j - 0g part. I l y a un beau bâtiment au
4. Dec . milieu de ce jardin, avec un grand
falon très-bien peint. On voit du
haut del cetjLdifi.ee tout le pais d’alentour
; & il a un fcrail feparé, rempii
de petits appartemens. Je paf-1706.
fai la nuit à la loge ou maifondela 4- Dec,
Compagnie, & y fus parfaitement
bien régalé le lendemain, avec plu.....
fleurs autres.
C h a p i t r e LXXIX.
9*
Félicitations fu r le nouvel an &c. Regai cl un Marchand Arménien.
Procédé extraordinaire & mort d'un Miniftre de France.
Guebres ; leur calcul de la durée du monde ; leur croyance
& leurs maniérés.
i jo j , T E premier jour de l’an 170 7. j’ai
t. jan v. .J an lai féliciter Monfi
Félicitations.
Monfieur le Directeur,
8c lui fouhaiter une heureufe
année , à la maniere du païs. II.
me retint :à dîner avec le pere Antonio,
le bourguemaitre à i J u if a ’,
plufîeurs des principaux marchands
Arméniens, & la plupart des Religieux
Europeans. 11, tomba de la
pluie ce. jour-là. -■~g~
Le jijcîme j ’allai auifl féliciter
Monfieur l ’Agent à!Angleterre, qui
pregala la mênïé Compagnie , qui:
s’étoit trouvée le premier jour de
- l ’an chezuotre Direfteur. On s’y
divertit à merveille au fon de plu-
fieurs inftrumens , 8c au bruit de
cinq petites pièces de canon.
Le feptieme on folemnifa le dernier
jour du grand jeûne des Ter-
fans , qui avoit duré un mois entier.
Quelques jours après, Monfieur
le Directeur me vint rendre
v ifîte ,& nous allâmes dîner le lendemain
à Julfa , chez Monfieur
Grégoire de Sumael. En traverfant
une plaine à cheval pour nous y
rendre, le cheval de Monfieur le
Directeur fe renverfa avec lui dans
un fofle, rempli de neige,dont on
eut bien de la peine à les tirer. Nous
trouvâmes chez cet Arménien le Patriarche,
le Pere Antonio Dejtiro;
le fécond du Direâeur de la Compagnie
Angloife, quelques Eccle-
fiaftiques François & un grand nombre
de Marchands Arméniens, en
tout plus de 50. perfonnes. On nous
regala d’abord de confitures, de liqueurs
chaudes, d’eau de vie & de
tabac; & enfuite de toutes fortes
de mets. Le Patriarche bénit la ta-Fcftm
ble,& prit un pain qu’il rompit &menie£
en prefenta à plufîeurs des conviés,
cérémonie que je n’avois pas vue
jufques alors. La fale , qui étoit
fort . grande'; etoit couverte d’une
nape dé toile de' cotton, autour de
laquelle jious nous mimes à la maniéré
du pais.. Les domeftiques a- ..
voient foin de fervir des viandes à
un çhâçun, & de leur verfer à boi-5*
re. On "y but à la fanté de tous les
'conviés & de plufîeurs perfonnes ' "
abfentes, & on fe fepara fur lefoir.
Le dix-feptieme on célébra le baptême
de la croix , dont on a déjà
parlé.
On apprit en ce tems-là , que Mort
Monfieur Fabre, qui venoit à lal’AmW-
Cour de Perfe,ea qualité d’Ambaf-
fadeur de France, étoit mort à Etri-
van le 20. Août ; qu’on n’avoit trouvé
que 4. ducats fur lui, & qu’il
avoit laiffé plus de 100. mille livres
de dettes à Conjïanrmople, & fa femme,
qui étoit Greque: qu’il avoit
amené une autre femme de Paris,
laquelle pretendoitfe rendre à Jfpa-
han avec le caractère du défunt, 8C
y faire fon entrée à cheval, vêtue'
en Amazone , la tête nue , chofe
directement oppofée aux moeurs &
aux maniérés du païs. On atten-
doit avec impatience l’iflue de cette
affaire, lors qu’on apprit, que
Monfieur Michel, fecretaire de
l’Ambaflade de France à la Porte,
dej
— Q— d’evoit fereridre ici;. On apprit auffi
! pa'r la voyé d’Alep, que le Roi très-
Chrétien y avoit envoyé ordre de
fe faifir. de Monfieur.: Fabre’, pour
l ’envoyer, prifonnier en France, mal-,
heur qu’il, prévint par fa mort.
Notis. apprîmes enfuite par des
lettres â’Erivan du moisdeFeVriçr
1707.: que fur un certain différend
furvenu entre les gens de la fuite de
cette Ambaffade St les, habitans de
la ville , dont on prétenâoit .que
l’Ambaffadrice étoit caufe, on en
‘étoit venu aux mains, & que plu-
fleurs, Perfarts aiant été tués y on
avoit fait main baffe fur les François,
8c qu’on en avoit envoyé une
fix termes, qu’ils nomment; Mey-de- j.ypA.
fereni, MeyÂoesjemyPethesjaeyhem-, iAjauù
Eoos-aen, JAeydieçjerihen -, & Am-
maespaisUmkçliehemi mais il ne me
put dire fijCÎétôient dès années, des
mois-, dés.femaines ou dès jours,il
fuppofoit cependant que ce pour-
roient bien être des Jours. Il ajouta
, qu’après que Dieu eut créé le
monde, il créa auffi l’homme, Sç
Îe nomma Babba-Adnm, d’après qui
tous les hommes font appeliez A-
dam , particulièrement parmi leS.
Perfans'Sc les 7«m,- que cet Adam,
fut formé des 4. Elemens, le feu,
l ’air, l’eau & la terre ; que Djeij
créa enfuite fon ame, qu’ils croient
partie en prifon , parmi l e f q u e l s être un vent : que Dieu tira, après
quelques Arméniens s’étoient trouvez
, auxquels, on avoit tranché la
cela ; du côté gauche d'Adam, quelque
partie de fon corps, & une pari
tie de foij ame, dont il forma une
femme, à l’image & ,reffemblance
d'Adam : que dans la fuite du teins
quelqu’un, dont ils ignorent le nom,
prefenta à Adam , une efpece de
froment de la groffeur d’un melon,
tête. Le bruit coürut enfuite, mais
fanS aucune, certitude, que la Cour
de Perfe avoit ordonné de renvoyer
cette Ambajfadrice. On en parlera
plus anyplement dans la fuite. : :
..Il méprit envie,'en ce tems-là, de,
m’entreteUir avec quelques prêtres I dont il mangea, & qu’à caufe de
.dés Guebres. L’Agent d’Angleterre, hçela Dieu le chafla.du lieu.oüill’à-
homme de mérité 8c d’érudition, voit placé. Il me dit de plus, que
qui fa voit le Hollandois, & qui_é-|lors qu 'Adam fut/créé JIjavoit les
toit fort de mes amis, me procura
cette ïatisfaftion. Il fit:venir un de
ces prêtres avec un interprète, qui
lui fervoit de fecrétâire, & nous entrâmes
en matière enfemble;
Je lui demandai d’abord ce qu’il
érpïoit de la création du monde ; 8c
de la toute puiflançe de Dieu, à
quoi il repondit, qu’il croyoit que
Dieu étoit l’être des êtres 5 un efprit
troyance.de lumière,audeffus de la compre-
henfion de l’efprit humain , qu’il
étoit immenfe & prefent en tous
lieux, toüt puiffant & de toute éternité
, & qu’il feroit éternellement,
Conver-
fation a-
vec un
Prêtre
Guebre.
Leur
yeux ail deifus de la tête, & qu’ils
ne lui defeendirent fous le frpnt
qu’apf.ès qu’il eut mangé de cé fruit,
d’où il paroit qu’ils croiént qu’il
avoit la -vue tournée vers le ciel a-
vanf la chute, & puis vers la terre.
Il ajouta que s’étant enfuite prefenté
devant Dieu, le Seigneur lui demanda,
ce qu’il avoit envifagéau commencement,
à quoi il ¡répondit ,
qu’il avoit envifagé 'fon créateur j
& que Dieu lui aiant encore demandé
ce qu’il voioit alors, jl répondit
qu’il-fe voyoit lui-même dans
un état déplorable. Il me dit, qu’il
que rien ne lui étoit ..caché & nefe I ignoroit comment Adam 8c fa fem-
pouvoit faire contre fa volonté. Us mes’étoient comportez depuis, mais
favent auffi par tradition que quel- qu’il favoit bien qu’ils avoientmul-
ques Anges fe font rebellez contre tiplié leur efpece j & peuplé la teir-
Dleu, 8c lui ont voulu fairé la guer
re, qu’un de ces Anges, nommé Ab-
lies avant fa chute, & enfuite Zey-
loen, ou démon,ffit précipité dans
le Doefag, ou l’enfer, qu’ils fuppo-
fent dans le Centre de la terre. Us
re :qu’ilavoit paru, long-temsaprès'
cela,' .¡un Prophète qu’ils nomment
Zaer-fos , 8c que les Perfes prennent
encore aujourd’hui pour Abraham.
Que ce Prophète avoit recommandé
aux hommes de faire le bien 8c
difent que Dieu créa le Monde en] d’éviter le mal:, que les hommes:
T om . II. D d d 1 ‘ ' èif