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qualités de l’ordre supérieur sont comprimées d’une manière extraordinaire,
au point que leur action ne puisse avoir lieu, tandis que celles de
l’ordre inférieur sont, au contraire, très-actives, alors la partie animale
de l’homme domine exclusivement, et la chair ou les désirs brutaux
tiennent en sujétion l’esprit ou les dispositions des propriétés supérieures
qui sont à peine ébauchées. Il arrive, avec une telle organisation pour les
fonctions de l’ame qui tiennent à un ordre supérieur, ce qui a lieu pour
chaque organe dont le développement est défectueux, c’est-à-dire qu’il
en résulte une imhécilité relative , et par conséquent l’incapacité d’agir
moralement, tandis que les penchans brutaux agissent avec la force la plus
énergique. Un tel individu se trouve dans la nécessité absolue d’agir uniquement
d’après l’impnlsion du penchant qui le domine, et son organisation
le met souvent moins en état de se dompter que ne l’est un animal
bien organisé. Cette imhécilité n’exclut pas toujours d’autres propriétés
bien actives qui sont communes aux animaux, telle que celle de la ruse;
de manière que ce même individu , tout en s’abandonnant à une inclination
coupable et irrésistible, semble, sous ce rapport, agir avec réflexion
et délibération. C’est par là que les idiots les plus stupides trouvent souvent
les moyens les plus adroits de satisfaire leur brutale lasciveté.
Telle étoit la position du jeune voleur dont nous venons de parler. Les
organes supérieurs n’avoient qu’un développement défectueux ; l’organe
d’une qualité malfaisante,au contraire, avoit acquis un haut degré de dé-
' veloppement et d’énergie, et cette qualité malfaisan te étoit encore secondée
par l’activité de la ruse. Cet homme étoit petit et trapu ; son front étoit très-
bas , déprimé en arrière, immédiatement au-dessus des sourcils très-
écbancrés, latéralement au-dessus des yeux, mais large et saillant vers
les tempes. Sa physionomie n’annonçoit aucune attention pour les choses
raisonnables; l’on n’y découvrit que la ruse et la malice. Etoit-il donc
bien difficile de conclure, de l’organisation de cet imbécile, qu’il devoit
être incorrigible?
Pour faire connoître cette espèce d’imbécilité qui exclut toute liberté
morale , nous montrons dans nos leçons le crâne d’un individu organisé
de la même manière. C’étoit un jeune homme de quinze ans, mort
dans la prison de Vienne. Dès son enfance, il avoit constamment volé
malgré les châtimens les plus sévères. Son crâne est mal conformé ,
et annonce une constitution originairement rachitique; un des côtés de
ce crâne est poussé en avant, et l’autre en arrière. Le front est très-peu
élevé et déprimé; les parties latérales antérieures des tempes sont larges,
mais 1 ensemble du crâne est petit. On peut le comparer, PI. X X V I , avec
celui d un homme doué des facultés de l’ordre élevé, PI. XXX. Quel effet
avantageux peut-on attendre des punitions et des maisons de correction sur
des demi-hommes de ce genre ? Nous avons vu dans la prison de Berne
un garçon de douze ans, mal organisé et rachitique, qui ne peut s’empêcher
de voler ; ayant ses poches, pleines de pain, il dérobe encore
celui des autres. A Haina, les préposés nous entretinrent long-temps
d’un voleur obstiné,nommé Fesselmayer, qu’aucune punition corporelle
n’avoit pu corriger. Il voloit dans la prison tout ce qu’il rencontroit, et
on lui avoit mis au bras un billot qui servoit de marque d’ignominie , et
qui avertissoit de se défier de lui. Avant de le voir, nous conjecturâmes
quelle devoit être son organisation. Notre attente fut confirmée au premier
coup d’oeil. Il paroissoit avoir environ seize ans, quoiqu’il en eût
vingt-six. Sa tête étoit ronde, et à peu près de la grosseur de celle d’un
enfant d’un an. Cet individu étoit en outre sourd et muet, ce qui arrive
fréquemment dans le cas de l’imbécilité.
Mais s’il n’y a rien à espérer de ces imbéciles, il ne s’ensuit pas qu’on
ait rien a en redouter. Il arrive souvent, au contraire, qu’ils sont très-
dangereux , surtout s’ils ont le penchant vers le sexe et celui de tuer à un
haut degré, de manière que la cause la plus légère mette ces penchans
en action. Nous avons cité dans le premier volume, p. 177, l’exemple
d’un jeune homme de quinze ans, qui, dans un accès brutal de lasciveté,
maltraita tellement sa soeur, qu’elle faillit en mourir. Nous avons aussi
parlé d’un autre idiot qui, après avoir tué les deux enfans de son frère,
vint le lui annoncer en riant; d’un troisième, qui tua son frère et voulut
le brûler en cérémonie ; d’un quatrième enfin, qui, au rapport de Herder,
ayant vu tuer un cochon, crut pouvoir égorger un homme et l’égorgea.
Nous avons vu dans une prison un jeune homme que personne ne regar