
T o m. II. Ggcr & D Me