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noissances sont encore trop bornées pour'prononcer en dernierressort,
je me contenterai d’exposer le pour et le contre, et je laisserai au lecteur
le soin de décider.
Raisons quiparoissent prouver que le cerveau est l organe
de toutes les sensations et de tous les mouvemens volontaires.
Haller' et M. Sômmerring «prouvent, par les argumenssuivans, que la
conscience n’a pas lieu dans l’endroit ou un objet toucbe le nerf, c est-à-
dire, où l’impression a lieu ; mais que la sensationa lieu dans le cerveau.
' i°. Un nerf pressé, serré par une ligature ou coupé, perd la faculté
d’exciter des sensations, c’est-à-dire, 1 impression faite par un objet,
n’est plus transmise par un nerf ainsi modifié; on peut irriter ce nerf
au-dessous de la lésion ou de la ligature, sans quil se produise aucune
sensation, sansquele sujet soumisà l’expérience ressente aucune douleur.
Mais pourquoi le nerf est-il insensible au-dessous de la ligature, si la
sensation peut être produite sans communication avec le cerveau ?
2°; Le même phénomène a lieu lorsque le nerf est lèse ou comprimé
par son origine. Une compression de l’origine du nerf olfactif, entraîne
la privation de l’odorat; une compression de l’origine du nerf visuel, la
cécité; une compression de l ’origine du nerf auditif, la surdité; une compression
de l’origine d’un nerf digital, l’insensibilite du doigt. Cette paralysie
cesse du moment où la pression n’a plus lieu.L on a vu un blessé dont
la blessure pénétroit jusqu’au corps calleux,perdre l’usage de l’oeil du côté
opposé à la blessure, toutes les fois qu’il s’amassoit du pus ; et cette cécité
disparoître du moment où le pus avoit été évacue; donc, la sensation
de la vue a lieu dans le cerveau.
. 3°. La compression de l’encéphale, par un épanchement de sang, de
lymphe, de pus, par une exostose, par le seul gonflement de vaisseaux
’ Physiologie , vol. IV , section 16.
? Sômmering Lehre vom Gehirn und von den, Nerven,p. 5^5, § 5o8.
d u c e h v e a u . 223
sanguins, même une simple commotion, peuvent entraîner la perte de
l’usagé des sens, dont les nerfs prennent leur origine dans le cerveau,
quoique les nerfs de ces sens soient dans la plus parfaite intégrité. Du
moment où la pression sur le cerveau cesse, les sens reprennent leur
activité.
4°. Quelquefois on sent distinctement la douleur remonter le long
des nerfs jusqu’au cerveau.
5°. Les douleurs qui remontent de cette manière de la blessure
d’un membre, peuvent quelquefois être interceptées par une ligature.
6°. Des personnes qui ont perdu un membre, croient, après la
guérison, sentir encore la douleur dans l’endroit où le membre qui
n’existe plus étoit attaqué. Cette douleur ne peut avoir son siège que
dans le cerveau.
7°. Souvent certaines impressions sont conservées dans le cerveau
pour la vie ; cependant, lorsque l’encéphale subit une pression ou
quelque autre lésion, elles semblent disparoître subitement, et cette
pression ayant cessé, elles reparoissent avec la même promptitude;
mais puisqu’elles sont conservées dans le cerveau, il faut bien qu’elles
y soient parvenues.
Les mouvemens volontaires des muscles, produits avec conscience,
commencent dans le cerveau, ou sont effectués au moyen des nerfs,
en partant du cerveau. En voici les preuves :
Nous sommes dans l’impuissance de mouvoir tel muscle, lorsque les
fonctions du cerveau se trouvent entravées par une pression, par un
épanchement , etc.
Lorsque le cerveau est irrité par une esquille, il se manifeste des
convulsions qui cessent au moment où elle est retirée.
Comme le cerveau seul est le siège de la pensée, les mouvemens
produits par la pensée ne peuvent partir que de lui. Si la cause
des mouvemens volontaires existoit dans les parties mêmes qui les exécutent
, ces mouvemens devraient exister après la destruction du
cerveau, ils ne devraient point être augmentés lorsqu’on irrite cet
organe, et ne point être rendus impossibles par sa compression.