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Sur la ligne faciale de Camper.
Camper, pour déterminer la masse cérébrale et les facultés intellectuelles
qui en dépendent, mène une base par le bord libre des premières
incisives, jusqu’au méat auditifextérieur,puis une autre droite depuis les
incisives supérieures jusqu’ au point le plus élevé du front ; plus l’angle
que font entre elles ces deux lignes, est ouvert, plus, selon lu i, l’animal
ou l’homme a de facultés intellectuelles ; plus au contraire cet angle est
aigu, moins il a d’intelligence. En partant de cette idée , Lavater a
formé une échelle de perfection, depuis la grenouille jusqu’à l’Apollon
du B,elvedère. Comme la nature fournit en effet beaucoup de preuves à
l’appui de cette opinion, elle a été accueillie généralement, même
par les anatomistes et les physiologistes, et malgré tous les argumens
qui la combattent victorieusement, les savans ne peuvent pas se résoudre
encore à l’abandonner. M. Cuvier lui-même fournit une liste
d’hommes et d’animaux à l’appui de cette doctrine ; il n’y a qu’un
petit nombre de naturalistes qui la combattent, presque tous l’enseignent
encore. —
L ’essai fait par Camper ne pouvoit qu’être malheureux; car vu la
méthode qu’emploie ce savant pour tracer la ligne faciale, et pour
mesurer son angle, il ne tient compte que des parties antérieures du
cerveau, situées près du front ; il néglige absolument toutes les parties
cérébrales postérieures , latérales et inférieures. Cette méthode ne
pourroit donc prononcer que, tout au plus, sur les facultés dont les
organes sont placés près du front.
M. Cuvier fixe l’angle facial, chez l’enfant nouveau-né, à quatre-r
vingt-dix degrés; chez l'adulte, à quatre-vingt-cinq; chez le vieillard dér
crépit, à cinquante.
Cette donnée fait bien voir que, dans différons âges, il s’opère des
changemens dans k forme du cerveau ou du crâne; plus bas, je
prouverai que ces changemens ont réellement lieu.
Chez l ’enfant nouveau-né, le front est encore applati; chez l’enfant
de quelques mois au contraire, et jusqu’à l’âge de huit à dix ans , surr
toutehez les garçons doués de grands talens, il est fortement h0Iubé >
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et forme, quoique cet âge se rapproche plus de l’âge viril, un angle
facial plus grand que chez l’adulte ; cet angle ne décroît donc pas dans
la raison inverse de l ’âge. On trouve également des vieillards décrépits
dont l’angle facial est encore aussi grand que dans l’âge de la force •
car, quoique dans la décrépitude le cerveau s’atrophie, il est des
vieillards chez lesquels les contours extérieurs du crâne ne subissent pas
de changement. L’angle annoncé par M. Cuvier, pour les différens âges
a ete mesure sur des sujets différens; si on le mesurait sur le même individu,
aux diverses époques de sa vie, le résultat serait tout différent
En général, la proportion du front à la face varie d’individu à
individu. On ne peut rien conclure des proportions qui existent dans
une personne , pour celles qui doivent avoir lieu dans une autre; dans
cent individus, de même sexe et de même âge, on n’en trouvera pas
deux dont le front ait la même proportion à la face ; l'angle facial sera
donc nécessairement différent dans chacune d’elles. Les physiologistes
paraissent bien admettre que chez, des animaux d’espèces différentes
il y a une autre proportion entre le cerceau et les os de la face • mais d
semble qu’ils supposent, que chez tous les individus de la meme
espece , chez tous les enfans , chez tous les adultes , chez tous les
vieillards, il existe une proportion constante entre la masse cérébrale
et la face.
Il resuite des recherches de M. Blumenbaeh , que les trois quarts des
animaux connus, ont, à très-peu de chose près, la même ligne faciale •
et cependant, quelle différence dans leurs instincts et dans leurs facultés
! De quoi nous instruit donc la ligne- faciale de Camper ?
, Il y a plus, comme M. Cuvier l’observe lui-même, la masse cérébrale
n est nullement placée chez tous les animaux, immédiatement derrière
ou au-dessous de ce que l’on appelle le front. Dans un très-grand
nombre despèces, tout au contraire, la table externe du frontal est à
une distance considérable de sa lame interne r et cette distance est
il autant plus grande, que l’animal est plus vieux. Chez le cochon le
cerveau est placé d’un pouce plus bas que ne paraît l'indiquer l’os
rontal; chez le taureau, en quelques endroits de trois pouces, chez