
444 P H Y S I O L O G I E
de la circonspection, de l'orgueil, de la dévotion, du penchant au
meurtre ; et tous ces sentimens et toutes ces idées peuvent être ramenés
à leurs puissances fondamentales, à la circonspection,au sens de l’élévation
ou de la fierté, au sens de la moralité, et au sens.d.e destruction.
Il n’est donc ici question en aucune manière de l’imagination, ni lésée,
ni subsistant dans son intégrité.
Que deviennent enfin les observations de M. Pinel, si en effet les
facultés de l’ame que l’on admettoit jusqu’ici, ne sont pas ce que l’on
pensoit; si, comme l’enseignent quelques philosophes modernes, toutes
ces facultés peuvent se réduire à l ’entendement et à la volonté, l’attention
, la comparaison, le raisonnement, le désir, le discernement,
la liberté, ou bien à une simple modification des sensations ' ?
Plus bas, M. Pinel traite des passions, des secousses qu’éprouve le
caractère moral, et des çhangemens qu’il peut subir dans l ’aliénation.
Dansles §§, 116 — i i9 e t i3 i — i 34, il prouve, de nouveau, combien
les lésions de la volonté peuvent être distinctes de celles de l’entendement,
quoique souvent aussi ces deux facultés soientléséesà la fois.
En outre, il cite des exemples d’exaltation d’organes, dont la trop
grande activité involontaire devient nuisible à l’ordre de la société, par
exemple , lorsque certaines facultés fondamentales dégénèrent en penchant
au vol, en esprit querelleur, en penchant au meurtre, en lascivité
désordonnée, etc. Quelques-uns des exemples en question concernent
un affoiblissenient général de tontes les facultés, et une irrégularité
dans l’action alternative des facultés supérieures et inférieures.
En général, M, Pinel, contre son intention, ne fournit donc que des
preuves qui confirment qu’effectivement, comme il s’exprime lui-même,
les phénomènes qu’offre l’ajiénation, paraissent une sorte d’énigme
suivant les notions que Loche et Condillac ont données des aliénés %
1 Dictionnaire des Sciences médicales, T. XIV, p. 401,
* Sur l’aliénation mentale, p. 102, §. 117,
nu CERVEAU. k 45
Observations sur la manière dont M. Esr/uirol envisage
les lésions individuelles des facultés intellectuelles admises
jusqu ici par les philosophes,
M. Esquirol, à 1 imitation de son maître, a-entrepris de donner des
exemples dans lesquels, selon lui, il yalé'sion de l’attention seule, de
1 association seule, de la mémoire seule, du jugement seul, etc. : mais
sa méthode philosophique est si singulière, que je ne saurais prendre
sur moi dy arrêter long-temps le lecteur; je me contenterai donc de
citer un petit nombre de ces exemples.
« Si une disposition interne et maladive affoiblit cette force d’attention
, comme dans la démence..'.;^:*. Mais la démence, selon M. Esquirol
lui-meme, consiste dans 1 oblitération de toutes les facultés *
il n’y a donc pas ici affoiblissement de la seule attention.
tf Comment le jugement seroit-il en rapport avec les idées, lorsque
les idees fournies par l imagination, sont tellement nombreuses, qu’elles
se présentent en foule, se poussent, se précipitent pour ainsi dire, pèle
mêle >n Mais ici encore toutes les facultés son t troublées, et ce n’est nullement
l’imagination à laquelle M. Esquirol fait jouer le rôle d’un être
imaginaire, qui transmet au jugement des idées confuses.
De même, M. Esquirol personnifie en quelque sorte la faculté d’associer
les idées; faculté dont l’exaltation, selon lui, trouble le jugement4.
« La mémoire est quelquefois si affoiblie, qu’elle ne permet plus de
lier les sensations actuelles, ni avec les perceptions qui en dépendent,
ni avec les idées anciennement acquises; elle ne saisit plus les rapports
des objets entre eux, ni des idées entre elles; elle ne fournit plus les
1 Dictionnaire des Sciences me’dicales, T. VIII, p. a5i , art. Délire.
* Ibid. ,p. 280 et suiv., art. Démence.
3 Ibidem, p. a5i — 2Ô2.
4 Ibidem, 25a.