®pg 4, Mai.
Niicn.
Sa fîtua-
tion.
. avec des montagnes dans l’éloigne-
ment. Sur les 3. heures nous approchâmes
du monaftere de Dudina
très-agréablement iitué entre des arbres
, fur le penchant d’une montagne,
au fommet de laquelle il y
a un village , dont on ne voit
que le haut des clochers. Le foir
le vent s’éleva avec tant de violence,
Sc les vagues s’enllérent tellement,
qu’il fallut nous arrêter au
côté gauche de la riviere. Le cinquième
le vent s’étant abaiffé, nous
continuâmes notre route avant jour,
& après avoir encore pafle bien des
villages, nous arrivâmes enfin aux
chantiers, qui font le long de la riviere,
& qui s’étendent jufques au
fauxbourg de Nifen, où il y a un beau
& grand monaftere ceint d’une muraille
} une églife de pierre dans le
fonds, environnée de maifons de bois
jufques à la riviere 3 une autre églife
de pierre, allez grande 8c bien bâtie
contre la montagne , fur le
fommet de laquelle il y a un village.
Les Rujfiens nomment ordinairement
cette ville Nie/ha ou Nifen-,
d’autres Nif-Novogorod, ou le petit
Novogorod ; & quelques-uns Ni-
fen-Nieugarten. Elle eft capitale du
petit Duché de ce nom, 8c aune citadelle
, fituée fur un rocher, au confluant
de VOcca 8c du Wolga. Cette
ville eft ceinte d’une belle muraille
de pierre, & l’on traverfeun grand I
Bazar ou marché avant d’arriver
à la porte d’Iivanofskie qui eft]
du côté de la riviere. Cette
porte eft bâtie de grandes 8c greffes
pierres, 8c eft fort profonde.
On va de là, en montant toujours,
par une grande rue , remplie
de ponts de bois , jufques à l’autre
porte , nommée Diawietrofs-
kie. On voit proche de celle-
ci , la grande églife , qui eft de
pierre, dont les cinq dômes font I
Vernis de v e r t, 8c ornés de belles
croix: à côté de c e lle -c i, le
palais Archiépifcopal bien bâti de
pierre, 8c dans fon enceinte une
jolie petite églife avec un clocher ;
8c deux autres églifes, l’une de pierre
8c l’autre de bois. Le Prikaes ou
la chancellerie eft auili proche de
] cette porte, 8c de bois auflî bien 1703.
j que la maifon du gouverneur.] D11 s- M»i.
jrefte , il n’y a pas grand’ chofe
à voir en cette ville, dont l’enceinte,
n’eft pas grande, 8c toutes les
niaifons font de bois. Elle n’a aufli
que deux portes. Le païs d’alentour
eft très-agréable à la vue, é-
I tant rempli d'arbres 8c de plufieurs
1 maifons. Ses murailles font flanquées
de tours rondes 6c quarrées,
entre lefquelle^ il y en a une plus
I grande 8c plus élevée que les autres,
que l’on voit à une grande
diftance. Il y avoit à la porte du
côté de la terre, dans la galerie du
corps de garde, quatre pièces de
canon. Les fauxbourgs en fontfort
grands, fur tout celui du côté de
la riviere, dans lequel il y à plufieurs
églifes de pierre,où la montagne
, feparée en plufieurs parties,
fur lefquelles il y a des églifes
8c des maifons, fait un très-bel
effet. On n’en peut pourtant pas
bien voir le tour à caufe des hauteurs
8c des vallées, qui bornent la
i.vuèV La riviere eft toujours remplie
d’un grandnombrede barques, •
qui vont 8c viennent de tous côtés.
Il y a fur l’autre rivage de cette
riviere un grand village, qui ap- ■
partient à. Mr. Gregori Demitri Stro-
genof, dans lequel il y a une belle
églife de pierre 8c une grande maifon
de même, où demeure quelquefois
ce marchand. Il en partit fur.
le foir 48. grandes barques à dix
rames, montées d’environ 40. per-
fonnes, pour aller charger du bois.
Toutes ces barques appartenoient
à ce marchand, quel’on eftime le
plus riche de toute la Rujffie. Il
donnoit trois rifdales à châcun de
ceux qu’il employoitpour aller
charger fon bois. Sur le foir on
commença à fonner les cloches, à
caufe de la fête de l’afcenfion,
qu’on devoit celebrer le lendemain.
Nous y fîmes nos provifions ,' Sc
fur tout d’eau dé vie, qui y eft très-
bonne 8c à bon marché, puis qu’on
en a huit bouteilles pour 40.
fols. Aufli lès Arméniens ne manquent
pas d’y en prendre autant
qu’il leur, en faut. Les vivres
a 'y
1703. n’y eft pas moihs abondante. On y I l ’argent. Les femmes v Vont com-
-. Mail > - f ' t . achette un agneau ou un mouton or- It me 1l1.e s vhTo’ -m ■m es Sfie fe faoulent d- e m■êH.
dipaire 13. à 14. fols ; deux petits me. Je vis faire le même manège,
canards un fol; une bonne poular- dans-un A æÆæI à bieref où il leur eft
de 3. fols ; vingt oeufs un fol; deux
pains blancs de grandeur raifonna-
ble un fol; un pain bis d e7. à 8.livres
aufli pour un fol, 8c la biere y.
eft bonne aufli 8c à bon marché. On
compte que cette ville eft à 800.
•werfies de.Mofcou , qui font 160.
lieues d’Allemagne-, mais il n’y en a
pas plus de 100. par terre. Elle eft
iituée fur VOcca,o\\ nous entrâmes
proche de Kolomna, comme il a été
dit, 8c cette riviere tombe ici dans le
ÏVolga, qu’on nommoit autrefois le
Rhi. Ces deux fleuves unis ont environ
4000. pieds de large, fi l’on
en peut croire ceux qui les ont me-
furez en hyver fur la glace. Cette
ville n’eft habitée à préfent que par
des Rujfiens ; on n’y voit plus de
Tartares. Elle eft fort peuplée 8c
fituée à la hauteur du 56. degré 28.
minutes de latitude. J ’aurois bien
de deffus la riviere, mais on ne vou
lut jamais me le permettre, même
pour del’argent, à caufe de la fête,
car les Rujjiens ne. font rien que
s’eny vrer ces jours-là. J’en vis aufli
plufieurs en cet état, couchez dans
•.lés rues. . C ’eft unplaifirdevpirde
quelle manière les pauvres fe tiennent
tous les jours .devant les Ka-
baks ou maifons où l’on vend l ’eau
de vie. Je reliai quelqueslffiures dans
cefle où nous achetâmes la nôtre,
pour voir les fredaines 8c les grimaces
de ces ivrognes, lorfque la boif-
fon commence à leur monter a la
tête. Mais il faut qu’ils relient
dans la rue, car il ne leur eft pas per-
. mis d’entrer dans la maifon. Il y a
Sens ai- à la porte une table, fur laquelle ils
boire.* mettent leur argent, 8c puis on leur
mefure la quantité d’eau de vie,
qu’ils fouhaitent, qu’on tire d’un
grand chaudron, avec une cueiller
de bois, 8c qu’on met dans une taffe
de même. La plus petite mefure fe
vend deux liards. Ils font fervis
ainfi par une perfonne, qui n’eft occupée
qu’à cela toute la journée, accompagnée
d’une autre, qui reçoit
Les Ruf-
7. M u*
permis d’entrer pour boire. Nous
nous embarquâmes le fixïeme, pour
faire venir nos gens à bord, 6c nous,
paffâmes la nuit fur la riviere. Le
lendemain de bon matin nous continuâmes
notre voyage, 8c en paffant
par devant la ville 8c le fauxbourg,
lavùë m’en parut fi belle, que j ’en
fis le deffein qu’on trouvera au num.
24. Avançant.toûj.ours , nousvî-
mes deux villages à gauche, dont il
y en a un fort grand nommé JVetfna,
8c à droite le monaftere de Bejijirske »
grand bâtiment de pierre, à la refer-
vedes toits, avec plufieurs maifons
à droite 8c à gauche, à une werjle
de la ville. Nous vîmes auflî une
petite églife nomméejajfoofni, fur
une montagne, 8c quelques centaines
de perfonnes qui s’y rendoient de
tous côtés de la ville 8c des lieux cir-
I ... convoi fins,; pourcelebrer la fête, 8c
voulu la voir de front 8c la deflîner | qui faifoient tendre des tentes pour
fe divertir. Nous reliâmes à 3.
werjies de la ville jufques à 7. heures
du matin, feptieme du mois, 8c
vers le midi nous trouvâmes au milieu
de la riviere une ifle, qui avoit
bien deux werftes de long, 8c étoit
remplie d’arbres. Nous paffâmes
.enfuite à côté de plufieurs montagnes
, 8ç d’une autre ifle fans arbres,
Sc laiffâmes la riviere de Ker-
fimie , Sc le monaftere de Makaria
à gauche. C ’eft un grand bâtiment
de pierre , ceint d’une belle
muraille de même, quireffembleà
un château ou unefprtereffe; il eft
quarré Sc a une tour à chaque coin.
J’aurois bien voulu le deflîner, mais
le jour étoit trop avancé. Il y avoit
à côté un village 8c un Ghan ou
grand Caravanferai de bois, où les
negocians mettent leurs marchandi-
fes. C ’eft un lieu où il y aune grande
foire tous les ans au mois de Juillet,
8c où la plupart des marchands
de Rujfie fe rendent ; quoi qu’elle
ne dure que 15. jours. Nos Rujfiens
y étant allez achetter du poiffon,
apprirent, qu’il n’y avoit que 17.
jours qu’un certain Gouverneur, ve-
L I nant