
entre autres, s’affoiblissent les premières. Successivement, tontes les
parties cérébrales s’oblitèrent plus ou moins ; 1 homme perd la force de
combiner un grand nombre d’idées , de saisir les rapports des objets et
la liaison de cause et d’effet; les nouvelles impressions glissent en quelque
façon, sur le cerveau épuisé, et le vieillard qui ne se rappelle plus
les événemens de la veille se complaît dans les récits diffus, et toujours
répétés , de l'histoire de sa jeunesse ; son état va en empirant, jusqu’à
ce qu’enfin il ne lui reste plus que des fibres cérébrales inertes , l’insensibilité
et la démence
Ce développement non-simultané des différentes parties cérébrales est
surtout visible dans ces individus qui font une exception à la régie ordinaire,
et chez lesquels certaines facultés se développent beaucoup plutôt,
ou beaucoup plus tard que de coutume, tandis que toutes les autres
suivent l’ordre habituel. Je rapporterai plusieurs exemples de ce genre,en
traitant des forces primitives, et de leurs organes ; j’en ai déjà rapporté
quelques-uns dans la section sur les dispositions innées \ Ce qu’il y a
de plus frappant dans tout ceci, c’est, je le répète, que les prodiges 1
1 « Une chose bien digne d’attention , et a laquelle nul anatomiste ne s est
arrêté, ( dit M. Richerand, élémens de physiologie, 7”. édition, 1. II, p. 127 ),
c’est que le cerveau du foetus , et de l’enfant qui vient de naître, paroît près-
qu’entièrement consister en une pulpe grisâtre , à tel point, que la substance
médullaire est difficile à y apercevoir. Seroit-il absurde de penser que la partie
médullaire du cerveau ne s’organise parfaitement qu’après la naissance, par le
développement des faisceaux de libres médullaires, au sein de ces masses de
substance grisâtre, qu’on doit regarde» comme le fonds commun d’où les nerfs
tirent leur origine, comme leur matrice, pour nous servir de l’expression du
docteur Gall?L’inactivité presqu’entière, la condition en quelque sortepassive
du cerveau , chez le foetus , ne rendoient point chez lui nécessaire 1 existence
de l’appareil médullaire, auquel paroissent confiées les plus importantes opérations
de l’intelligence ; ses rudimens existent chez le foetus à terme ».
Je prie le lecteur de comparer, avec ce passage, ce que je dis sur ce sujet dans
le premier volume de cet ouvrage, p. 241 et 242, et en divers endroits de ce voL
* Yoy. un grand nombre d’exemples semblables dans les enfutis studieux.
sont d’ordinaire, pour tout ce qui ne concerne pas leur talent éminent,
des enfans comme les autres.
Si le cerveau n etoit qu’un organe unique, tous les phénomènes dont
je viens de parler, pourroient-ils s’expliquer d’une manière satisfaisante?
Tous ces phénomènes se conçoivent, au contraire, très-bien du moment
où l’on admet la pluralité des organes. Dans cette dernière hypothèse,
l’on conçoit parfaitement, comment lés différentes parties cérébrales sont
astreintes à un certain ordre, tant dans leur développement que dans
leur dégradation ; l’on conçoit comment quelquefois un organe peut se
soustraire à la loi commune, et, dans son développement, devancer les
autres, ou rester en arrière.
J’ai eu occasion d’observer plusieurs jeunes gens, tant précoces que
retardés. Chez deux garçons , l’un de trois, l ’autre de cinq ans, qui l’un
et l’autre étoient complètement capables d’exercer les fonctions sexuelles,
je trouvai le cervelet, organe de l’amour physique, entièrement
développé , tandis que le reste du cerveau n’avoitque le développement
ordinaire à cet âge. Chez le jeune Américain, Colborn, connu par son talent
précoce pour le calcul, et chez deux garçons qui offroient une. anomalie
semblable, je trouvai également l’organe de la faculté prédominante,
développé d’une manière remarquable.M.Spurzheim aconfirméla
même observation sur une jeune fille qu’il vit à Londres; et ell e s’applique
à tous les enfans précoces. Nous observons l’inverse chez les sujets qui
sont restés en arrière pour une faculté. Dans mes leçons, j’ai coutume
d’appuyer ce que j’avance ic i, en présentant à mon auditoire, soit des
sujets vivans, soit des plâtres.
Objection.
M. Rudolphi pense que le développement non simultané des qualités
et des facultés peut s’expliquer autrement que par le développement
des organes qui auroit lieu aux époques correspondantes. « L ’enfant,
dit il, commence par recevoir des impressions; ce n’est qu’après qu’il
a beaucoup vu, ou beaucoup lu, qu’il peut commencera comparer et