
avons cité des sujets doués d’un grand esprit d ordre ; d autres^ qui
avoient un penchant irrésistible à voler , à incendier, à assassiner;
d’autres encore qui étoient dune lubricité sans égale. Une tête quia
une périphérie de dix-sept pouces, et à-peu-près onze pouces, depuis
la racine du nez jusqu’au trou occipital, contient moitié autant de
cerveau que celle qui a vingt pouces de périphérie, et treize à quatorze
pouces de la racine du nez au trou occipital, et trois fois autant que
n’en a un imbécile de la première classe
Les têtes de dix-huit pouces, à dix-huit pouces et demi, sont encore
de petites têtes, quoiqu’elles permettent un exercice régulier des facultés
intellectuelles; elles emportent une triste médiocrité, un esprit
servilement imitateur, la crédulité, les superstitions, ce genre de
sensibilité qui , pour un rien, est au comble de la joie ou dans les
larmes, un jugement peu sûr, une extreme difficulté de saisir le îap-
port de cause et d’effet,le défaut d empire sur soi-même, et souvent,
ce qui est fort heureux, peu de besoins.
Avec ce degré de développement, il peut cependant exister déjà des
qualités ou des facultés distinguées, parce que plusieurs organes particuliers
peuvent être développés à un haut degre , ainsi que cela se
rencontre quelquefois chez des enfans en bas âge, de l’un et de l’autre
sexe. Ce sont là de ces personnes chez lesquelles 1 on remarque le contraste
frappant entre une faculté saillante et une inconcevable médiocrité
de toutes les autres.
Mais à mesure que nous nous rapprochons des cerveaux plus considérables,.
nous voyons prendre aux facultés intellectuelles plus de-
tendue, j usqu’à ce que nous soyons parvenus aux tetes de vingt-un a
> Que l’on juge maintenant, combien peu restent fidèles à la nature, les
artistes qui, d’après des proportions imaginaires du beau, donnent àleurs statues,
et surtout à leur Vénus , une tête si petite. Ces artistes , ainsi que leurs-
admirateurs, sont bien éloignés de connoitre les lois de l’influence du cerveau
sur l’exercice des facultés intellectuellesvingt
deux pouces de périphérie , terme où l ’homme a atteint toute la
portée de son intelligence '.
Quelques sculpteurs anciens, comme nous l’avons déjà fait observer
plus haut, paroissent avoir senti cette vérité; ils donnoient à leurs philosophes,
à leurs héros, à leurs dieux , à leurs souverains pontifes, des
têtes beaucoup plus grosses qu’à leurs athlètes et à leurs gladiateurs.
Leur Jupiter se distingue surtout par les grandes dimensions de sa
tête ; quelle différence à cet égard, entre un Jupier et un Bacchus!
Que l’on ne croye pas que ce n’est qu’accidentellement, qu’une tête
de dimensions considérables coïncide de temps en temps , avec un
génie distingué. Quoi que l ’amour-propre puisse objecter , la loi est générale.
Je n’ai rencontré, ni dans l’antiquité , ni dans les temps modernes,
aucun homme d’un génie vaste, dont la tête ne dût être rangée
dans la dernière classe que je viens d’établir, surtout si l’on fait attention
au grand développement du front. Que l’on considère les bustes et
les.gravures d’Homère, de Socrate , de Platon, de Demosthènes, de
Pline , de Bacon, de Sully, de Galilée, de Montaigne, de Corneille, de
Racine, de Bossuet, de Newton, de Leibnitz, de Locke, de Pascal,
de Boerhave, de Haller, de Montesquieu , de Voltaire, de J.-J. Rousseau
, de Franklin«, de Diderot, de Stoll, de Kant, de Schiller, etc.
On nous a objecté plus d’une fois, et surtout à Paris, que Voltaire,
malgré son vaste génie, av.oit la tête petite, et que souvent l’on voit
des personnes d’un esprit très-borné, avoir une grosse tête.
Dans le fait, la boîte osseuse de la tête de Voltaire, et particulièrement
sa partie antérieure, a des dimensions très-considérables; mais
Voltaire avoit la figure petite, et voilà ce qui fait illusion. On me fit la
même objection à Vienne , au sujet du poète Blumauer. Blumauer
avoit également la face petite, mais son crâne est l’un des plus grands
qui se trouvent dans ma collection.
1 Les deux dimensions ci-dessus , ne déterminent pas encore exactement la
masse du cerveau ; car, en s’en tenant à ces mesures, on néglige les parties cérébrales
placées à la base du crâne, au haut du front, et à la partie latérale supérieure
de la tête.