
ordinairement ce qu’elles n’entendent pas ; ce sont plutôt les superstitieux
et les hypocrites. Les superstitieux, par une crainte servile, s’effarouchent
dès qu’ils voyent quelque esprit v if et pénétrant. II n’y a , par
exemple, qu’à leur donner des raisons naturelles du tonnerre et de ses
effets, pour être un athée à leurs yeux. Mais les hypocrites se servent
des apparences des vérités saintes et révérées de tout le monde pour
s’opposer, par des intérêts particuliers, aux vérités nouvelles. Ils combattent
la vérité par l’image de la vérité, et se moquent quelquefois
dans leur coeur de ce que tout le monde respecte ; ils s’établissent dans
l’esprit des hommes une réputation d’autant plus solide et plus à craindre,
que la chose dont ils ont abusé est plus sainte. Ces personnes sont
donc les plus forts , les plus puissans, et les plus redoutables ennemis
de la vérité ».
Nous aussi, nous avons à faire aux superstitieux et aux hypocrites;
mais nous ne nous occuperons de ces derniers que pour répondre à leurs
objections. Quant à ceux qui doutent de bonne foi, nous chercherons
à leur faire connoître le véritable esprit de notre doctrine sur tous les
points qui peuvent les inquiéter. Nous leur prouverons que nos principes
sont d’accord non-seulement avec la nature des choses, mais avec
l’expérience, ainsi qu’avec le témoignage des plus grands penseurs, et des
hommes respectables qui ont le plus aimé l’espèce humaine; et comme
il s’agit de rectifier des opinions de la plus haute importance, on
n’aura pas lieu de s’étonner que nous alléguions le témoignage des
Pères de l’église, des Apôtres, même celui de Jésus-Christ. Qu’y a-t-il
de plus propre à confondre l’hypocrisie, et à tranquilliser la piété la plus
timorée, que l’accord rassurant de nos principes avec l’enseignement
de ceux qui, sans raisonnemens captieux, sans vaines subtilités , ont
si bien développé la nature de l ’homme; qui se sont principalement
occupés de contribuer à son bonheur; qui nous ont révélé la morale la
plus pure, et la plus appropriée à nos besoins ; qui enfin en ont si fréquemment
scellé de leur sang l’éternelle vérité ?
Pour éviter toute confusion d’idées, nous traiterons séparément de
chacun des objets de cette section.
D u matérialisme.
On désigne par le mot matérialisme des choses entièrement différentes.
Tantôt le matérialiste prétend que la matière seule existe, et
que tous les phénomènes du monde sont simplement des effets de la
matière. L ancienne eglise nommoit matérialistes ceux qui enseignoient
que la matière existoit de toute éternité, et que, par conséquent, Dieu
n avoitpointtire le monde duneant. Cette sorte de matérialisme conduit
ordinairement à nier l’existence d’une intelligence suprême, d’un Dieu,
et alors il se confond avec l’athéisme. Ce n’est pas d’un pareil matérialisme
que l’on accuse notre doctrine. Si quelqu’un peut devenir athée, ce n’est
pas celui qui s’occupe en grand de l’étude de la nature, puisqu’à chaque
instant il rencontre des phénomènes qu’il ne peut expliquer par aucune
des lois connues' du monde matériel. Il aperçoit non - seulement les
merveilles incompréhensibles des organisations particulières , mais
aussi le sage enchaînement de l’ensemble. Rien, dans l’univers, n’est
isolé; tons les mondes ont été mis dans une corrélation réciproque;
la nature inanimée l’est avec la nature vivante, tous les êtres vivans
le sont les uns avec les autres. Qui peut donc méconnoitre une cause
de toutes les causes, une loi suprême de toutes les lois, une intelligence
de toutes les intelligences, un ordonnateur de tous les ordres, en
un mot, un Dieu?
L on professe Une autre espèce de matérialisme, quand! on soucient
que^ 1 homme n’est pas composé de deux substances essentiellement
différentes ; c’est-à-dire,. d’un corps et d’une ame ; que tous les. phénomènes
que Ic a attribueordinairementàrame, ne sont que les résultats
de la combinaison et de la forme de la matière ; oubien que L’ame m’est
qu un fluide dune ténuité extrême qui est répandu.dans tout le corps, et
qui donne à chaque partie sa vie propre. Cette seconde espèce de matérialisme
renferme une doctrine non moins erronée que l’autre, et dé-
truit aussi la croyance de l’immortalité del’ame. Ses partisans néanmoins