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290. Que , sans dispositions déterminées chez les hommes, l’ordre de
la société peut subsister, etc.
Tant que ces propositions n’auront pas été prouvées par des raison-
nemens et par des faits aussi positifs que ceux dont nous nous sommes
appuyés, nous serons en droit de regarder comme démontrée cette
vérité, que toutes les dispositions des propriétés de l’esprit et de l’ame
sont innées, et que leur manifestation dépend de l’organisation.
Nous allons maintenant répondre à ceux qui ont prétendu que notre
doctrine conduit au matérialisme et au fatalisme.
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SECTION IL
Du matérialisme, du fatalisme et de la liberté morale.
N o u s avons prouvé, dans la précédente section, par des faits incon-
testables, que les propriétés de l’ame et de l’esprit sont innées, et que
leur exercice dépend d’organes matériels. Nous avons démontré qu’aucune
autre hypothèse n’expliqueroit ni l’origine des qualités morales
et intellectuelles, ni les différens modes de leur manifestation. Mais
il y a un genro d’objections auquel n’échappent jamais les nouvelles
vérités, surtout quand elles peuvent conduire à de grandes
découvertes. L’ignorance , les préjugés, et souvent l’envie, se mêlent
de la dispute. Si l’on ne peut plus attaquer les principes d’une doctrine,
on tâche au moins de la rendre suspecte par les conséquences
dangereuses dont on l’accuse. Cela est arrivé dans tous les temps pour
chaque découverte.
Les sectateurs des différentes écoles de philosophie chez les Grecs
s’invectivoient mutuellement, et s’acCusoient d’impiété et de parjure.
Le peuple , à son tour, détestoit les philosophes, et accusoit ceux qui
cherchoient les principes des choses, d’attenter, d’une manière présomptueuse
, aux droits de la divinité. La nouveauté des opinions de Pytha-
gore le fit chasser d’Athènes ; celles d’Anaxagore le jetèrent dans les
prisons; les Abdérites traitoient de fou Démocrite, parce qu’il vouloit
découvrir dans les cadavres la cause de la folie ; et Socrate , pour avoir
démontré l’unité de Dieu, fut condamné à boire la ciguës
C‘est surtout Aristote et Descartes qu’il faut citer, quand on veut faire
connoitre l’influence des préjugés sur la bonne, et la mauvaise fortune