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d’un cerveau de poisson un cerveau d oiseau ; d un cerveau d oiseau, un
'cerveau de mammifère; d un cerveau de mammifère, un cerveau humain;
et que vice versa l’on pouvoit, en retranchant successivement des
parties, dégrader le cerveau humain, de manière à avoir celui des
mammifères, des oiseaux , des poissons et des insectes.
Buffon se laissa induire, par les fausses observations de Tyson , à
regarder le cerveau de l’orang-outang comme identique avec celui de
l’homme ; cependant, Tyson étoit en contradiction avec lui-même,,
car, dans un passage, il assure que les os du crâne de 1 orang-outang
sont conformés exactement comme ceux de 1 homme, et ailleurs il indique
une grande différence, qui a lieu pour le frontal et pour les
orbites. J’ai déjà remarqué dans le chapitre précédent, que le cerveau
de ce singe a tout au plus les dimensions de celui d un enfant nouveau-
né. Du reste, il diffère tellement du cerveau humain, par ses contours
et par ses circonvolutions, que ces’ différences doivent frapper au
premier coup-d’ceil l’observateur le plus médiocre. Que l’on compare
le cerveau de l ’orang-outang, P I.X X X IV, avec le cerveau humain,
PL IV et PL VIII.
On conçoit du reste facilement, comment des anatomistes superficiels
pouvoient croire le cerveau des mammifères composé
des mêmes parties que celui de l’homme. Dans tous , on trouve,
suivant l’ancienne nomenclature, une moelle allongée, des corps oli-
vaires,des corps pyramidaux, un pont de Varole, des cuisses , des
couches optiques, des corps striés, un corps calleux, des hémisphères,
des cavités , etc.
Mais cette parité ne peut plus être soutenue, du moment où il est
question de parties cérébrales qui constituent des organes.Nous avons
rectifié ces idées dans notre seetion sur la structure du cerveau; là ,
nous sommes entrés dans tous les détails nécessaires. Je puis donc me
contenter ici de rappeler au lecteur les points principaux.
A l’époque où l’on désignoit les parties intégrantes du cerveau par
ces noms peu convenables que j’ai rejettés, la loi générale sur l’origine
des nerfs, sur leur renforcement successif et sur leur épanouissement
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final en une membrane nerveuse, n’étoit point découverte. L ’on ne
connoissoit point encorê la destination des ganglions et des plexus
nerveux; l’on ignoroit qu’aucun système nerveux, par exemple, le nerf
auditif, le nerf optique , le nerf olfactif, les paires de la moelle
allongée, etc., ne nait tout d’un coup et dans un seul et même endroit,
qu’aucun , par conséquent, n’a toute sa perfection dès son origine ; l’on
ignoroit encore que les premières fibrilles nerveuses d’un sens sont
renforcées par de nouvelles fibrilles, nées dans un autre endroit, et que
le nerf de ce sens n’acquiert toute sa perfection, qu’après avoir reçu
plusieurs renforts semblables; que ce n’est qu’alors qu’il s’épanouit,
dans l ’appareil auquel il est affecté, en un réseau nerveux très-délié.
L ’on imaginoit encore moins que les rudimens des hémisphères du
cerveau , ébauchés déjà dans la moëlle allongée, reçoivent de nouveaux
renforts, dans le pont, dans les couehes optiques, et dans les corps
striés, s’épanouissent enfin en couches nerveuses, et forment les circonvolutions
; que la substance grise qui recouvre ces circonvolution», leur
envoie de nouvelles fibrilles nerveuses , ce qui fait que le volume des hémisphères
est beaucoup plus considérable qu’il ne pourroit l’être,
s ils n’étoient qu’un appendice des cuisses cérébrales, des couches
optiques, des corps striés, etc. C’est cette même masse que l’on
eoupoit transversalement en disséquant le cerveau; que l’on ne jugeoit
digne d’aucune attention, et que l’on regardoit tout au plus comme
un organe sécréteur !
Aucune des parties que je viens de nommer , et que l’on regardoit
exclusivement comme parties intégrantes du cerveau, n’est un organe
complet, de quelque fonction que ce soit. Ce ne sont que des appareils
dans lesquels naissent et sont renforcées les fibrilles nerveuses, qui-,
parleur épanouissement final, forment un organe complet. Ainsi,
la couche de substance grise , placée à la surface inférieure-antérieure
du cerveau, n’estpoint un organe; mais elle donne naissance à plusieurs
fibres du nerf olfactif. Le bulbe de substance grise placé au-dessus de
l’os criblé, est tout aussi peu un organe ; mais il donne naissance à un
nouveau renfort de fibrilles pour le nerf olfactif, j usqu’à ce qu’enfin ce