1705.tie' ces antiquitez ; & au fud-
18. Mai. ouëft le mur de la forterefle qui y
étoit autrefois. Je ne pus cependant,
y fatisfaire ma curiolîté qu’en
partie , le rocher étant trop efcar-
pé-. Notre Ecuyer ne laiffa pas d’y
grimper, mais il ne put pas paffer
le mur , de forte que nous ne'vîmes
pas ce qu’il y a au-delà : Au refte
cette montagne eft très-dure & remplie
de veines de fer. Notre chaf-
feur avoit entrepris ..de gagner le
fommet de l’autre , beaucoup plus
élevée que celle-ci, étant fort habile
à grimper. Nous l’avions charg
é , au cas qu’il y trouvât quelque
chofe qui en valût la peine, de nous
en avertir , afin de nous y rendre
s’il étoit posfible : mais l’aiant attendu
plus d’une demi heure, fans
avoir de fes nouvelles , nous nous
en retournâmes avec bien de la peine,
par où nous étions venus. Lors
que nous fumes au pied de la montagne,
nous apperjumes notre horm
me fort embaraffé contre undescô-1705.
tez du rocher efcarpé , contre le-*8. Mai.
quel on auroit'dit qu’il étoit im-
posfible de fe tenir. Il vint pour- D é c en te
tant à bout de fon deffein , d’une
maniéré qui nous fit trembler, fe
tenant des pieds & des mains à des
pierres avancées, & à des crevaffes
du rocher, nonobftantqu’il fût encore
embaraffé de fon fufil, qui lui
pendoit fur le dos.
Il nous apprit qu’il avoit trouvé Puits pr<>:
fur le fommet de cette montagnefoniJs-
trois puits taillez dans -le roc, dont
l’ouverture avoit 10. à 12. pieds de
diametre , & à l’un des trois une
chaîne de fer de la groffeur du bras
attachée au rocher : que celui-là
étoit le plus bas ; qu’il defcendoit
I obliquement, & que l’ouverture en
étoit plus grande, que celle des autres.
Il ajouta qu’il avoit jetté quelques
pierres dedans, fans entendre
le fon que d’une feule , tant ils é-
toient profonds. Il nousdit de plus,
M o u t a c t t e ' P t t .u — snuoisr.
qu’il
D E Ç Ô i R N ' E I L . L Ë : â | f ;B R p - l î . ‘
70*;. avo^c trouvé les ruines d’une pris même que la Cour fouhaitoit, 170e.
Mai. rue, bâtie des deux côtez, & fept que la Compagnie voulût travail-«5. Juin.
citernes au milieu j deux ponts en
partie démolis , fur lefquels on né
laiffoit pas de pouvoir paffer, aiant
3. piedljde large &- iSjsde long!
qu’ils avoient lervi à paffer d’un
village , oit d’un voifinage à l’autre
v & qu’ils traverfoient une des
citernes. Il ajouta que la premier
re chofe qui s’y étoit offerte à fa
vue étoit ce chemin ou cette rue,
qu’il croioit qui avoit bien 150,.pas
de large , & qu’on voyoit encore
des divifions de chambres dans'ces
.mafüres , & enfin , que lle fôm-
met de la montagne étojtp plat.
Voici la reprefentation de la première
montagne, où le mur paroît
vifiblement fur le haut. Elle avoit
été habitée, depuis un certain tems,
par des bandits, qui en furent chaf-
fez pour leurs brigandages. On
-rompit aulïï les paffages qui y con-
duifoient, pour empêcher qu-’on ne
pût s’ÿ cacher dans la fuite.
Nous nous en retournâmes le long
de la rivière., que nous travcrfàmes
fur un pont fort endommagé , &
jettâmes les filets à l’eau avec peu
de fuccès rnous en eûmes davantag
e le lendemain, & puis nous nous;
en retournâmes à Ifpahan.
J ’accompagnai, peu après , no-:
litre Directeur chez • Mierjd- about-
alech, Secrétaire du premier.Minif-
tre d’Etat , où-il avoit été invité.;
Il n’étpit que huit heures du matin,
& il nous, regala de tabac , de liqueurs.
& déconfitures, ettfuitede
LeSccre- ffuoi ils fe retirèrent dans un autre
prem'dU aPPartement > & vinrent nous re-
Miniftre joindre une demi heure après : puis
«gaie on fervit toutes .fortes. de mets & de
fruits félon la faifon ; de la limonade,
du fotbet, de l’eau de rjjfe
fucréè , & de plufieurs autres fortes
de liqueurs , de toutes les couleurs,,
chaudes & froides , les plus,
agréables du monde.
Nous y reliâmes jufques à une
heure après-midi, & j ’appris dans
la fuite , que' cette invitation s’é-
toit faite par ordre du premier Mi-
niilre,qui avoit eu desraifonspour
ne le pas faire chez lui. Te com-
■ ¡ ¡ n II. I | . ‘ I
Mr. le
Directeur.
:
Obferva-
tious de
l’Auteur.
1er à obtenir la liberté des pèlerins,
que les Arabes Moskettes avoienc
pris fur le Golfe Perfique , comme
ils revenoient de la Mecque, & qu’elle
fe chargeât d’accommoder les dif-
ferens qui regnoient entre la Cour
de Perj'è & les Arabes , fans qu’il
parût que cette Cour s’en mêlât.
Le le 20.- & lé 21. d e ju in , jours
jours que les Pçrfes eftiment mal-
heureux,il ne fe fit rien, & lesbou-
tiques demeurèrent fermées.
Lo -vingt-jîxïème au matin il arriva
un coureur de la Compagnie,
addreffé à Mr. Kajlelein, avec une Nouvcaa
lettre de Mr. Bakker , qui venoit
remplir fa place, lequel lui mandoit
qu’Sjétoit arrivé à Jefdagaês, à 25.
lieues à’Ifpahan où il fe rendroit le
lendemain; furquoi Mr. Kajlelein
donna ordre àfon fécond, &aux officiers
de la Com pagnie d’aller à la
rencontré de ce nouveau DireSteur,
& de le féliciter fur fon arrivée.
Nous partîmes à 7 .-heures du foir'
Uni nombre de 23 , tous- à cheval,
aiant à notre tête l’écuyer de Mr.
Kajlelein ., accompagné de huit coureurs.
Nous avions auflï q.Benjans,
'■ou Indiens à.- cheval, avec 4. coureurs
, de forte que notre troupe fe
montoit à 44. perfonnes. Nous fîmes
une petite paufe au Cdravanfe-
rai de Margh , & arrivâmes à minuit
à celui de Mierfa-alie-refa. Le
vingt-fepticme nous fîmes encore une
lieuë de chemin , deux François Sc
un marchand Arménien s’étant joints
à notre troupe-. I l faifoit une chaleur
étoufante, qui nous obligea de
nous mettre à l’ombre de la montagne
à’Ortsjoerire, où nous foupâ-
mes gaillardement. Nous y trouvâmes
un Seigneur Perfan, qui s’y
étoit retiré dans .une grotte poqr
prendre le frais, aiànt quitté poiir
cela fes tentes,qui étoient à la campagne
, où il faifoit creufer quelques
puits par ordre du Roi. H
nous envoya des rafraichiffemens de
fruits, & de la glace , dont il ne
doutoit pas que nous n’euiïïons
grand befoin, quoique nousenfuf-
fions bien pourvûs. Nous ne laif-
R r famés