
nisé a voulu une chose, il auroit pu en vouloir une autre contraire à la
première, non pas sans motif, ce qui seroit absurde, mais en cherchant
et en se donnant des motifs autres que ceux qui l’ont déterminé.
Enfin nous avons prouvé que, sans l’existence du mal moral et des
penchans vicieux, il ne pourroit y avoir ni liberté morale, ni choix entre
le bien et le mal, ni par conséquent menace des peines futures, ou
promesse de récompenses à venir; que toutes les discussions et les opinions
erronées sur la liberté morale pratique ont pris leur source dans
les fausses idées que l’on s’est formées de la cause du mal moral et du
penchant au mal, parce que l’on confondoit le contentement, l’inclination
, les penchans, les désirs, résultats de l’action d’organes particuliers,
avec le vouloir ou la volonté, résultats de la comparaison de plusieurs
sensations et de plusieurs idées.
SECTION III.
Application de nos principes à Thomme considéré comme
objet d’éducation, de correction et de punition.
N o u s n’avons pas encore démontré les propriétés fondamentales de
l’ame, ni les organes particuliers de ces propriétés , et cependant ces
deux objets sont supposés dans l’application que nous allons faire des
principes exposés précédemment. Cette application pourroit donc
paroître prématurée à beaucoup de nos lecteurs ; mais elle a une liaison
immédiate et essentielle avec le principe que les dispositions sont innées,
et que leur manifestation dépend de l’organisation. D’ailleurs ces discussions
sont de nature à s’éclaircir les unes par les autres, et dans aucune
autre partie de notre ouvrage, nous ne pourrions tirer autant
d avantage des 'idées que nous avons présentées sur la liberté morale.
Comme nos principes sur les dispositions innées et leur dépendance
de l’organisation ont fait naître des objections qu’il falloit combattre
nous avons dû traiter du matérialisme, du fatalisme et de la liberté
morale. De même nous sommes obligés de dissiper les craintes que
quelques - uns ont conçues sur l’application de notre doctrine, parce
qu’alors nos lectéurs seront plus disposés à en suivre l’exposition détaillée.
Plusieurs autres résultats des plus importans qui découlent naturellement
de nos principes, ne pouvant être exposés avec fruit qu’à la
fin du troisième volume de notre ouvrage, nous nous proposons de
revenir sur cette application pour démontrer, d’une manière plus évidente
, l’harmonie des idées développées dans cette section avec l’ensemble
de notre système.