
cet organe. Or ce que nous allons citer est en contradiction évidente
avec ce qui précède. M. le professeur Ackermann dit, dans son paragraphe
^3 : La manifestation des facultés dépend, seu lem en t en g r a n d e
jp a r tie , des o r g u e s p a r fa item e n t d é v e lo p p é s y quand la manifestation des
facultés n’a pas lieu pendant lo n g - tem p s , les organes ou les dispositions
doivent diminuer su c c e s s iv em e n t, et enfin disparoître entièrement. Il
admet donc ici que la naissance des organes, leur existence et leur perfectionnement
sont antérieurs à la manifestation de leurs facultés. Il ne
regarde donc pas l’organe et la manifestation de la faculté comme étant
une même chose. Ce n’est plus dès seuls organes qu’il fait dépendre les
facultés, il les en fait seulement dépendre en grande partie ; et pour que
l’action puisse s’effectuer, il admet encore d’autres conditions. Enfin il
avoue que les organes ne diminuent successivement que quand ils ont été
long-temps inactifs.
M. Ackermann ne se contente pas de confondre à chaque moment la
disparition totale des organes avec leur diminution ; il regarde encore de
simples altérations et des maladies d’organes, tels que l’endurcissement
et la paraly sie, comme étant la même chose que l’anéantissement complet
d’un organe, et prend l’effet pour la cause; car dans ces cas la cessation
des fonctions est une suite, et non la cause de la maladie.
Enfin tous les faits assignés par M. Ackermann sont faux. Sans exercice
dit-il, aucun organe ne pourroit naître ni subsister, quoique peu auparavant
il ait dit qu’ils naissent et subsistent long-temps sans exercice. Tous
les animaux et tous les enfans ne naissent-ils pas avec plusieurs organes
et avec des sens, quoiqu’ils n’aient pu les exercer dans le sein de la mère?
Dans toutes les périodes de la vie, les organes se perfectionnent avant
•qu’ils puissent remplir leurs fonctions ou s’exercer. Ils existent donc très-
bien sans aucun exercice, ou sans remplir aucune des fonctions qui leur
sont propres. Les muscles de l’oreille extérieure se trouvent encore chez
tous les hommes, quoique depuis des siècles ils ne s’exercent que dans un
petit nombre d’individus. C’est ordinairement par hasard et après avoir
vécu trente à quarante ans sans user de cette faculté, que l’on apprend que
l’on peut mouvoir les muscles de l’oreille extérieure, ou la peau du sommet
de la tête. Ainsi il 11’y a qu’erreur et contradiction dans toutes les objections
de M. le professeur Ackermann.
M. Kurt Sprengel, célèbre par les éminens services qu’il a rendus aux
sciences, nous a aussi adressé des objections sur l’irrésistibilité des actions ‘.
Nous aurions souhaité sincèrement, pour l’honneur de la littérature allemande,
qu’un savant aussi distingué n’eût parlé de notre doctrine que lorsqu’il
auroitété à même d’en connoitre l’esprit et l’ensemble, autrement que
par des ouï-dire. Il a dû arriver à M. Sprengel ce qui arrive à tout homme instruit
qui veut combattre une doctrine nouvelle avant qu’il la çonnoisse dans
toute son étendue. Même en alléguant les conséquences qu’il croit dériver
de cette doctrine , il ne peut s’empêcher de rendre hommage aux vérités
qui en font la base. M. Sprengel fait dépendre les facultés de l’esprit et de
l’ame en partie du cerveau, en partie du tempérament. Cette dernière et
ancienne erreur s’est maintenue jusqu’à présent parmi tous les physiologistes;
tous parlent encore des diverses qualités de l’esprit et de l’ame qui
doivent résulter de tel ou tel tempérament. Les physiologistes les plus
récens ne se font aucun scrupule d’avancer que l’homme doué d’un tempérament
sanguin veut en vain renoncer aux voluptés des sens, avoir
des goûts fixes et durables, atteindre par des méditations profondes aux
plus abstraites vérités ; que, dominé par ses dispositions physiques, il
sera incessamment ramené aux plaisirs qu’il fuit et à l’inconstance qui fait
son partage M. Sprengel vante les avantages de l’esprit quand il habite
un corps sain. Il reconnoît, avec nous, que la santé est nécessaire pour
que les fonctions intellectuelles puissent se faire convenablement. Une
trop grande irritabilité, dit-il, a pour conséquence des jugemenserronés,
une imagination ardente, une mémoire fidèle, un esprit fin, de l’irrésolution
, de l’inconstaüce, une tristesse profonde, et une gaîté désordonnée.
Le caractère voluptueux du beau sexe vient de la délicatesse de sa constitution
physique; le tempérament mou produit une mémoire foible,