
sensation qu’il compare à une fluctuation d’eau chaude. Il n’a jamais
d’évacuations alvines que par le secours de l’art ; il dort très-peu, et le
moindre bruit le réveille ; son crâne est entièrement ossifié
M. le docteur Spurzheim a vu un autre hydrocéphale très-remarquable;
c’est une fille de douze ans. Dans sa nuque, pend un sac
membraneux , rempli d’eau limpide, et qui communique avec l’hydrocéphale.
Cette fille entend et comprend très-bien tout ce qu’on lui
dit, mais elle ne peut pas parler. Cet observateur a rencontré jusqu’à
présent, en Angleterre, cinq hydrocéphales qui jouissent de leurs facultés
intellectuelles.
Yoilà donc des hydropisies cérébrales, ou des hydrocéphales considérables
et en partie extraordinaires qui n’ont point empêché la mai
nifestation des facultés intellectuelles. Dans tous ces cas, il existoit,
comme on l’admet, en conséquence des lois physiologiques connues, et
comme je le croyois autrefois moi-même, une dissolution, un tiraillement,
un déchirement,une compression, un écrasement du cerveau;
malgré tout cela, la manifestation des facultés intellectuelles subsiste :
pourrai-je soutenir encore que le cerveau est l’organe de l’ame ?
La solution de ces difficultés ne doit pas embarrasser ceux de mes
lecteurs qui ont lu avec attention notre section sur la structure des
cavités et des circonvolutions cérébrales, et sur leur déplissement, tant
naturel qu’artificiel. Ils se rappelleront que les fibres médullaires du
cerveau se prolongent perpendiculairement au-dessus des cavités cérébrales;
que constamment deux couches de ces fibres forment une circonvolution
, de façon qu’une circonvolution n’est autre chose que
deux couches nerveuses agglutinées, dont chacune se prolongeperpen-
diculairement en partant de la périphérie extérieure des cavités cérébrales
, recouvertes d’une couche de susbstance grise, épaisse à-peu-près
d’une ligne. Si donc une quantité considérable d’eau agit dans les
cavités cérébrales, elle écartera peu à peu les deux couches perpendiculaires
de chaque circonvolution , de sorte que celles-ci se trouveront
à la fin déplissées jusqu’à leur sommet, PI. LV,fig. I.De cette manière,
elles s’applatissent à furet mesure que l'eau les pénètre; cl lorsque le déplissement
est à son maximum, elles ne forment plus qu’un même plan ’.
Ce que je viens de dire peut faire concevoir comment il est possible
que lé cerveau qui, au-dessus de ses cavités, ou comme appendice des
soi-disant corps striés, forme des masses médullaires si épaisses, peut
être distendu en une poche membraneuse, dont les parois n’ont guère
plus d’une ligne d’épaisseur. C’est précisément cette apparence membraneuse
du cerveau ainsi déplissé, qui a induit Zacutus Lusitanus et
d’autres, à n’y voir qu’une double membrane vasculaire; et d’autres
anatomistes encore également peu attentifs, à n’y voir qu’une membrane
vasculaire (pie-mèreJ épaissie. ■
Comme donc dans ce cas,il n’y a que pression exercée par l’eau, et
distension médiocre, et nullement destruction des fibres cérébrales ;
comme les fonctions de ces fibres qui ont passé de la direction verticale
à la direction horizontale, ne dépend pas du tout de leur situation, l’on
conçoit que l’exercice des facultés intellectuelles peut continuer dans
les hydrocéphales %
1 Voy. les développemens de cette matière dans notre réponse au rapport de
la première classe de l’Institut, et T. I, Anatomie du cerveau.
* Sir Evrard Home attribue l’abolition des fonctions du cerveau, dans les
hydrocéphales, à l’absorption delà substance encéphalique. Le sujet de l’observation
qu’il cite, est un enfant qui mourut à six ans, et dont le cerveau ne
pesoit que deux à trois onces trois gros , tandis que dans l’état de santé le poids
du cerveau d’un enfant de six à sept ans est de deux livres douze onces.
L’observation dé Sir E. Home, prouverait en faveur de son opinion, si les cerveaux
de tous les enfans du même âge avoient un poids égal; mais les cerveaux
tant des enfans que des adultes à âge égal, diffèrent de poids comme de volume.
Sir E. Home, après avoir établi, à ce qu’il croit, que la masse cérébrale dans
les hydrocéphales est dissoute par l’eau, finit ainsi ses réflexions :
« Les faits précédens démontrent d’une manière satisfaisante, que le cerveau
est formé de circonvolutions minces, de substance médullaire et corticale, enveloppant
les deux ventricules latéraux ; que ces circonvolutions se déployent
à mesure que les cavités de ces ventricules augmentent, et' que dans cet état
dedéployement les fonctions dépendantes de cette portion de l’organe, peuvent
très-bien s’exercer »■.