
Réponse.
No us ne regardons nullement une disposition particulière quelconque
comme une simple variété d’une faculté de l’ame. Mais nous pensons
que chaque disposition est susceptible de beaucoup de modifications ,
d’un grand nombre de nuances, soit en elle-même, soit par l’influence
d’autres organes, ou d’autres facultés. L’organe du chant est l’organe du
chant dans 1 alouette, dans la fauvette et dans le rossignol, quoique différemment
modifié dans chacun des individus de chacune des espèces
d’oiseaux. De même , l’organe de la musique est modifié différemment
dans Hendel, dans Gluck, dans Mozart, dans Haydn, etc. L’amour de
la gloire, accompagné du penchant au meurtre et au brigandage, agit
tout autrement que lorsqu’il est accompagné de bienveillance ou du
talent poétique, etc. De cette manière, il existe des modifications infinies
d’une même qualité ou [faculté; mais le nombre des lettres de
l ’alphabet est fixe, quoique le nombre des mots et des phrases qui en
résultent soit indéfini.
Si M. Séné demande un nouvel organe cérébral pour chaque nouvelle
science, pour chaque nouvel art, pour chaque nouveau goût, il faut
aussi qu’il demande un nouveau nez pour chaque nouvelle odeur; de
nouvelles jambes pour chaque danse nouvelle. Dans ce cas, quel vaste
champ se déploiera aux regards étonnés de l’observateur, après une
dixaine de siècles ! .
Objection.
« 4°. MM. Gall et Spurzheim pensent que des propriétés d’un ordre
supérieur modifient celles de l’ordre inférieur, et réciproquement. Mais
cela ne sauroit avoir lieu par une simple tendance de chaque propriété
à s’exercer, comme le supposent nos auteurs. Cette tendance produiroit
tout au plus l’exercice simultané de deux ou plusieurs propriétés, plus
ou moins contraires, mais ne pourrait corriger l’une au moyen de
4 ’autre. Un semblable résultat dépendrait plutôt de l ’influence des
organes d’un ordre, sur ceux de l’autre ordre. Or, dans cette hypothèse,
DU CERVEAU. ^5 j
il y aurait nécessairement un organe central, moyen d’union et de
relation entre tous les organes spéciaux des propriétés. Dès-lors, pourquoi
cet organe, qui tiendrait en quelque sorte la balance entre tous les
autres, ne seroit-il pas lui seul la condition essentielle de lame » '?
Réponse.
C’est une loi générale de la nature que des forces supérieures dominent
des forces d’un ordre inférieur. Les lois chimiques dominent les
lois mécaniques, et sont dominées elles-mêmes par les lois de l’organisme
animé. Les cristaux se forment en dépit des lois de la pesanteur, la vie
empêche la fermentation et la putréfaction, et lève le bras, quoiqu’il
soit pesant.
La même loi existe encore dans le monde moral. L’homme foible
succombe à chacun de ses penchans; le sage sait faire taire les siens , ou
leur assigner le temps et le lieu où ils doivent se manifester. Ces phénomènes,
pour cela, sont-ils identiques, et résultent-ils d’une seule et
même cause? De ce que par des forces supérieures nous pouvons arrêter
et modifier l’action des instrumens de nos sens externes, s’ensuit-il qu’il
existe une force centrale pour ces instrumens, pour ces sens; une force
unique dont les modifications produisent les diverses fonctions des sens
et des autres instrumens? Il est prouvé, à la vérité, que le moi subsiste
malgré la grande diversité des instrumens des sensations et des facultés.
Je dis qu’il est prouvé qu’il existe, mais je renonce pour toujours
à expliquer, comment.
Objection.
« 5°. Mais à quoi bon multiplier sans nécessité, et surtout sans preuves
péremptoires, les rouages de la machine animale? Si les organes chargés
des fonctions les plus matérielles, sont susceptibles d’éprouver, dans un
temps très-court, des différences marquées dans leur manière de sentir et
d’agir, pourquoi n en seroit-il pas de même du cerveau considéré, dans