
C ontinuation des objections contre la seconde preuve pathologique.
Examen des idées reçues sur le dérangement des facultés de l’ame
ET DE l’eSPRIT,
Objection. *
4<l MM. Bérard et de Mpntègre citent d’un côté les observations de
M. Pinel et de l’autre ma propre doctrine sur les qualités morales et
les facultés intellectuelles, pour trouver une nouvelle preuve contre
la pluralité des organes, dans l’espèce de contradiction qui existe entre
ma doctrine, et les faits observés par M. Pinel..« D’une part, disent-ils,
M. Pinel a prouvé, par un ensemble immense de faits, que les manies
suivoient presque toujours les grandes divisions des facultés admises
par tous les métaphysiciens, ( l’attention , la mémoire, l’imagination,
le jugement ) ; que très-souvent l’une de ces facultés étoit lésée, les
autres jouissant de toute leur intégrité ; de l’autre, M. GaU lui-méme,
démontre par une métaphysique délicate et profonde , que ces facultés
générales ne peuvent pas avoir d’organes particuliers. Il faut conclure
de ces deux vérités incontestables, que la circonscription partielle des
facultés ne prouve nullement l ’existence des organes séparés 1 »,
Réponse.
Il est vrai que, p. 58 et suîv. de son ouvrage, M. Pinel laissant subsister
la division reçue des qualités et des facultés1, cite des cas où, selon lui,
chacune de ces qualités ou facultés étoit lésée isolément. Si ces qualités
et facultés existenten effet isolées,commeM. Pinel s’efforce de leprouver,
il faut de toute nécessité, que chacune d’elles ait son organe particulier
et propre. Mais existent-elles réellement ainsi ? et cela ést-il prouvé par
Un seul de tous les faits rapportés par ce savant? Les observations de
M. Pin el sont exactes ; il ne me reste donc qu’à prouver que dans aucun
des cas observés par lui, il y a une seule qualité ou faculté de lésée,
tandis que les autres subsistoient sans altération. L’examen que je vais
’ Dictionnaire des Sciences médicales , art. Cranioscopie, T. VII , p. 3io.
du c er v e a^. 437
entreprendre, prouvera en même temps combien la médecine a besoin
d’une meilleure philosophie de l’homme, d’une philosophie avec laquelle
aucun fait ne puisse se trouver en contradiction.
Lésions de la sensibilité physique dans l’aliénation
mentale
M. Pinel, §. 68 — §. 8 1 , comprend sous la sensibilité physique, les
impressions diverses que peuvent recevoir les nerfs des parties internes,
comme du coeur, des poumons, des intestins, des reins, de la matrice,
etc. Les symptômes de stupeur ou d’irritation nerveuse, qui
sont quelquefois les précurseurs de l’invasion de la manie ; par
exemple une chaleur interne extraordinaire, que ressentent les maniaques;
leur insensibilité contre le froid, le refus absolu qu’ils font de
toute nourriture, ou leur appétit vorace. Il y parle aussi de l’idiotisme,
tant complet que partiel ; de la fureur utérine, de cette effervescence
physique des organes générateurs, dans l’un et l’autre sexe, qui forme
souvent un des caractères distinctifs de l’aliénation. Tout cela nJa rien
de commun avec la division en question des facultés de l’ame.
Lésionjs de la perception des objets extérieurs dans
l’aliénation §|
Dans le §.82 il n’est question que de ce qui se passe dans l’intérieur
du malade pendant l’accès de manie , indépendamment du monde extérieur.
Dans le §, 83 M. Pinel fait le portrait d’un aliéné concentré en lui-
méme, et qui à cause de cela ne perçoit pas les objets extérieurs. Qui ne
voit que, dans ce cas, ce n’est point la faculté apperceptive qui est lésée,
et que le malade manque de diriger cette faculté sur les objets exté-
1 Sur l’aliénation mentale, p. 58— 70.
* Ibidem, p. 70 et suiv.