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d’autres espèces sont privées. Le pesant castor e lle sémillant écureuil
sont l’un et l’autre d’admirables architectes ; le chien , compagnon
docile , intelligent et infatigable du chasseur, n’a aucune aptitude pour
les constructions. Le cheval, intrépide dans les combats, le taureau,
si puissant auprès dés génisses, si redoutable à ses rivaux, na pas
l'instinct sanguinaire de la belette et du faucon; le moineau
et le tourtereau n’ont pas les accens harmonieux du rossignol. La
brebis vit en troupeaux ; la corneille , la mouche à miel et la fourmi
en république; le renard, l’aigle et la pie supportent, tout au plus pendant
quelques semaines, la vie domestique avec leurs petits. L’hirondelle,
la cicogne ,1e renard, etc., vivent dans une stricte monogamie.
Le chien,si susceptible d’attachement,l’étalon,le cerf, satisfont leurs
désirs avec la première femelle de leur espèce qu’ils rencontrent,. etc. ;
et ainsi, l ’histoire naturelle, d’un bout à l’autre, nous montre dans
chaque espèce d’animaux, d’autres penchans, dautres aptitudes industrielles,
d’autres facultés. Ne devons-nous pas en conclure , nécessairement,
que les différens penchans, les différentes facultés de ces
animaux, sont produits par des parties cérébrales différentes? Si le
cerveau étoit l’organe unique et universel de tous ces instincts, de
tous ces penchans, de toutes ces facultés, tout animal devrait les
posséder tous indistinctement. Même l’on ne concevrait plus, pourquoi
l’homme, à l’aide de son organisation, s’élève au-dessus de tous
les animaux, par ses facultés intellectuelles supérieures r et fait classe
à part. Mais si l’on suppose que chaque faculté fondamentale est, ainsi
que chaque sens particulier, dépendante d’une partie cerebrale particulière,
l'on-conçoit, non-seulement que tel animal peut être privé
de telle partie cérébrale dont un autre est pourvu, mais que tous les
animaux en général, peuvent être prives de certaines parties encéphaliques
, dont l ’homme seul est doué. Ln traitant des organes particuliers,
je prouverai jusqu’à l’évidence, qu’il en est effectivement ainsi dans
la nature.
En attendant, que l’on compare le cerveau et le crâne du singe,
PI. XXXIV, avec ceux de l ’homme, PI. VIII. Quelle différence quant
bu c er veau. 3g3
à la masse cérébrale , à la hauteur et à la convexité du front ! Que l’ori
compare le cerveau et le crâne des mammifères et oiseaux carnassiers,
à ceux des mammifères et oiseaux frugivores. Les carnassiers ont
une masse cérébrale considérable et Convexe qui se manifeste, dans
le crâne, par une proéminence située, chez la plupart des espèces,
au-dessus du méat auditif extérieur. Les frugivores son t entièrement dépourvus
de cette convexité du crâne, et de la partie cérébrale qui y répond.
Cette observation peut suffire pour mettre le lecteur sur la voie. Je
prouverai plus bas que les différens animaux qui manquent de certaines
parties cérébrables, manquent aussi de toutes les facultés et de toutes
les qualités fondamentales correspondantes à ces parties; d’où il faut
nécessairement conclure, que la manifestation de chaque faculté ou
qualité fondamentale dépend de quelque partie cérébrale particulière.
Objection.
M. Rudolphi, voulant prouver qu’on n’a pas besoin de recourir
à la pluralité des organes , pour rendre raison des différentes facultés
et des différentes qualités des diverses espèces d’animaux, s’exprime
ainsi : -
« Le cerveau d’une espèce d’animaux peut avoir une structure différente
de celle d’une autre espèce, et par conséquent produire
d’autres effets. Si les carnassiers étoient privés de certains organes
au moyen desquels d’autres espèces ont de la douceur dans le caractère
, il serait absolument impossible de les apprivoiser ; si un
animal quelconque étoit doué de tel' ou tel organe qui emporte telle
aptitude ou tel penchant, il ne serait jamais possible de le faire
dévier de ces aptitudes ou de le détourner de ces penchans; cependant
à quoi ne dressons-nous pas les animaux; eombien ne les détournons-
nous pas de leurs habitudes naturelles ? »
Réponse.
Il n’y a nul doute que la structure du cerveau ne soit différente