iyoi.
13. Sept.
Nouvelle
lile .
Chantier
du Czar.
trouvé une fixiéme forte, vers les
côtes de la mer, nommés Lafatie-
Soegtfie, c’eft à dire Soegtfies cou-
chans, d’autant qu’ils demeurent
couchez ou allis dans leurs tentes
pendant tout l’hy ver. Elles font faites
de peaux de narwal-, & font
„couvertes de neige pendant 5 mois
de l’année. Ils y font provifion de
cepoiffon qu’ils fechent, êc n’en
forcent qu’au printems. On dit
qu’il y a quelques années que les
Samoiedes de ce pais-ci, trouvèrent
lefecretde bleiTer lebêcail des Mof-
covites, d’une pointe de fer déliée,
entre les petites côtes, ou dans les
oreilles, dont ces pauvres animaux
mouroient après avoir langui quelque
tems, & ceux-ci en profitoient;
.Cela aiant été découvert, on en
faiiit plufieurs, qu’on fit pendre,
les uns par les jambes, & les au*
très par les côtes, pour fervir d’exemple.
Nonobftant cela, ils recommencèrent
de nouveau l’hyver
paffé, & on les fit enfermer; mais
ils trouvèrent moyen de fe fauver,
ne laiifant après eux qu’un petit
enfant, que le Gouverneur de
la province a gardé, & fait bapti-
fer à la Rujfteme.
J’appris encore l à , pendant le
féjour que j ’y fis , qu’il n’y avoit
que fept ans qu’on avoit découvert
une ifle , au côté gauche de la
Chine, laquelle avoit été foumîfeà
l’obeiffance du Czar de Mofcovie,
bien qu’il faille plus d’un an pour
s’y rendre de Mofcou: Qu’elle a-
bondoit' en martes zibelines & autres
pelleteries, fans qu’on fût encore
fi elle ne produifoit point d’autres
chofes eftimables; & que les
peuples qui l’habitent reffemblent
à ceux, dont on vient de parler.
Le dix-huitie'me feptembre ilfur-
vint une grolle tempête,, qui ren-
verfa plufieurs toits de maifons,
J’étois à dîner chez le fieur Hout-
man fans fonger à ce qui devoit arriver;
Sc voulant fortir de la mai-
fon, il tomba à côté de moi quelques
poutres & quelques planches,
qui me firent rentrer au plus vite.
Comme on ne s’en étoit pas apper-
çu dans lamaifon, on fut fort fur-
pris de l’apprendre, & quelqu’un
étant monté au grenier on trouva la
meilleure partie du toit renverfé,
& nous rendîmes grâces à Dieu de
m’avoir confervé:
Le vint-cinquiéme , fur le midi,
il arriva 500, dragons de Mofcou en
quatre barques. C ’étoit un dimanche;
tout le monde accourut fur le
rivage, & comme les habitans é-
toient. parez, cela fit un allez agréable
fpeclacle.
. N os derniers vailfeaux partirent
le quatorzième octobre pour retourner
e.nHollande, &c parvinrent
heureufement en mer ; à la referve
de l ’Aigle blanche, qui donna contre
terre proche des prairies. Il fallut
en tirer la moitié de la cargai-
fon pour remettre levailfeau à flot.
On y auroit même trouvé de la
difficulté fi le tems eût été moins
beau. L e dix-neuvieme il fe mit en
mer avec les autres.
1701.
i8¿Septi
Grolfc
tempête.
Arrivée
de dragons
Ru£
liens.
Départ
des vaif-
féaux
pour la
Hollande.
C H A P I T R È . III.
Defcription ¿¿’Archangel. Abondance de vivres.
Produéiion des douanes ire.
T E Czar a un beau chantier
I 1 pour la conftruftion des vaif-
feaux, à une demi lieuë à’Archangel
à l’oueft , très-agréablement
fitué hors du grand chemin. Tous
les vailfeaux qui vont Si viennent
de la ville, paffent par devant. Il
y en avoit plufieurs à l’ancre, qui
attendoient les autres pour s’en retourner
de compagnie, lors que j ’en
fis le defiein , qu’on trouvera au
Num. 10. Ce chantier eft marqué
par
1701. par la lettre ; A. Qn yoit>. auffi dans;
19.0a., la riviere , au. bout, du terrain un
yailfeau ,;;. dont „le pont n’eft pas
encore achevé... Leyillage qui eft à
côté.,-,' marqué . de la lettre B , fé
nomme Strambol-, .
Archan- La villeà’ Archangel eftfituée au
*cI- nord-oueft de., la. MoJf.O'ùie ai}
nord-eft de la. Jfyoifyt.,. qui„XR' fe
décharger dans la. mer blanche,; à
6.,lieuës,dè-dè‘ Elle s’étend le long
de la .riviere;,,,; St., a environ trois
quarts de lieuë de long, & un quart
de large... .Son principal bâtiment
L e palais, eft le palais, qui . eft de pierre de
taille; divifé en trois.parties.. .Les
marchands étrangers ont leurs marchandifes.,
&, même quelques ap-
partemens,dans.la première, qui eft
à gauche en venant de la riviere. Il
y loge auffi des marchands qui, s’y.
rendent tous Les ans„ de Mofcou, en
attendant, le départ des . derniers
vailfeaux, qui rétournent,dans .leur
patrie.. Les.étrangers.,r qui.s.’y .rendent
tous,les ans,y demeurent de
même.;., mais peu après, le départ de1
ces vailfeaux, qui fe fait ordinairement,
au mois dloiftobre , ils, vont
loger ailleurs, jufques au tems de
leur r.etoùr..àMofcou, aüx.mois.de
novembre & de décembre, lorsque
les chemins, font propres à . aller en
traineau fur la neige, & que la glace
eft alfez forte pour paffer lès ri-
ya.eçêsvLe'
. En „ entrant dans ce palais., on
paffe par une grande, porté , d’où
l ’on va.dans une cour quarr.ée, où
fontlesjnagafins ,.. .à droite Se à gauche.
IL-y a une longue gallerie au
deffus, à laquelle on fe rend par
deux efcaliers , d’où l’on entre
dans.les appartemens., où logent les
marchands, ■ dont .on vient de parler.
La fécondé partiede.ee palais
a une porte femblable à celle de la
première, & on y trouve un autre
bâtiment, au bout duquel eft l ’hôtel
de ville, qui a plufieurs appar-'
temens. En montant quelques degrés,
on paffe dans une longue gallerie,
d’où l’on entre à gauche dans
'fribuhal le lieu, où fe tient le tribunal de
d e ju ft i- juftice, au deifus duquel il y a une
porte, qui donne .dans la ruë.- Les.
fentences de la juftice s’exécutent 1701.
dans ce palais ’, à la referve de celles i?- O&
sies perfonnes qui font condamnées
à ja mort, qu’on exécuté dans les
diiferens endroits marquez dans leur
fentence. On garde dans ce palais,
les, chofes qui appartiennent à fa
MajeftéCzarienne, qu’on met dans
plufieurs magafinsde bois & de
pierre;.,.confirait» pour cela, ;dont
les marchands fe fervent aufli quelquefois.
Quand on a paffé la troi-
fiéme porte on voit un autre' bâtiment,
deftiné pour les marchandifes
des RuJJiens, où leurs marchands
font auffi leur demeure ; mais ils ne
font, pas logés fi commodément que
les .étrangers. La placé qui eft de- ‘
vant ce palaiseftarfez large, & s’étend
jufques à la riviere.. Au tems
que les vailfeaux y arrivent en été.,
ôn fait deux grands ponts de poutres;
qùi; avancent dans pette rivière,
pour la commodité du transport
. des. marchandifes , qu’on y
charge & décharge, dans plufieurs
fortes de barques. Celles dont on
fe fert pour le tranfport du blé
font affez grandes;
„“ La citadelle, °ù demeure le Gou-, Cïtideilé
verneur, contient un grand nombre 9“,°
de boutiques, où les Rujfens, qui
s’.y. rendent au tems de la foire, ex-“
pofent leurs marchandifes. Elle eft
entoüréed’une muraille de bois, qui
s’étend jufques à la riviere.
Toutes les maifons de çqtte ville B3ti-
font de „bois ;. ou pour mieux dire
de poutres, fort pefantes ; jointes
enfembie, ce qui paroit fort extraordinaire
, par dehors. Cependant
on ne.laiffe pas. de trouver ,de beaux
appartemens. dans les principales,
fie fur tout dans celles, des marchands
étrangers.. Les. murailles en font é-
gales & unies par .dedans, revêtuës
de.planches, & les poutres ne fervent
qu’à foutenir le bâtiment. Il y
a ordinairement un poêle dans cha- Poêle, oa
que chambre, auquel ôn metlefeu
par dehors.' La-plupart font fort
grands;, Sé, çonfiruits .de ffianiere^
qu’ils .donnent dp.l’ornement à-la
chambre.. Les marchands d'Outrer
rrter.,. .c’eft:. ainfi . qu’on nomme les
chrétiens, .étrangers qui y demeu-
I •iÿélt,