
les soi-disant corps striés, et tout l’hémisphère gauche étoient affaissés
et diminués de moitié. Planche LII.
Comme donc l’état d’un hémisphère du cerveau peut être tout différent
de celui de l’autre ; cette différence doit s’étendre aux fonctions
de ces hémisphères ; et comme tous les organes des facultés primitives
de l’ame sont doubles, il est possible que dans les maladies et les lésions
du cerveau les plus graves, toutes celles des facultés subsistent dont
les organes n’ont pas été paralysés ou détruits en même temps des
deux côtés.
Ma doctrine sur les fonctions du cerveau seroit plus que compromise,
si ce que MM. Bérard et de Monlègre affirment dans le passage suivant
étoit seulement possible. « Enfin, d’après des expériences, et surtout
des faits pathologiques, le cerveau peut être détruit successivement
dans toutes ses parties, les fonctions de la vie animale se maintenant
dans leur intégrité, du moins un certain temps ; ce qui démontre que
toutes les portions du système nerveux peuvent jusqu’à un certain point
se suppléer mutuellement les unes les autres » '.
Voilà ce qui s’appelle non-seulement terrasser d’un seul coup toute
ma physiologie du cerveau, mais encore détruire la possibilité d’une
physiologie du cerveau quelconque. Ce sont apparemment les expériences
de Zinn, d’Arnemann, de le Gallois, etc., qiii fournissent à MM. Bérard
et de Montègre, un corrolaire aussi fécond. J’ai montré plus haut, comment
il faut juger de semblables mutilations violentes, dont les auteurs
confondent toujours les phénomènes dus à l’irritabilité avec ceux de la
sensibilité; il y a plus, dans ces expériences if n’est jamais question de
la moindre qualité morale, ni de la moindre faculté intellectuelle ; et,
qui en effet pourroit être entêté au point d’attendre encore la plus petite
manifestation d’une aptitude ou d’un penchant innés, de la part
d’un animal dont on a mutilé ou entièrement extrait le cerveau ?
Je promets à MM. Bérard et de Montègre, de renoncer à toutes ces
découvertes si chagrinantes pour eux, dès l’instant qu’ils m’auront rendu
’ Dictionnaire des Sciences médicales, T. VII, p. 3i8 , art. Cranéoscopie.
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témoin d’une seule expérience dans laquelle toutes les fonctions de la
vie animale, et par conséquent toutes les facultés intellectuelles, et
toutes les qualités morales subsistent pendant une seconde seulement,
soit chez un animal, soit chez un homme dont on aura détruit peu à peu
le cerveau dans toutes ses parties.
Et les faits pathologiques? viendront-ils encore me parler des monstres
nés sans cerveau? Mais qu’on me fasse eonnoütre les facultés intellectuelles
et les qualités morales de ces monstres!
Me citeront-ils les effets magiques produits par le magnétisme ? Dans
ce cas, je les renvoie à la section sur la différence des nerfs ' ; là, j’ai prouvé
que chaque système nerveux a sa sphère d’activité propre dont il ne
peut sortir. Mais je renonce encore à ces argumens à l’instant même où
ils me montreront un somnambule qui voie avec le nez, et qui entende
avec les doigts, un clairvoyant qui fasse une découverte en anatomie
ou en physiologie.
Des cas où Von n’a pas trouvé de cerveau du tout, ou bien dans
lesquels on prétend qu’il avoit été dissous ou désorganisé par l ’eau
amassée dans le crâne, sans que pour cela Vexercice deS facultés
mentales cessât d’avoir lieu.
A-t-il jamais existé des têtes sans cerveau?
Duverney ne trouva dans un crâne que de l’eau et pas du tout de substance
cérébrale, Zacutus Lusitanus1 a vu un enfant sans cerveau qui vécut
trois ans, mais il trouva les méninges doubles. D’autres anatomistes
racontent des faits semblables, et dans nos voyages nous avons rencontré
des physiologistes qui étoient encore persuadés qu’il peut exister des
’ T. I. p. 127, édit. in~4°., et p, 91 édit. m-f°.
•Liber. I, Observatio III.