
chez les différentes espèces; et c’est précisément pour cela que chacune
a sou caractère propre. Je vais plus loin; j’accorde au- delà de
ce que M. Rudolphi paroît vouloir établir; j’accorde que les mêmes
organes sont différemment modifiés chez les différentes espèces. L’oeil
du chien diffère de celui du chat. Et voilà pourquoi chaque espece voit,
entend, et llaire, d’une manière différente; mais cela prouve-t-il
contre la pluralité des sens? En conclura-t-on que chaque sens
peut remplir les fonctions des autres ? La vu^e en est-elle pour cela
moins essentiellement distincte de l’ouïe , l’ouïe du goût ?
De même, sans contredit,la structure de différens organes cérébraux
internes est différemment modifiée chez les différentes espèces.
L ’organe cérébral du chant chez le rossignol a , sans contredit, une
structure différente de celui du merle et de la fauvette; 1 organe
de la construction du castor a une structure différente de celui du
loriot et de la penduline ; mais faut-il conclure de là que l ’aptitude
à la musique et l’aptitude à bâtir ne sont pas des facultés essentiellement
distinctes? Et n’en résulte-t-il pas plutôt qu’elles doivent
dépendre d’instrumens absolument différens? Comment se fait-il que
dans une espèce d’animaux, par exemple dans le moqueur , l’aptitude
à bâtir et l’aptitude à la musique existent à-la-fois , tandis
que, dans une autre espèce, comme dans le castor, l’aptitude
à bâtir existe sans l ’aptitude au chant ? comment se fait-il que, dans
le même animal, l’exercice de plusieurs facultés ou qualités continue
simultanément leur vie durant, tandis que l’exercice d’autres facultés
ou qualités est interrompu pendant des mois entiers? Pourra-t-on
expliquer ces phénomènes à l’aide d’un organe unique ?
Quant à l’éducabilité des animaux, tant qu’on ne sort pas du cercle
qu’ont tracé pour chaque animal , les organes dont il est doué,
personne n’en a une plus haute opinion que moi. Mais sortez de
ce cercle : enseignez au coucou à élever ses petits avec sollicitude ;
au chien à rester fidèle à une seule chienne; à l’émouchet et au cra-
peau volant à vivre en société; au hibou à chanter ; à la colombe à
aller à la chasse; essayez de faire du tigre une brebis, de la brebis
un tigre ; déshabituez le hamster et l’écureuil de faire des provisions0
et Je lapin de creuser des terriers, etc., etc.
Du reste,-ce que j’ai à dire contre cette objection de M. Rudolphi
rentre dans ce que j ’ai dit plus haut, en combattant l’irrésistibilité des
penchans; '.
T ro i s ième p r eu v e ph y s io l o g iq u e .
Les qualités et les facultés qui se touvent chez tous les individus d e '
IH1 esPèce> existent chez ces divers individus à des degrés très-
dmerens, ce qui ne peut s’expliquer que par le différent degré d’activité
des differens organes de ces qualités oji de ces facultés.
Tout le monde sait que les chiens ont en général les mêmes qualités
e les mêmes facultés; mais personne n’ignore que l’on rencontre telle
qualité et telle faculté en particulier, à un degré très-différent, non-
seulement chez les diverses variétés de chiens, mais même chez les
îfferens individus de la même variété. Le grand dogue, le chien de
boucher , le braque, le chien courant, le barbet , le carlin le
chien-loup, le lévrier, se distinguent entre eux, non-seulement par
leur forme, mais encore parleur caractère particulier, quoique tous
aient Je caractère général du chien.
Les individus de la même variété diffèrent également beaucoup entre
eux. Il n est pas de barbet, pas de chien d’arrêt, qui ait exactement les
mêmes qualités et les mêmes défauts qu’un autre barbet ou un autre
chien d arrêt. Dans la même portée d’une chienne, on trouve un petit
qui, des les premiers mois, décèle pour la chasse une ardeur extraordinaire
qu’il confirme plus tard par la docilité extrême qu’il montre au
chasseur tandis qu’un autre est incapable d’être dressé en aucune
maniéré; 1 un, dès l ’âge le plus tendre, conduit à des distances considérables
^retrouve sans peine le gîte, tandis que l’autre s’égare dans la
maison ou il est né. J’ai connu un barbet qui se mêloit à tous les combats
de chiens, et cherchoit partout l’occasion de se battre; on eut
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