
en même temps. Il n’est donc pas vrai, quoi qu’en dise M. Ackermann ,
que la condition matérielle doive cesser, quand la manifestation de la
faculté discontinue. On en jugera encore mieux en voyant combien les
exemples qu’il va lui-même citer sont peu concluans.
Objection.
« §. Le système nerveux, dit - i l, offre de fréquens exemples de
paralysies, suivies de l’anéantissement de l’organe. Si le bulbe de 1 oeil
est détruit, il en résulte l’atrophie du nerf visuel, et celle des couches
optiques dans lesquelles ce nerf se ramifie. La même chose arrive lorsque
le bulbe de l’oeil n’est pas détruit, mais qu’un leucome empêche la
lumière de pénétrer dans l’oeil. J’ai vu, dans la collection de M. Soem-
merring, plusieurs cerveaux de chevaux où le nerf, qui partoit dun oeil
aveugle, mais nullement lésé, étoit atrophié. Cette atrophie, cette diminution
de la substance, étoient visibles jusque dans le thalamus du coté
opposé. Ces phénomènes prouvent évidemment que, lorsque les fonctions
cessent, l’organe par lequel la manifestation des facultés a lieu, s atrophie
aussi ».
Réponse.
C’est ainsi que M. Ackermann s’obstine à vouloir prouver la chose du
monde la plus absurde, savoir, que l’existence d’un organe est inséparable
de la manifestation de la faculté attachée à cet organe. Nous avons vu,
comme lui, dans la superbe collection de M. Soemmerring, des cerveaux
de différens animaux où le nerf optique de l’oeil aveugle étoit atrophié.
Nous avons observé le même phénomène sur des hommes et des animaux.
Mais comme la collection de M. Soemmerring n’offre que des choses qui
ont réellement lieu dans la nature, on n’y trouve pas un seul exemple
d’un organe disparu ou anéanti. Lorsque l’atrophie d’un nerf ést la suite de
son inaction et non d’une maladie, il s’en faut bien que ses progrès soient
rapides. Souvent, dans la cataracte, le nerf optique reste inactif pendant un
grand nombre d’années; et, en dépit de M. le professeur Ackermann, les
malades y voient, dès que le crystallin obscurci a été enlevé ou abattu ;
la condition matérielle ou l’organe existe donc encore, quoique la manifestation
de la faculté ait cessé depuis long-temps.
Objection.
« §. 75. Si donc M. le docteur Gall prétend que les organes pourroient
exister, quand même il n’en résulteroit pas la manifestation des facultés,
il peut, en s’exprimant ainsi, éblouir les gens qui ne sont pas du métier,
et peut-être aussi les médecins qui ne connoissent pas les vrais principes
de la physique de l’organisme, mais nullement ceux qui ayant observé
la nature, ont appris à expliquer convenablement ses phénomènes. En
effet, dans le corps organique l’organe est un des facteurs, et la manifestation
de la force est le produit. Or comme le produit n’a lieu que
par le moyen des facteurs, ceux-ci n’existent aussi que par le produit ».
Réponse.
Toujours la répétition des mêmes erreurs et des mêmes argumens.
Comment peut - on soutenir que les organes n’aient d’existence que par
la manifestation de leur faculté, et que le défaut d’activité les détruise ?
M. Ackermann a publié un traité sur lés crétins ; si ses objections ont
quelque réalité, qu’il se hâte de nous donner un supplément d’observations
pour nous montrer que la totalité du cerveau s’est évaporée dans
ces individus qui souvent, pendant trente à soixante ans, n’ont exercé
aucune des fonctions que M. Ackermann accorde au cerveau, qui durant
celongespace de temps n’ont ni comparé, ni abstrait, ni différencié ! Qu’il
nous démontre, par les principes de la vie qu’il prétend savoir expliquer,
que, faute d’exercice, les boeufs perdent leurs cornes, et les coqs leurs
éperons! Nous autres, nous savons que les organes naissent, existent,
se développent et se perfectionnent avant qu’aucun exercice ait lieu, et