
conduire à la connoissance des véritables sources de nos penchans
et de nos facultés, et par conséquent du premier mobile de nos
actions. Elles méritent donc la plus grande attention de la part des
instituteurs religieux et moraux, des philosophes, des juges et des
1 égislateurs.
L ’importance de ces questions qui a été généralement reconnue, a
donné naissance à un si grand nombre d’écrits^ qu il seroit impossible
d’éviter dans notre ouvrage la rencontre de quelques idées qui se
trouvent isolément dans d’autres auteurs ; mais, jusqu à présent, on n a
eu sur ce grand sujet que des matériaux épars ; les données memes ont
manqué pour en former une doctrine complète et bien suivie. Nous
nous proposons aujourd’hui de ranger par ordreles phénomènes, et d en
exposer les causes, en les prouvant par des faits positifs ; nous ne présenterons
pas de simples opinions, mais des vérités constatées qui
pourront dans tous les temps soutenir l’épreuve de l ’expérience, et
qui, par conséquent, doivent être d’une utilité permanente pour la
société.
Mais avant tout, pour que le lecteur ait toujours devant les yeux
le but que nous voulons atteindre, nous devons fixer 1 objet de ce
traité, en posant un principe déduit delà somme de nos expériences,
et qui est la base fondamentale de notre doctrine sur les fonctions du
cerveau : ' i91
Les dispositions des propriétés de l ’anie et de l esprit sont innées,
et leur manifestation dépend de Iorganisation.
Lorsque nous parlons de penchans innés et de facultés innées, ou
de dispositions innées, ou de facultés morales et intellectuelles innées
, nous ne voulons pas dire par là qu’il y ait des idées innées ,
ou des principes innés. Nos sensations et nos idées sont dues autant
au monde extérieur, par l’action intermediaire des sens, qu a nos organes
intérieurs ; et comme les impressions du monde extérieur sont
accidentelles, et doivent précéder la perception, les sensations et les
idées que font naître les objets déterminés de ce monde extérieur, par
exemple, un poisson, un oiseau ,ne peuvent pas être innées. On ne peut
pas non plus regarder comme innées les sensations, les idées ou les
notions déterminées dont les choses extérieures et les accidens forment
les parties intégrantes; et bien que les facultés et les penchans soient
innés, les idées déterminées qui concernent les objets du monde
extérieur, et qui naissent des facultés et des penchans qui agissent sur
les objets, ne sont pas innées. La faculté d’aimer, le sentiment du
juste et de l’injuste, l’ambition, la faculté d’apprendre les langues,
celle de comparer plusieurs sensations et plusieurs idées, de les juger,
et d’en tirer des conséquences, voilà ce qui est inné; mais les actes
déterminés de ces facultés ; tel jugement, telle comparaison, et telle
ou telle perception des objets, tout cela n’est pas inné. Ainsi qu’on
ne nous accuse pas de renouveler les erreurs anciennes sur les idées
innées et les principes innés!
D’un autre côté , quand nous disons que l’exercice des propriétés
de l’ame et de l ’esprit dépend de conditions matérielles, nous n’entendons
pas que ces facultés soient un produit de l ’organisation ; nous
ne confondons pas les conditions avec les causes efficientes. Nous nous
en tenons à l’observation. Nous ne considérons les facultés de l’ame
qu’autant qu’elles deviennent pour nous des phénomènes par le moyen
des organes matériels; et, sans nous hasarder au-delà des conditions
matérielles , nous ne nions et n’affirmons que ce qui peut être
jugé par l’expérience. Nous ne portons nos recherches ni sur le
corps inanimé, ni sur Taine seuls , mais sur 1 homme vivant, résultat
de l’union de l’ame et du corps. Nous ne demandons point, par conséquent,.
ce que sont les facultés en elles-mêmes; nous n’examinons
pas s’il faut les regarder uniquement comme les propriétés d’une
substance spirituelle, de l’ame , ou comme des propriétés de la matière
organisée. En un mot, nous ne cherchons pas à expliquer l’union de
l’ame et du corps, ni leur influence réciproque, ni comment cette
influence a lieu, soit par l’action immédiate de Dieu, ou par un fluide
éthéré, ou par une émanation divine. Que les âmes soient unies aux
corps plutôt pu plus tard; qu’elles soient douées de propriétés différentes
dans chaque individu, ou bien quelles soient entièrement sem