I V O Y A G E S
1701
8,ju illf
où je reïlaij.ufques au trentième., 8c
arrivai au Texcl le lendemain , à
quatre heures après midi, par la
barque ordinaire. J’y appris , que
l’Oudenarde, vaiffeau de guerre,
commandé par le capitaine Roemer
Vlak, qui devoit efeorter la flotte
deitinée pour la Mofcovie, en étoit
parti le matin à neuf heures, avec
5. ou 6. vailTeaux marchands,frétiez
pour Archangel. Le vaiffeau
fur.lequel je devqis faire ce, trajet,
n’étant pas encore arrivé, j’allai à
fa rencontre, 8c m’embarquai def-
fus, le premier d’Août, à dix heures
du matin : C ’étoit une belle flûte,
nommée ItJeanBaptiJle, montée de
huit pièces de canon, 8c de dix-huit
hommes d’équipage, commandée
par Gérard Buts de Sardam. Nous
louvoyâmes,avec unventd’Ouëil-
. Sud-Quëil, pour nous rendre au
Texel, ou nous vînmes mouiller,
avant midi. Nous en partîmes le
fécond, à neuf heures du matin, 8c
fûmes en mer à une heure après midi.
Notre pilote nous y quita , 8c
je le chargeai de quelques lettres
pour mes amis. Nous fîmes route
au Nord-Ouëft au Nord, jufques
aufoir, que nous fuivîmes celle du
Nord-Nord-Oûëft , 8c découvrîmes
neuf ou dix vaiifeaux , dotit
les uns alloient en Hollande, 8c les
autres à l’Eft. Un calme nous fur-
prit à minuit, 8c dura jufques au
matin troijîème de ce mois. Sur le
midi il s’éleva un petit vent
d’Ouëit-Sud-Ouëft. Le quatrième,
à la pointedujourleventredoubla,
8c nous continuâmes notre route
N o rd à l’Ouëft, paruntems variable
, 8c nous apperçûmes encore
quelques Vaiifeaux tenant diverfeS
routes. Le cinquième , le vent fe
trouva Nord, Nord-Ouëft, 8c nous
rencontrâmes plüfieurs vaiifeaux,
entre lesquels il y avoit des Pêcheurs
venant de Groenlande, lesquels
nous apprirent la pêche qu’ils
avoient faite, 8c le fuccès de leur
voyage. La même chofe arriva le
lendemain. Le huitième, le vent fe
mit a l’Ouëft, 8c nous déployâmes
toutes nos voiles par un très-beau
tems. Mais le vent s’étant tourné
au Sud, Sud-Eft, nous avançâmes-i 701.
au Nqrd-Eit, 8c approchâmes, vers 9. Aoûtÿ
le foir des files les plus avancées de
la Norvège, fans le.s appercevoir, .
le tems étant couvert 8c pluvieux.
Le neuvième nous nous trouvâmes
à la hauteur du é i. degréde latitude
feptentrionale, le tems toujours
couvert'.- Errant ainiï dans cette
nier, nous découvrîmes de gros
poiifons, qu on nomme ordinairement
Hilleh, .-lesquels ont la, tête
pointuë. {Nous en vîmes plufieurs
autres enfuite, nommez Potskoppen^
aiant de greffes têtes, qui nageoient
autour de notre vaiifeau , dix fois
plus grands que les marfouïns,auiIi
longs que nos chaloupes , 8c bien
plus gros que longs, à proportion,
qu’on ne trouve que dans les mers
du nord. Après plufieurs variations
de vent 8c de tems , la mer 'étant
tantôt calme 8c tantôt agitée, l’air
s’ éclaircit le feizième, 8c nous déi
couvrîmes la terre fur les fept heures
du matin , c’eft- à-dire les rochers
ou les montagnes les plus
avancées de la côte feptentrionale,
marquées Loeffoert dans nos cartes.
Elles font affez élevées Sc divifées
en plufieurs parties , comme on le
voit au,Num. 1. Lorsque nous en
fûmes affez proche , je deiîinai le gn«<k H
relie de l’Iile avec l ’autte pointe
avancée , , où j ’obfervai encore de mledé
petits rochers, qui fembloient être NeQrvc-
joints à la même Ifle, éloignée de SC’
nous, à peu près, de d eu x ! trois
lieues. On la voit au Niim. 2. Nous
avançâmes enfuite affez tranquillement,
en compagnie de quelques
vaiifeaux, que nous avions rencon- ■
trez par hazard, voiantdetcms en
tems des poiifons de la longueur de
la moitié d’un vaiffeau, gros à proportion,
avec des têtes prodigieu-
fes. Il s’en trouve, quireprefentent
uneefpece de montée, à ob que nous
dirent des perfonnes, qui en avoient
vif de morts. On y voit auiïï dé
certains oifeaux , qui reffemblent
affez à nos' canards ou à nos pion-'
geons, mais qui font plus petits y
8c ont le bec pointu, noirs par def-
fus, 8c blancs par deffous. Cette
nuit , 8c le lendemain , dix-feptie'me ,
nous
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