
danl, dans tnés moméns de fureur , je n’aSpire qu’à me jeter sur lui
comme sur les autres, et à lui plonger un stilet dans le sein. C est ce
malheureux et irrésistible penchant qui me réduit au désespoir, et qui
m’a fait attenter à ma propre vie ’. » Un autre aliène éprouvoit des accès
de fureur qui avoieut coutume de se renouveler périodiquement pendant
six mois de l’aonée. Le malade sentoit lui-même le déclin des symptômes
vers la fin des accès, et l’époque précise où on pouvoit, sans danger, lui
rendre la liberté dans l’intérieur de l’hospice. Il demandoit lui-méme
qu’on ajournât sa délivrance, s’il sentoit ne pouvoir dominer encore
l’aveugle impulsion qui le portoit à des actes de la plus grande violence.
Il avoua, dans ses intervalles de calme , que, durant ses accès, il lui étoit
impossible de réprimer sa fureur; qu’alors, si quelquun se présentoit
devant lui, il éprouvoit, en croyant voir couler le sang dans les veines
de cet homme, le désir irrésistible de le sucer, et de déchirer ses membres
à belles dents pour rendre la succion plus facile ». On voit que ces
exemples se rapportent tout à-la-fois à ce que nous avons dit de la folie
raisonnante, de l’excitation et de la manifestation des penchans malfaisans
, et de l’aliénation partielle.
Dans l’aliénation raisonnante, les malades connoissent leur état , et
jugent avec exactitude le désordre qui règne dans leurs sensations, dans
leurs pencbans et dans leurs idées ; ils éprouvent même des remords
immédiatement après l’action malfaisante. Une jeune aliénée, dit M Pinel *,
éprouve le matin, comme par accès, un délire maniaque, qui la porte a
déchirer tout ce qui tombe sous sa main, et à exercer des actes de violence
contre tous ceux qui l’approchent, au point qu’on est obligé de la
contenir par le gilet de force. Ce moyen de répression calme aussitôt sa
fureur ; mais elle conserve un souvenir si amer de ses emportemens passés,
qu’elle en témoigne le plus grand repentir, et qu’elle croit avoir mérité la
punition la plus sévère ». 1
1 L. c. p. 102.
* L. c. p. 285.
5 h. c. p. 88.
Dans une espèce de folie périodique où les aliénés sont irrésistiblement
entraînés au meurtre, M. Pinel fait remarquer, comme signes diagnostiques,
que ces malades ont la conscience de l’atrocité de leurs actions,
qu’ils répondent juste aux questions qui leur sont faites, et ne montrent
aucun dérangement dans leurs idées, ni dans leur imagination. Ainsi,
une manière conséquente d’agir, des réponses justes et des entretiens
suivis , soit dans les périodes lucides, soit dans l’instant d’une action illégale,
ne suffisent pas pour prouver l’absence de toute aliénation.
Les cas les plus embarrassans sont ceux où l’aliénation se manifeste
sans les symptômes qui l’accompagnent ordinairement, tels que les convulsions,
la chaleur, la soif, la rougeur, la fureur; car alors les facultés
de l’esprit et de l’amene paroissent nullement dérangées. Un jeune homme
ayant reçu une blessure considérable dans le voisinage de l’os temporal,
fut trépané par Acrell. Quand la blessure fut guérie, il ne put s’abstenir
de voler, quoiqu’auparavant il n’eût jamais eu ce penchant. Acrell reconnut
qu’il ne falloit l’attribuer qu’à la lésion de la tête de cet infortuné , et le
fit sortir de prison. Ce phénomène n’est pas très-rare dans la grossesse.
Nous connoissons quatre exemples de femmes qui, dans leur état ordinaire,
n’avoient pas la moindre inclination au vol, et qui, dans leur
grossesse, y étoient provoquées par un penchant violent. On sait que
les femmes sujettes aux pâles couleurs, et les femmes grosses, éprouvent
des envies singulières. O r , quand elles ont un appétit désordonné pour
manger du charbon, de la craie et même des ordures, quand une femme
vertueuse ne peut, pendant sa grossesse, supporter la vue d’un époux
chéri, ou ressent les accès d’une manie lubrique, pourquoi trouver invraisemblable
que des penchans irrésistibles à des actions illégales puissent
également être éveillés dans ces momens ? Prochaska raconte ‘ ,
d’après Schenk, qu’une femme enceinte/apercevant le bras nu d’un
boulanger, fut saisie du désir irrésistible d’en arracher un morceau avec
les dents. Elle força son mari à engager le boulanger, moyennant une
Opéra minora, T. I I , p. 98.