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nomènes qui ne sauroient avoir lieu, si toutes les fonctions dépendoient
d’un organe unique et homogène.
Ici encore, la nature suit un procédé uniforme dans tous les êtres
organisés. Dans les plantes, à mesure qu’elles ont à remplir une autre
destination, telles ou telles parties se développent successivement à
différentes époques; ces époques sont quelquefois distantes de plusieurs
années.
Nombre d’insectes, d’amphibies , subissent différentes métamorphoses
, avant de parvenir à leur perfection, et avant que les organes
dont ils ont besoin dans leur état de perfection, acquièrent tout leur
développement.
Même chez les animaux plus parfaits, le développement des instru-
mens de la nutrition , des sécrétions , des excrétions , de la circulation
, etc., a lieu à des époques différentes, selon les espèces; quelques-
unes de leurs parties subissent, immédiatement après la naissance, des
changemens, à raison desquels elles cessent de remplir leurs fonctions
primitives.
Il en est absolument de même des dififérens systèmes nerveux ;
d’abord, ceux de la vie végétative sont le plus complètement développés
et les plus actifs. Suit la moelle épinière, dont les différentes paires de
nerfs se développent elles-mêmes , et entrent en activité, à des époques
toutes différentes, et assez éloignées les unes des autres.
Les nerfs des sens suivent encore la même loi. D’ordinaire, c’est
le nerf du goût et le nerf olfactif, qui se développent les premiers;
le nerf acoustique et le nerf optique ne se développent que plus tard,
tant chez les animaux qui naissent sourds et aveugles, que dans les
enfans '.
Chez la plupart des animaux, les instincts, dont je démontrerai plus
4 La substance grise dans laquelle les fibres nerveuses prennent leur origine,
(ce qui me la fait appeler matrice des nerfs), est beaucoup plus abondante
dans l’époque de la vie végétative, qu’à celle où les systèmes nerveux remplissent
déjà toutes leurs fonctions.
d v cerveau,
tard que le siège est dans le cerveau, sont soumis à l’influence des
saisons. L instinct du chant, de l'accouplement, l’aptitude à bâtir des
demeures, à faire des provisions, etc., sont tantôt en activité, et tantôt
dans 1 inaction la plus complète. Quelques animaux arrachés à leur
climat natal, retenus dans la captivité, ou réduits à une nourriture
différente de celle que leur assigne la nature, ou ne manifestent
pas du tout certains penclians, ou les manifestent d’une manière plus
marquée, tandis que d’autres penchans des mêmes individus ne subissent
aucun changement.
Et qu’observons-nous dans l'homme, au sujet du développement
successif des différentes parties cérébrales , et de la manifestation
des facultés qui a lieu successivement aussi, et dans la même progression?
Dans 1 enfant nouveau-né , la substance gélatineuse (cendrée corticale
existe en bien plus grande quantité que la substance nerveuse
blanche, et le cerveau tout entier offre l’aspeot d’une pulpe
d un blanceale, rougeâtre. Les fibrilles nerveuses deviennent visibles ,
d’abord dans les lobes postérieurs et moyens,, et plus tard seulement
dans les lobes antérieurs. Ce n’est qu après quelques mois, et lorsque
1 enfant doit recevoir les impressions du monde extérieur, les conserver
èt les mettre en oeuvre, que se développent les parties cérébrales supé-
rieures-anterieures, placées contre le front. Dans l’enfance et dans l’ado-
lescence, le cervelet est, comparativement aux hémisphères, beaucoup
plus petit que dans 1 âge viril, où il est capable de remplir complètement les
fonctions auxquelles la nature le destine. Depuisl’époque dont je viens dé
parler,jusqu àl âgede quarante ans, ou à-peu-près, toutes les parties cérébrales
acquièrent le degré de développement dont elles sont susceptibles
dans 1 individu. Le cerveau, après être resté stationnaire pendant dix ou
vingt ans, commence à décliner et à perdre de sa plénitude et de sa
turgescence, et dans la même proportion de son activité. Mais toutes
les parties cérébrales ne s’atrophient pas dans les mêmes proportions.
Les parties antérieures-inférieures diminuent plutôt que les autres-
voilà pourquoi les facultés qui en dépendent, la mémoire des noms