
l ’ensemble de ses parties essentielles, comme organe indivisible et condition
principale de l’exercice des facultés intellectuelles? Des différences
primordiales dans les tempéramens, soit généraux, soit partiels,
entraînant avec elles des variétés infinies dans l’influence que chaque
organe de l’économie exerce sur tous les autres, et par conséquent sur
le cerveau, permettent de concevoir fautant que cela est possible), les
différences primitives des propriétés de l’ame, et de l’esprit, sans recourir
à l’existence d’un organe spécial pour chaque faculté ou penchant
» '. ■
Réponse.
Dans cet ouvrage, j’ai prouvé en général qu’il faut admettre la pluralité
des organes; en traitant des facultés fondamentales, je prouverai
qu’il faut admettre un organe spécial pour chacune de ces facultés.
Tous les organes, tant de la vie végétative que de la vie animale, peuvent
éprouver dès altérations par des maladies, par le temps, etc.; mais
aucun d’entre eux ne peut être converti en un autre organe. Jamais le
coeur ne sera changé en estomac, ni le foie en conduit intestinal. Jamais
un sens n’échangera ses fonctions contre celles d’un autre sens. L ’on ne
peut pas déduire davantage d’une même source, ni les penchans ni lés facultés
en général, n i, en particulier, le penchant à l’amour physique et
la vanité, la mémoire des noms et le talent poétique. «A quoi bon multiplier
sans nécessité les rouages de la machine animale » ? Cette objection
rebattue est née de la vanité et de la suffisance. On tenoit le même
langage contre les découvertes des physiciens à l’époque où l’on expli-
quoit tous les phénomènes de la nature à l’aide de quatre élémens. Le
naturaliste cherche ce qui est, et s’enquiert fort peu de ce qui paroît
nécessaire ou superflu au sophiste oisif.
J’ai prouvé , ci-dessus *, que la doctrine suivant laquelle le tempérament
détermine les qualités morales et les facultés intellectuelles, ne
peut plus tenir de place que parmi les anciens préjugés,
' Ibidem, p. 168.
■ Page 245 et suiv,
DU CERVEAU, 4 ^ 3
Les observations de M. Séné contre la doctrine de la pluralité des
organes sont donc sans la moindre importance.
De la v e i l l e , du somme i l, des rêves et du somnambul i sme,
EN TANT QUE CES D IFFÉ RENS ÉTATS CONFIRMENT LA PI, U R ALITE
DES ORGANES '.
De la veille.
Pour ne pas laisser d’obscurité, je suis obligé de répéter ici une partie
de ce que j’ai dit ailleurs* sur la différence de la vie végétative et delà
vie animale. La vie végétative, chez les animaux et dans l’homme, ressemble
absolument à la vie des plantes. Toutes ses fonctions ont lieu
sans conscience et involontairement. Toutes les fonctions de la vie
animale, au contraire, se font avec conscience, avec perception, avec
aperception, et l’animal et l’homme ont la faculté d’agir volontairement
sur les organes de la vie animale.
On demande maintenant : qu’est-ce que la veille ? La veille est l ’état
dans lequel les impressions accidentelles, venues soit du dehors soit du
dedans, sont aperçues, où il est possible à l’animal d’agir volontairement
sur les organes de la vie animale. Je ne dis pas que, durant la veille,
tous les organes de la vie animale sont nécessairement en action. Seulement
l’animal ou l’homme ont, tant qu’ils sont en santé, et qu’ils veillent,
la faculté de faire agir volontairement chacun de ces organes.
Lorsque tous ces organes, ou une partie d’entre eux, sont en activité
sans la volonté de l’individu, on dit suivant le degré de cette action involontaire
ou suivant sa durée, que l’individu est dans un état d’ivresse, de
délire, d’exaltation; qu’il est plus ou moins complètement aliéné, qu’il est
dans une manie complète ou partielle ; ou bien qu’il rêve sans dormir.
' Quelques-uns de mes lecteurs trouveront peut-être ce chapitre trop court,
mais ils voudront bien ne pas oublier que je ne traite ici des matières qui en
font l’objet qu’en tant qu’elles fournissent des preuves en faveur de la pluralité
des organes.
* T. I, p. 79 et suiv.