
et cutanées,la pulmonie, la cécité, etc. Si la nourriture est mauvaise, et
consiste principalement en légumes secs, il résulte de ce régime prolongé
des dyssenteries qui ne tardent pas à devenir mortelles. Quand la punition
d’un coupable est bornée à une détention pour un temps déterminé, il
seroit dans l’esprit de la loi de combiner cette punition de manière qu’elle
ne détruisît pas la santé de cet individu. Les prisons mal construites et mal
organisées nuisent à l’état social sous beaucoup de rapports, et les prisonniers
qu’on habitue à.l’oisiveté ou à des travaux tels que la filature de la
laine et le sciage du bois de teinture, qui- ne peuvent leur servir lorsqu’ils
sont remis en liberté, restent souvent long-temps sans ressource. Il est donc
peu surprenant que l’on trouve en général les prisons peuplées de gens
qui y rentrent non-seulement pour la seconde, mais pour la dixième fois.
Plusieurs personnes s’imaginent que ceux qui ne sont condamnés qu’à
une détention plus ou moins longue, finissent par se repentir, en prenant
la ferme résolution de suivre une bonne conduite, et que ceux-là même
qui sont condamnés à mort font un aveu sincère de tout ce qu’ils savent,
dans l’espoir d’obtenir grâce dans l’autre monde. Mais l’expérience donne
à cet égard une solution bien différente. Nous ne nions pas que quelques
criminels ne se répentent véritablement. C’est ce qui arrive souvent quand
un homme a été entraîné à un crime par légèreté, par une passion malheureuse
, par la pauvreté et le besoin, par séduction , et par d’autres
circonstances extérieures très-pressantes. Si, par exemple,, une mère
déshonorée et abandonnée, dans un instant d’égarement et de désespoir,
porte une main tremblante sur son enfant qui vient de naître et le prive
de la vie, le sang innocent sé montrera toujours à ses yeux, et empoisonnera
tous les momens de son existence. Lorsqu’une fois le fatal concours
de circonstances est passé, les sentimens innés plus doux se réveillent.
Il se manifeste une contradiction totale entre lés dispositions naturelles
et le fait commis; et cette contradiction est ce qui constitue le repentir
ou la conscience naturelle. Charles Benzel, né de bons parens et avec un
penchant intérieur à la piété, avoit été bien élevé; aussi fut-il le seul, de
toute la bande de Schinderhannés, qui se repentit de sa conduite.
Mais celui qui est entraîné au crime par une propension intérieure,
éprouvera très-rarement un repentir naturel. Dans un homme semblable ,
les inclinations qui conduisent au mal sont dominantes ; elles composent,
en grande partie, son caractère propre; par conséquent tous les actes
qui émanent de lui sont en harmonie avec ses inclinations, et le contentement
de son ame en est rarement troublé. Ce côté de l’homme
dépravé pourra bien déplaire à plusieurs de ces hommes qui ne rêvent
que les grandeurs de l’espèce humaine. Mais que l’on épie l’usurier, le
libertin, le fourbe, et l’on verra que chacun d’eux ne se trouve heureux
qu en proportion qu il satisfait ses désirs. C’est en vain que l’orphelin
trompé, et que l’innocence séduite et abandonnée se consolent souvent
par 1 idée que le fourbe sentira un jour les remords de sa conscience*. Nous
avons, des notre jeunesse, fait l’observation triste et effrayante que ces
hommes pervers s enorgueillissent de leurs talens pour tromper et pour
abuser, et qu’ils pensent toujours avec un sentiment de volupté aux traits
marquans de leur vie criminelle. Allez dans les prisons, placez-vous au
milieu des détenus , n’ayez pas l’apparence d’un personnage en fonction,
afin de nétre pas trompé par un repentir simulé, et inspirez à tous ces
hommes de la confiance et de la franchise : avec quelle satisfaction intérieure
, avec quelle vanité, avec quelle joie d’avoir mal fait ils vous raconteront,
sans oublier les détails les plus insignifians, et leurs crimes et la
manière particulière dont ils s’y sont pris pour les commettre! Si quelquefois
un deux se donne la peine d’en parler avec une horreur feinte,
il lui échappe ordinairement un sourire malin qui montre son hypocrisie.
La plupart mettent tout leur esprit à faire les plaisanteries les plus gaies
sur les actions les plus atroces, et fréquemment dans l’instant même où
vous frissonnez d’horreur, ils éclatent de rire. Que l’on compte dans les
prisons tous ceux qui s’y sont fait renfermer de nouveau, on verra alors
combien peu se sont repentis !
Examinez enfin les grands criminels dans les procédures juridiques,
suivez-les jusques sur l’échafaud, avec quelle opiniâtreté quelques-uns ne
Lame du méchant desire le mal, et il n’aura point de compassion de sop-
prochain. Proverbes de Salomon, XXI, 10.