
3go PHYSIOLOGIE
fastueux clinquant des spéculations, pour se livrer à l ’observation
de la nature, occupation , il est vrai, bien plus pénible, mais
aussi bien plus utile ?
Dans l’exercice des fonctions d’un sens quelconque , il y a sensation
; produire des sensations est une fonction commune à tous les
nerfs5 de quelque espèce qu’ils soient. Mais une sensation est-elle
précisément de la même nature que l’autre ; et lorsqu’un homme vous
dit : j’ai une sensation , vous dit-il par là : je vois , j’entends ? Lorsqu’il
veut que vous compreniez ce qu’il vous dit, n est-il pas obligé de
déterminer l’espèce de la sensation ? La nature n’a-t-elle pas été obligée
de former différens instrumens externes, et différens appareils internes,
pour que les différentes espèces de sensations pussent avoir lieu,?
Il en est précisément de même, lorsqu’on veut ramener les différentes
facultés intellectuelles et les différentes qualités morales à la faculté
de penser et de sentir. Je pense ! je sens ! Est-ce un désir que
j’éprouve ; ou quelque chose me fait il horreur? Et lorsque je vous
aurai dit si c’est l’un ou l’autre , ne me demanderez-vous pas encore
des renseignemens ultérieurs? Ne suis-je pas obligé de vous spécifier
mon idée, mon sentiment? Qui oseroit soutenir qu’un seul objet extérieur
est capable de faire naître toutes les idées et tous les sentimens?
Et prétendre qu’ un seul organe interne est adapté à toutes les impressions,
tant du dehors que du dedans, n’est-ce pas soutenir la même
chose? Il n’en est point ainsi; la nature, pour rester fidèle à sa marche
uniforme , devoit créer autant d’appareils internes distincts, qu’elle
vouloit rendre possibles de manifestations, desentimens, de penchans
et de facultés différentes'.
Objection.
3°. Avec les cinq doigts, ou avec une main, dit M. Platner, on *
* Cette réponse peut s’appliquer à tous ceux qui réduisent les facultés de
famé et de l’esprit à des idées générales : c’est bien là le cas de dire avec Lobe 5
que .p lu s une id é e est g én é ra le , p lus e lle e s t stérile.
DU CERVEAU. 3g t
exécute les morceaux de musique les plus variés; pourquoi donc un
organe unique ne suffiroit-il pas pour l’exercice de toutes les facultés
intellectuelles?
Réponse.
Pour executer de la musique, M. Platner a besoin, non-seulement
de la main et des doigts, qui ne sont ni simples ni uniques , mais
encore d’un instrument "composé de différentes parties. L’opposition
de M. Platner contre la pluralité des organes est d’autant plus étonnante,
que dans son Anthropologie, ce philosophe admet lui-même
plusieurs organes : un organe supérieur de l ’ame, et un organe inférieur
de l ’ame.
Le procède que suit la nature, partout où elle veut produire des
effets différens, nous est donc garant qu’il existe déns le cerveau un
organe particulier pour chaque force particulière de l ’ame.
S econde preuve phys iologique.
Une espèce d animaux est douée de facultés et de qualités dont une
autre est privée ; cela seroit inexplicable, si chaque fonction particulière
du cerveau n etoitpas propre à une partie cérébrale particulière.
Suppose que je proposasse à mes lecteurs la question : comment se
fait-il que certaines espèces d animaux sont privées de l ’odorat ou d’un
autre sens, tandis qu’elles jouissent de tous les autres? Ils trouveroient
ce phénomène tres-concevable : les fonctions de chaque sens, me di-
roient-ils, sont remplies par un appareil particulier, et certaines espèces
peuvent manquer de l’un ou de plusieurs de ces appareils. Mais s’ils
admettoient que les fonctious de tous les sens sont remplies parle même
organe , ils trouveroient inexplicable le manque d’un ou de plusieurs
sens dans tel animal.
Que l’on applique ce que je viens de dire, aux facultés dont la manifestation
dépend du cerveau. Il n’existe guère d’espèce d’animaux qui
ne soit douée de certaines qualités et de certaines facultés, dont
a . / - K v i