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Hg 4 2 PHYSIOLOGIE
lions, les passions, la volonté ne pourroient jamais le faire agir pour
leur service. Sidonc, comme le pensent quelques physiologistes, chacun
des systèmes nerveux particuliers étoit un centre isolé de sensations,
indépendant du cerveau, chacun de ces systèmes seroit un être vivant
particulier, et l ’unité du moi seroit impossible.
Mais cette influence réciproque dont nous venons de parler, ne
prouve nullement que la terreur, l’angoisse, le chagrin, l’envie, la
haine, l’amour, la jalousie, etc., ont leur siège là où l’on ressent ces
affections. Tout le monde convient que la pensée existe dans le cerveau,
et la pensée doit précéder nécessairement toutes les affections. Les affections,
du reste, agissent sur certaines parties, que personne, à coup
sûr, n’est tenté de prendre pour le siège d’aucune d’entre elles, et elles
agissent sur ces parties , surtout lorsque ces dernières sont dans un état
de foiblesse.
Qui voudrait, en effet, soutenir avec Van Helmonj, que l’estomac est
le siège de l’ame, parce que c’est ordinairement ce viscère qui souffre
le plus dans les affections violentes? Les genoux et les lèvres tremblent
dans la colère ; dira-t-on pour cela que la colère réside dans les genoux
et dans les lèvres? Des vers intestinaux causent quelquefois la cécité ;
dira-t-on que la cécité a son siège dans les intestins? Enfin, la même
affection, la même passion agissent dans différens individus sur des
parties différentes; dans l’un, sur les intestins; dans un autre, sur la
gorge; chez un pulmonique, sur la poitrine; chez une femme nerveuse,
sur la matrice, etc. Dira-t-on pour cela que la même affection, la même
passion, a son siège chez un individu, dans les intestins, chez un autre
dans la gorge; etc. ? Si Bichat avoit bien pesé tout ceci, il n’eût certainement
pas regardé la vie organique comme la source immédiate de
toutes les affections et de toutes les passions ; d’autant moins, qu’il sou-
tenoit que la vie organique avoit atteint déjà un haut degré de perfection
chez les animaux qui viennent de naître, et chez les enfans
nouveaux-nés.
Après ce que j’ai dit dans le premier volume de cet ouvrage, sur les
fonctions des cinq sens et des nerfs de la moelle épinière, il est superflu
D U C E E V E A U .
que je m'engage une seconde fois dans un examen détaillé de cette
question. J’ai circonscrit, (section VIJ, la sphère d’activité de chaque
sens; je puis donc me contenter ici de rappeler quelques idées intimement
liées à l’objet qui nous occupe.
Si j’en excepte l’instinct, commun aux animaux et à l’homme, qui les
porte à se nourrir de préférence de végétaux ou de matières animales,
ou bien à faire usage d’une nourriture mixte, il n’y a guère de faculté intellectuelle
ou de qualité morale que l ’on soittenté de rattacher au sens du
goût. Ceux qui tiennent encore aux anciens préjugés, reportentla science
aux temps où l’on méconnoissoit absolumentlesforces internes de l’animal
et de l’homme. L ’on ne fait pas réflexion que les instrumens externes
et les sens doivent être à l’unisson avec les organes internes plus nobles,
et que sans l’inspiration de ces derniers, ces premiers sont absolument
impuissans. L’on avoit déjà senti avant moi, que le sens de l’odorat
n’explique nullement plusieurs phénomènes, qu’il est reçu d’en déduire.
On a été obligé de recourir à un sixième sens, pour expliquer,
tant bien que mal, comment l’hirondelle , le rossignol, la caille , la
cicogne, retrouvent au printemps l’habitation qu’ils avoient quittée en
automne; comment des chiens, des pigeons que l’on a transportés, à
l ’aide d’une voiture fermée, ou d’un sac, dans des contrées où ils n’ont
jamais été, retrouvent cependant leur premier gîte.
Si l’oreille est la source première de la musique et du chant, pourquoi
tous les animaux qui ont l’oreille plus fine que nous, ne chantent-
ils pas? Pourquoi tous les oiseaux ne chantent-ils pas? Pourquoi, dans
les oiseaux chanteurs même, la femelle est-elle presque toujours privée
de la faculté de chanter? Pourquoi chaque oiseau reste-t-il fidèle au
ramage de son espèce, même lorsqu’il n’a jamais entendu chanter son
père et qu’il a été élevé par des oiseaux d une espèce différente de la
sienne? Pourquoi le talent pour la musique n’est-il pas en proportion
avec la finesse de l’oreille? Comment expliquer l’origine de la musique,
si elle n’est née que par imitation? D’où provient le génie créateur
d’un Gluck, d’un Mozart, d’un Haydn, d’un Grétry 3 etc.? Est-ce à l ’oeil
qu’est due l’invention de la peinture? Demandez aux peintres s’ils me