M 1
\ i
\ \ m 210 PHYSIOLOGIE
tant intérieures qu’extérieures au milieu desquelles s’est trouvé celui qui
l’a commise $ que des notions précises a cet égard étant très-difficiles a
obtenir et souvent impossible, l’exercice d’une justice dans le sens le plus
strict n’est pas au pouvoir des hommes; mais que le législateur et le juge
satisfont à leur devoir, quand ils remplissent le dessein qui répond le
mieux au bien des hommes en particulier et de la société en général, celui
de prévenir les crimes , de corriger les criminels, et de mettre la société
à l’abri des attaques de ceux qui sont incorrigibles.
6°. Que les moyens les plus sûrs pour y parvenir ne peuvent être puisés
que dans une connoissance exacte de la nature de l’homme, dans la persuasion
que les penchans au bien et au mal sont innés, et que l’homme est
déterminé et peut se déterminer par des motifs, en un mot dans une idée
juste de la liberté morale.
n°. Que les méthodes employées jusqu’à présent dans presque toutes
les institutions de punition , ne corrigent qu’un très-petit nombre de criminels,
et rendent la plupart des scélérats plus dangereux qu’ils ne l’étoient
avant leur emprisonnement; que les grands malfaiteurs dont le caractère
se compose principalement du penchant au mal, sont peu susceptibles
d’un repentir véritable ; que l’on doit, en conséquence, avoir recours à
tous les moyens d’instruction pour leur donner une conscience artificielle,
c’est-à-dire pour les convaincre que leurs actions sont contraires aux lois
et au bien de la société.
8°. Que l’on doit opposer aux hommes pervers des motifs extérieurs
d’autant plus nombreux et plus puissans, que leurs penchans aux mauvaises
actions sont pins forts, plus opiniâtres; que les actions qui en résultent
sont plus dangereuses et plus atroces, et que leurs mobiles intérieurs
sont plus foibles; qu’il est, par conséquent, conforme à l’équité naturelle
et au but que l’on a en vue, d’aggraver les dispositions pénales et correctionnelles
, et même la peine de mort.
9°. Nous avons fait observer à nos lecteurs que les affections et les
passions, parleur durée aussi bien que par leur violence, peuvent tellement
affoiblir et obscurcir l’esprit, qu’il est extraordinairement difficile
DU CERVEAU. 211
de déterminer avec précision le degré de culpabilité de certaines actions
illégales, par exemple, de la plupart des infanticides, etc.
io°. Nous avons encore montré que tous les penchans, soit aux choses
indifférentes, soit au bien, soit même aux actions nuisibles , peuvent
acquérir, dans certains individus, une énergie extraordinaire et prépondérante,
et que cette exaltation est souvent la suite de diverses circonstances
qui affectent la santé, telles que la grossesse, l’approche des menstrues
on des hémorroïdes, une malheureuse irritation périodique, les effets
de certains mets et de certaines boissons.
ii*. Nous avons cité des cas où l’homme, quoique dans un état en apparence
généralement régulier au physique et au moral, a cependant un
penchant funeste tellement énergique pour un genre d’actions illégales,
qu’il ne peut y résister qu’avec la plus grande difficulté, et que souvent
même, par un malheureux concours de circonstances, il ne peut opposer
aucune résistance, de sorte que l’on est obligé de considérer cet état comme
une aliénation partielle ou comme un désir fixe.
12°. Qu’on ne doit pas admettre que tout homme raisonnable, et dans
un état régulier, jouisse à un degré égal de la liberté morale ; et que les
individus dans lesquels les qualités nobles ont un développement extrêmement
foible et celles de l’ordre le plus bas un développement extrêmement
fort, doivent être regardés comme très-peu capables de liberté
morale.
i 3°. Nous avons enfin considéré l’imbécilitê et l’aliénation d’esprit relativement
aux actions illégales , et nous avons fait voir que souvent les
imbéciles, les demi-imbéciles et les aliénés agissent avec une intention
marquée et d’après un calcul exact, mais que leurs actions ne portent que
la fausse apparence de la raison.
i 4°- Que, dans les hommes attaqués d’aliénation partielle ou périodique
, il est singulièrement difficile de déterminer le caractère moral des
actions ; que chaque qualité de l’esprit et de l’ame peut être dérangée en
particulier, tandis que les autres agissent régulièrement; de même qu’un
sens peut être malade, tandis que les aitres restent en santé.
i 5°. Que l’état d’irritation violente d’un penchant nuisible ne se mani