
Réponse.
Lorsque des organes restent long temps sans agir, je veux Lien qu’il
en résulte qu’ils se développent moins, qu’ils acquièrent moins de force,
et aient moins d’aptitude à agir que s’ils avoient été en activité. Mais
comme je l’ai montré en traitant des dispositions innées, il n’existe
point d’exemple dans la nature, qu’en pareil cas, ils se soient entièrement
atrophiés, et qu’ils soient devenus absolument incapables d’agir.
Du reste, quels sont donc les penchans où les dispositions, qui, depuis
la création de l’homme, seroient restés dans une inaction absolue ? Une
qualité de l’ame, une affection, une passion, une faculté quelconque,
s’est elle trouvée dans ce cas? Est-ce le penchant à l’amour physique.,
l ’amour de la progéniture, l’amitié, l’amour des combats ; le penchant
au meurtre, au v o l, à l ’astuce, la vanité , l’orgueil, la
jalousie , la vengeance , la tristesse, la joie, la colère, la frayeur?
Quand, depuis Moïse ou Homrre , avons-nous été doués d’une
nouvelle faculté intellectuelle? Dans l ’antiquité la plus reculée, on
craignoit la massue; de nos jours, on craint le boulet; mais la peur
a-t-elle changé de nature ? L’enfant est fier d’avoir obtenu un prix dans
sa pension; faudra-t-il qu’il lui pousse un nouvel organe pour qu’il
puisse être fier du gain d’une bataille ? Le médecin observé les symptômes
des maladies, et le philosophe les différentes formes que revêt
l ’extravagance des hommes; mais le médecin a - t- il besoin d’un autre
esprit observateur que le philosophe ? La nature tient-elle en réserve de
nouveaux estomacs pour le moment où la sensualité inventera de nouvelles
friandises ? de nouveaux yeux, pour les nuances de couleurs
encore inconnues ?
Objection.
2°. « Si, malgré les travaux de MM. Gall et Spurzheim, et de ceux qui
les ont précédés, le nombre des facultés de l’ame et de l’esprit, des dispositions
et des penchans, reste encore parmi les choses indéterminées ,
c.e que nous craignons fort; de nouveaux organes seront à découvrir à
B’P CERVEAU. 44g
mesure qu’une analyse plus exacte nécessitera l’admission de nouvelles
facultés » K
Réponse.
C’est faire quelqué chose, et même beaucoup, que de détruire des
erreurs invétérées, et de déterminer avec certitude, ne fût-ce qu’un
petit nombre de forces primitives de l’ame. Ceux qui rempliront les
lacunes qui resteront après nous, dans l’organologie, auront droit à
la reconnoissance des hommes éclairés.
Objection.
3°. MM. Gall et Spurzheim, pour limiter le nombre des organes des
facultés et des penchans , considèrent probablement beaucoup de dispositions
comme de simples modifications des propriétés qu’ils admettent
dans l’ame. Mais ne pourra-t-on pas tirer avantage de cette hypothèse
en faveur de l’unité de l’organe de l’ame, et appliquer à cet
organe , relativement à toutes les facultés, ce que MM. Gall et Spurzheim
accordent à l’organe de chaque faculté ou penchant, pour toutes
les modifications qu’ils en feront ressortir? Cette difficulté, ce nous
semble, ne peut être levée qu’en prêtant à chaque modification des
facultés et des penchans, un organe spécial ; et alors nous voilà plongés
de nouveau dans les ténèbres de l’infini ».
« En effet, une multitude de sciences et d’arts , dont nous ne pouvons
nous faire jusqu’à présent aucune idée, de nouveaux goûts, dë
nouveaux penchans réclameront dans le cerveau des organes qui leur
soient propres. Les points matériels de ces viscères, quelque nombreux
qu’on les suppose, pourront-ils suffire à l’établissement des propriétés
ou dispositions dont le développement, après’ tant de siècles , viendra
s’offrir aux regards étonnés de l'observateur»;.» ? '
' Ibidem , p. 166.
* Ibidem, p. 166 et i6j.