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développent, et qu’ils s’oblitèrent; qu’ils sont présens et absens. Quoique
tout ceci résulte nécessairement des faits annoncés, cela ne s accorde
nullement avec la structure délicate de ces organes ».
Réponse.
De ce que telle qualité ou telle faculté peut être perdue et recouvrée
isolément, sans que la perte ou le recouvrement des autres qualités ou
des autres facultés s’ensuive; de ce que certaines qualités ou certaines
facultés peuvent être alfoiblies ou exaltées par la maladie de parties
autres que les parties cérébrales, mais dont l ’influence sur le cerveau
est cependant hors de doute, il faut conclure précisément, que chaque
qualité ou chaque faculté particulière est dépendante d’un organe particulier.
C’est une idéeoriginale que celle de ces organes qui disparoissent,
lorsque leurs fonctions cessent, et reparoissent, lorsque les fonctions reprennent
leur activité. Les instrumens des sens, les organes des mouve-
mens volontaires., et le cerveau tout entier disparoissent-ils pendant le
sommeil ou pendant une défaillance , où les fonctions de toutes ces
parties sont interrompues? L’oeil disparoît-il dans une cécité éphémère
causée par des vers? Il n’y a aucun doute qu’il ne s’opère des change-
mens dans les organes, lorsque l’activité de leurs fonctions est diminuée,
à l’époque des années climactériques, parles maladies, par la variation
des saisons, par des actions du dehors quelconques; j’ai démontré
ailleurs qu’il en est ainsi; mais cela ne prouve rien contre leur pluralité.
Objection.
3» « A suivre le raisonnement de M. Gall, dans toutes ses conséquences,
(disent MM. Bérard et de Montègre) ', on multiplieroit les
organes à l’infini, puisque les idées maniaques sont infinies. Male-
branche, qui voyoit un gigot pendu à son nez1, et qui jouissoit d’ailleurs
d’une raison supérieure , avoit donc un organe correspondant à cette
' Dictionnaire des sciences médicales, T. VII , p. 3io et 3i 1.
idée ? Ceux qui se croient transformés en vers, en animal, ont donc les
organes particuliers de ces idées........ »
«Les manies partielles sont souvent déterminées par une idée morale
qui prend une fixité vicieuse, et se guérissent par des idées opposées:
or, ces faits si communs ne s’accordent nullement avec la théorie des
organes différens. Enfin, il est des faits qui démontrent que cette théorie
est vicieuse. Tous les sens sont sujets à des hallucinations particulières
à des manies partielles : dira-t-on qu’il y a différens organes des sens'
dans*m seul? L’estomac est sujet, dans le plica, à des goûts particuliers,
à des idées (s’il est permis de le.dire), délirantes partielles :
admettra-t-on dans 1 organe du goût un organe pour les fruits, un second
pour les substances végétales ou animales, et ensuite des sous-
divisions infinies? Quand une femme en couche ou dans d’autres états
particuliers, désire ardemment des pommes, des poires vertes, faudra-
t-il admettre un organe du goût pour chacun de ces objets? Celle qui
avoit le désir singulier de mordre l’épaule d’un de ses voisins, avoit-elle
un organe analogue dérangé? Il suffit, je pense, de considérer tous ces
faits dans leur rapprochement, pour voir qu’on doit les rapporter
toujours, non à la différence des organes, mais à une loi essentielle de
là sensibilité qui, dans un même organe, peut revêtir mille formes différentes
».
Réponse.
Tout ce qu’il y a de vrai dans cette objection, est entièrement à l’avantage
de la pluralité des organes, MM. Bérard et de Montègre comparent
les fonctions des sens à celles du cerveau. Tous les sens, disent-ils,sont
sujets à des hallucinations particulières et à des manies partielles t
ils parlent des goûts particuliers et d’idées délirantes partielles d'un
estomac malade et des envies de femmes grosses ; ils accordent en
même temps, que ces variétés des fonctions des sens sont infinies; mais
ils n’en tirent nullement la conclusion, que les instrumens des sens
doivent pour cela être innombrables aussi. De quel droit donc prêtent-
ils à ma doctrine la conséquence forcée que les organes du cerveau
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