
des cerveaux ossifiés; quelques-unes offrent une masse spongieuse assez
friable ; la plupart sont dures comme 1 ivoire , mais jamais pierreuses'.
Lorsqu’elles sont très-grosses, et il y en a de plus grosses qu’un cerveau
ordinaire, la cavité du crâne est plus grande que de coutume ; leur
surface est inégale comme celle des stalactites, et ce sont ces aspérités
que des médecins et des anatomistes qui n’avoient, je pense , jamais vu
un cerveau dépouillé de ses méninges, ont prises pour des circonvolutions.
Jamais ni à l’extérieur, ni dans l’intérieur , on ne découvre la forme
d'aucune partie quelconque du cerveau. C’est par cette dernière observation
que nous parvînmes à convaincre M. le Professeur Bonn, à Amsterdam,
que la masse osseuse qu’il conservoit si précieusement, n’est point
un cerveau ossifié. C’est la même circonstance qui a fait que Haller et
M. Sômmerring ont été de tout temps de l’opinion que nous professons.
La couche extérieure est d’un brun jaunâtre sale, l ’intérieur est éburné,
blanchâtre et d’une structure fibreuse.
MM. Giro et Moschetti coupèrent leur soi-disant cerveau ossifié à
la hauteur de la grande commissure; ils trouvèrent la couleur de la
substance intérieure différente de celle de la substance extérieure; mais
ils ne purent découvrir ni cavité, ni couches optiques, ni corps striés,
ni corps quadrijumeaux, ni origine des nerfs, etc.; et malgré cela, ils
soutiennent que le boeuf, dans le crâne duquel on avoit trouvé ce
cerveau, n’avoit manifesté aucun signe de maladie! M.le docteurSimson
parle d’un autre prétendu cerveau pétrifié; il convient que ce cerveau
est plus volumineux qu’un cerveau de boeuf ordinaire, que le cervelet
est gros au moins six fois comme dans l’état naturel; que même sa
forme diffère absolument de celle d’un cerveau ordinaire, etc.; enfin
il ajoute qu’à l’un des bouts il avoit tenu au crâne , et en avoit été vio- 1
1 L’on trouve quelquefois, dans la cavité du crâne, des concrétions indépendantes
, tant du crâne que du cerveau, que leur apparence peut faire
appeler pierreuses, mais qu’il seroit plus exact d’appeler osseuses, puisqu’elles
sont toujours formées par du phosphate de chaux.
lemment séparé ; malgré tous ces aveux, il considère encore cette masse
osseuse comme un cerveau ossifié , et cela parce qu’un boucher l’a
trouvée dans le crâne d’un boeuf!
Il y a quatre-vingts ans que Valisneri a dit tout ce que l’on peut alléguer
pour prouver que ces masses osseuses ne sont point des cerveaux pétrifies.
Il commence par établir quil ne peut jamais être question, en
aucune manière , de cerveaux pétrifiés, dont un frère bénédictin avoit
fait croire 1 existence. Il montre ensuite que les prétendus cerveaux
ossifiés ne sont que des excroissances du crâne; et il continue enfin
en disant : que 1 une de ces excroissances qu’il possède, ressemble encore
bien plus à un cerveau de boeuf, que celle de Duverney, mais que les
proéminences et les enfoncemens que l ’on y remarque , ne peuvent
nullement être comparées aux circonvolutions ; que dans l’intérieur on
n’apperçoit rien qui puisse être comparé ni au plexus coroidoeus, ni à
aucune autre partie d’un cerveau de boeuf.
D’autres corps, -continue-t-il encore, lorsqu’ils s’ossifient, conservent
leur forme primitive. Duverney et l’Académie des sciences ont fait
une grande faute de s’en rapporter au témoignage d’un boucher; si Duverney
avoit ouvert lui-même le crâne, il eût trouvé, outre l’excroissance
osseuse , le cerveau du boeuf. Un boucher de Modène fu t, dit-il, plus
attentif, et trouva effectivement le cerveau à côté de l’excroissance;
Valisneri en a fait graver de pareilles; tout le monde, au premier coup
d’oeil, prendroit pour un cerveau ossifié celle que représente sa PI. IX;
elle offre un sillon dans le milieu, et deux parties latérales garnies de
proéminences; mais, en y regardant de plus près, on voit que ces proéminences
ne ressemblent en- rien aux circonvolutions d’un cerveau
naturel, et que toute l’excroissance n’offre aucune partie qui puisse
être comparée au cervelet. Comme Duverney, dans sa masse osseuse,
montroit la glande pinéale, Valisnéri a fait graver cette même masse;
d’abord , la prétendue glande pinéale seroit énorme, mais il y a plus,
cette glande étant située dans l’intérieur du cerveau, et le prétendu
cerveau ossifié de Duverney n’ayant jamais été coupé, il est évident
qu’il seroit impossible d’y voir la glande pinéale, quand même elle y