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Lorsque le développement des facultés a été tardif, c’est qu’avant
l’époque du développement , il existait une foiblesse de 1 encéphale,
une disposition à l’hydropisie, ou une hydropisie reelle du
cerveau, etc.
Ln traitant des dispositions innées, j’ai cité plusieurs exemples
qui.se rattachent à ce que je viens de dire; quand je traiterai delà
pluralité des organes, et des qualités fondamentales en particulier,
j’en citerai un plus grand nombre encore. Il n’est personne qui ne
conçoive que ces exemples ne s’expliquent que dans l’hypothèse que
le cerveau est la condition matérielle de toutes les facultés morales
et intellectuelles.
Septième preuve.
Ni le cerveau, ni le cervelet ne sont indispensablement nécessaires
à la vie automatique ou organique. La partie supérieure de,l’un et
l’autre hémisphère , la grande commissure des deux hémisphères ,
même plus de la moitié des hémisphères, tant du cerveau que
du cervelet, peuvent être entamés , détruits , par la suppuration
ou par l’hydropisie , comprimés, atrophiés , enlevés , sans
que la mort s’ensuive nécessairement, ou que les sens cessent toujours
de remplir leurs fonctions. On voit naître des enfans forts et
bien nourris, qui,vivent quelque temps, quoique primitivement tout-
à-fait privés de cerveau. Quelques animaux, des poissons, des insectes,
etc. sont doués d’une vivacité extrême, quoique leur encéphale
soit très-petit. L ’activité du cerveau est très-restreinte chez le
foetus contenu encore dans la matrice, et cependant, par comparaison
avec les autres périodes de la vie, le corps de l’enfant se développe
très-rapidement dans la mère. Pendant le sommeil, où le cerveau repose,
sous le .rapport de ses fonctions spéciales, le corps continue
de vivre, et toutes les fonctions de la vie organique se font parfaitement.
Dans les maladies mentales, où le cerveau éprouve fréquemment
des altérations considérables, les fonctions vitales continuent
souvent avec toute leur activité. Des insectes, des salamandres, des
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tortues décapités, continuent encore de vivre pendant assez longtemps
'.
Puisque le cerveau est manifestement organisé d’après les mêmes
lois que les autres systèmes nerveux; puisque c’est, sans contredit le
plus parfait de ces systèmes ; puisqu’enfin l ’exercice des fonctions de
l’ame n’est possible , qu’autant qu’il existe ; n’est-il pas absurde de
nier que le cerveau soit l’organe des qualités morales et des facultés
intellectuelles?
Huitième preuve.
Tout le monde sent que le travail de l’esprit a lieu dans la tête.
Les idées qui font naître des affections ou excitent des passions, ont
leur siège dans le cerveau. tJne trop grande contention d’esprit fatigue
et épuise principalement l’encéphale , et si elle est trop longtemps
continuée, elle le surirrite, et l ’on finit par croire, les yeux
fermés et dans l’obscurité, voir si distinctement des objets qui nous
semblent hors de nous, que l ’on a peine à se défendre de cette illusion;
il s ensuit des insomnies et enfin un dérangement mental plus
ou moins considérable. Lorsque l’on a des maux de tête, tout ce qui
fixe 1 attention, augmente les douleurs. Lorsque le cerveau estaffoibli
ou rendu trop irritable par suite d’une lésion, d’une maladie, ou
dune commotion violente, la moindre application cause des céphalalgies,
ou occasionne dans cette partie, une tension ou une chaleur
brûlante. Un homme, après être guéri d’une blessure du cerveau, conserva
une douleur sourde, une démangeaison et un sentiment de
torpeu|à l’endroit de la blessure: La moindre application augmentait
ce mal; la torpeur dans ce cas s’étÜndoit au côté opposé de la
tète ; si la contention d’esprit était prolongée, il éprouvoit des douleurs
de plus en plus aiguës, jusqu’à ce qu’enfin il tombât dans le
déliré, et se trouvoit paralysé de tout un côté.
* Sômmerring, Hirn-und Nervenlehre, p. 368, etc.