
rehaussent sans doute les charmes de la beauté; on doit, par conséquent,
donner à la plus belle des femmes une tête où l’existence de
ces qualités soit au moins possible.
6°. Quand la constitution physique se transmet des pères aux
enfans, ceux-ci participent dans la même proportion à leurs qualités
morales et intellectuelles ; e t , en général, lorsque la conformation
des organes de l’ame est semblable , les qualités sont semblables,
et lorsque la conformation est différente, elles diffèrent.
L’ensemble de cette proposition sera reconnu comme une vérité
démontrée à la fin de notre ouvrage. Il est certain que les animaux de
la même espèce , de même que les hommes , ont tous les parties
essentielles du cerveau conformées de la même manière , quelque
différence qu’ils puissent présenter dans les autres parties du corps.
Tous les cerveaux de la famille du chien sont organisés d’après un
même type, quoique dans les différentes espèces et variétés il y ait
quelque différence dans les proportions et dans le développement
des diverses parties de leurs cerveaux. Ce qui produit des modifications
dans les propriétés qui sont communes à toutes les espèces et à
toutes les variétés. Les différences accidentelles que présentent les
cerveaux des variétés et des individus , ont aussi pour résultats des
différences accidentelles dans les propriétés respectives. C’est tantôt
tel organe, tantôt tel autre qui est plus ou moins développé dans une
variété, dans un individu, dans un peuple ; et c’est ce qui produit
le caractère particulier des individus, des races, des nations. Il y a
long-temps que l’on espère pouvoir expliquer le caractère national
de tel ou tel peuple, en découvrant le caractère particulier de l’organisation
de la tête, qui seroit commune à tous les individus de cette
nation. Cela seroit sans doute possible, si l’on cherchoit dans un très-
grand nombre d’individus l’organisation propre , commune et uniforme
, au lieu de déduire, comme on l’a fait jusqu’ici, une conséquence
générale d’un très-petit nombre d’observations. On observe
de même que les formes caractéristiques de la tête se transmettent de
génération en génération dans les familles ; et c’est par là que certaines
facultés intellectuelles et morales de ces familles se propagent pendant
des siècles
Au reste, que la conformité d’organisation ait lieu par hérédité ou
par toute autre cause accidentelle, elle est accompagnée d’une conformité
de dispositions, de penchans et de facultés de l’esprit. On a observé
depuis long-temps que les frères et les soeurs qui se ressemblent le plus
entre eux, ou qui ressemblent le plus au père ou à la mère, se ressemblent
aussi dans les qualités de l ’esprit et de l’ame,autant que le permet
la différence de l’âge et du sexe. Nous connoissons deux jumeaux qu’il
est difficile de distinguer l’un de l’autre, et qui offrent une ressemblance
frappante dans leurs penchans et leurs talens. Deux autres jumeaux
on t, dans leurs personnes , beaucoup de traits de î-essemblance ; et,
depuis leur enfance , ils ont été unis par un amour extraordinaire.
Nous avons soigneusement comparé les différentes parties de leurs têtes.
Par-tout où le développement de leurs organes est à-peu-près égal, les
fonctions respectives de ces organes sont les mêmes ; dans les points où
la structure de leurs crânes annonce des organes différens, une différence
non moins sensible se fait aussi remarquer dans leurs facultés.
Mais s’il s’agit de jumeaux dont l’organisation soit dissemblable,
la nourriture, l’éducation, les exemples, les alentours ont beau se
ressembler en tout, il n’en résulte aucune ressemblance dans leurs
qualités morales et intellectuelles. Nous connoissons deux jumelles
dont la tête et la constitution physique diffèrent totalement. Dans
l’une, la nature semble n’avoir pensé qu’à développer les os et les
muscles; et dans l’autre, elle semble ne s’être occupée que du système
nerveux. Aussi la première est-elle d’une intelligence très-bornée,
tandis que la seconde est douée de brillantes qualités. Parmi deux
autres enfans jumeaux d’un sexe différent, le garçon ressemble à sa
' Fortes creanturfortibus et bonis
Est injuvencis, est in equis patrum
Virtus ; nec imbellemjeroces
Progenerant aquilce columbam. Horat. Carm. IV. od. 4.
II. 4