
doit comme imbécile, et qui avoit, sans motif, tué un enfant. On lui fit
en vain toutes sortes de questions et de menaces pour savoir ce qui l’avoit
porté à cette action. Il se bornoit à répondre, et répétoit sans cesse qu’il
n’avoit vu que du noir. «Quiconque, disoit-il d’une voix lamentable, ne
s y est pas trouvé, ne peut m’en croire; Dieu me pardonnera». Le front
de cet individu est très-étroit et déprimé, c’est-à-dire bas et aplati; le
sommet de sa tête, comme dans la plupart des imbéciles épileptiques,
est très-élevé, et l’occiput est plat et comprimé. Il y avoit dans la prison
de Fribourg en Brisgau, un jeune homme de quinze ans, à demi imbécile
, qui avoit successivement mis le feu à neuf maisons. Il aidoit à éteindre
le feu, et une fois il sauva un enfant qui étoit sur le point de périr dans
les flammes. Quand l’incendie étoit fini, il n’y songeoit plus, ce qui prouve
qu’il n’agissoit que d’après un instinct animal.
Ce qui arrive à des individus relativement au v o l, au meurtre et à
l’incendie, a également lieu dans d’autres individus pour tout autre organe
doué d’un degré extraordinaire d’activité. La qualité dépendante de cet
organe agit dans eux machinalement à chaque impulsion, sans aucune
réflexion et avec une bien foible conscience. Nous avons vu plus haut que
le sauvage imbécile de l’Aveyron a le singulier penchant de tout mettre
exactement à sa place. Depuis que nous avons vu ce sauvage, nous avons
connu un jeune homme que ses parens ont bien de la peine à regarder
comme imbécile, parce qu’outre quelques facultés intellectuelles qu’il
manifeste, il a un esprit d’ordre remarquable. Il est pourtant imbécile
sous beaucoup d’autres rapports. Pinel ■ parle d’une femme imbécile
qui a le penchant décidé et irrésistible d’imiter tout ce qu’elle voit faire
en sa présence ; elle répète automatiquement tout ce qu’elle entend, et
elle imite les gestes et les actions des autres avec la plus grande fidélité et
sans s’embarrasser des convenances. « On remarque, dit Fodéré “, que,
par une singularité inexplicable, plusieurs de ces individus, doués 'd’une
si foible intelligence , naissent avec un talent particulier pour copier un
■ Sur l’aliénation mentale, 2e. édit. Paris, 1809, p. 99.
* Traité du goitre et du crétinisme. Paris, 1800, p. i 33.
dessin, pour trouver des rimes, ou pour la musique. J’en ai connu qui
ont appris d’eux-mémes à toucher passablement de l’orgue et du clavecin •
d autres qui s’entendent, sans avoir eu des maîtres, à raccommoder des
horloges et a faire quelques pièces de mécanique. Cela tient vraisemblablement
a 1 organisation plus parfaite de l’organe sous la dépendance
duquel se trouve tel ou tel art, et non à l’entendement; car ces individus
non-seulement ne savoient pas lire dans les livres qui tutoient des prin-
cipes de leur art mais encore ils étoient déroutés lorsqu’on leur en par-
m m f § l ectlcmn°ient jamais ». Nous connoissons une jeune fille
imbécile a un haut degré, qui chante des chansons avec beaucoup de
justesse, et Suit toujours le ton et la mesure.
De tels exemples prouvent que les talens peuvent exister séparément ;
qu un penchant ou un talent particulier résulte de l’activité particulière
dun organe, et que l’activité d’un organe peut fort bien avoir lieu tandis
que, par rapport aux autres organes, il y a une véritable imbécilité.
Au reste, cet état ayant plusieurs degrés, on ne peut affirmer que
pour des êtres aussi mal organisés, tous les moyens de correction soient
toujours egalement infructueux. Lavater regarde ces individus comme
incorrigibles et c’est dans le front qu’il place le signe indicatif de leur
ambecihte. « Les fronts courts, dit-il >, ridés, noueux, irréguliers, enfonces
dun cote, echancrés ou qui se plissent toujours différemment ne
seront jamais une recommandation chez moi, et ne captiveront jamais
mon amitié. Tant que votre frère, votre ami ou votre ennemi, tant que
homme, et cet homme fut-il un malfaiteur, vous présente un front bien
proportionné et ouvert, ne désespérez pas de lui, il est encore susceptible
d amendement ». On voit que Lavater avoit entrevu les phénomènes que
nous avons décrits, et dont nous avons cité plusieurs exemples. Notre
doctrine seule en donne une véritable solution. Il seroit impossible d’expliquer
1 imbécilité relative et incomplète, si l’on ne reconnoit pas que les
diverses propriétés de lame et de l’esprit ont chacune des organes diffé-
renS, 61 «ue la manifestation de ces propriétés dépend de l’organisation.
* Physiognomonie, T. III, art fronts