
de la îangufc et du nerf gustatif? Combien de fois les physiologistes sê
trouveroient-ils embarassés , si, pour constater qu’une partie, un nerf
par exemple, a des fonctions propres il étoit de rigueur d’assigner
ses limites S
Cependant nous avons pins que suffisamment prouvé que les faisceaux
fibreux sont réellement distincts; que ces faisceaux naissent
dans des efedroits différens ; qu’ils sont renforcés dans des endroits
différens, et qu’enfm il existe des jonctions différentes entre les
faisceaux congénères des deux hémisphères du cerveau ; c’est ainsi
que l’on voit des masses musculaires dans lesquelles on ne peut
reeonnoître les différens muscles qui les composent, qu a la direction
différente des fascicules de leurs fibres.
S’il étoit permis de hasarder une supposition sur des objets dont nous
n avons que très-peu de connoissances positives,je serais tenté de dire que
la nature peut avoir eu ses raisons pour placer à des distances considérables
les instrumens des sens externes, ainsi que leurs appareils extérieurs,
et pour placer les sens internes très-près les uns des antres. L ’action
des sens internes, des sentimens, des idées, ne devoit point avoir
lieu isolément, comme l’action des sens externes; les premiers dévoient
réagir rapidement les uns sur les autres, réveiller mutuellement l’action
l’un de l ’autre , se prêter une assistance réciproque ; chacun
d’eux devoit être toujours prêt à concourir de sa part à l’assoeia-
tion des idées et des sentimens; sans un tel arrangement, la marche
des idées et des sentimens, leur succession, leur combinaison et
les actes du jugement et de la volonté qui en résultent, eussent
été trop lents.
Du reste la moelle épinière aussi est une série non interrompue
de diverses origines de différentes paires de nerfs, dont chacune a
sa fonction distincte et indépendante , PI. I. et PI. II.
Suivant l’opinion reçue, la moelle alongée et le pont de Varole
sont la réunion de tons les nerfs; c’est donc là qu’ils devraient être
le plus complètement fondus les lins dans les autres, et c’est de là
cependant que naissent la cinquième paire ou paire mixte, le nerf
auditif, le moteur des yeux, le nerf accessoire, le nerf vocal, etc,
cela empêche-t-il que chacun de ces nerfs n’ait ses fonctions propres
et indépendantes ? Pourquoi donc un arrangement semblable dans
le cerveau empécheroit-il ses parties intégrantes, d’avoir des fonctions
propres et indépendantes? Enfin, pourquoi MM. Bérard et de
Montègre s’obstinent-ils à combattre la pluralité des organes, eux
qui, quelques pages plus haut ' , se rangent du côté des écrivains qui
l’admettent, en se fondant, non pas sur des hypothèses , mais sur
ces méthodes expérimentales et d’observation si perfectionnées de
nos jours ?
« L ’analogie des sens externes, dit-on, est inadmissible, entre
autres, par la raison que ces sens ont des appareils extérieurs, tandis
que le cerveau n’est en aucune liaison avec le monde extérieur ».
Réponse.
La nature ayant destiné les sens externes à mettre tant l’homme
que l’animal en relation avec le monde extérieur, devoit leur donner
des appareils capables de recevoir les impressions des objets extérieurs.
L’objection auroit réellement quelque poids, s’il étoit vrai
que tous nos sentimens et toutes nos idées ne sont que des produits
du monde extérieur et des sens; même dans ce cas, les parties
cérébrales, parties internes, auraient besoin d’être disposées de manière
à recevoir différentes espèces dimpressions , c’e st-à-dire,
d’être spécifiquement différentes ; mais j’ai prouvé dans la section
sur les dispositions innées, que le cerveau est une source de sentimens
e f d’idées bien plus féconde que les sens externes; que
l’action du cerveau est interne, et que s’il a besoin du ministère des
sens externes, c’est tout au plus pour lui fournir des matériaux. Excepté
les nerfs des cinq sens, tous les autres nerfs sont bornés à recevoir leur
incitation de l’intérieur; que leur action soit ou non restreinte à l ’intérieur.
Les nerfs des sens eux - mêmes, exercent quelquefois leur
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